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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : piano à 4 mains en famille

MozartSchubert Zala Val Kravos

Nouveaux venus dans la lignée des fratries du piano, comme les sœurs Labèque ou les frères Jussen, Zala et Val Kravos, sœur et frère, offrent leur premier CD à quatre mains. Dans ce répertoire plutôt peu fréquenté, ils associent Mozart, Schubert, Bizet et une compositrice actuelle qui a écrit à leur intention. 

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 La Sonate pour piano à quatre mains K381 en Ré majeur a été écrite en 1772 pour être jouée par Mozart et sa sœur Nannerl. Deux vifs Allegros encadrent un Andante plus développé d'une belle sérénité. Si elle n'atteint pas le niveau des premières symphonies contemporaines, du moins se signale-t-elle par son médodisme aisé et ses appogiatures fluides. Ce que Zala et Val Kravos traduisent dans une exécution immaculée et pleine d'élan. La Fantaisie D940 de Schubert montre un autre degré d'introspection. C'est que cette œuvre, tardive dans sa production (1828) et publiée posthume, atteint une profonde expressivité. D'un seul tenant, mais composée en fait de quatre parties enchaînées, l’œuvre est plus proche du genre de l'Impromptu, souvent privilégié par le musicien, que de celui de la sonate. La première et la dernière séquence sont bâties sur une thématique typique chez Schubert, celle du Wanderer, discours évoluant en rythme pointé, en même temps doucement poétique, et qu'entrecoupent des silences. Le Largo possède des contours nostalgiques dans sa forme presque d'improvisation, alors que le Scherzo contraste par un ton bondissant et des modulations audacieuses, dont se distingue le Trio marqué con delicatezza, éloigné de la tonalité du reste du mouvement. À la fin de l’œuvre, le retour du premier thème donne lieu à un étonnant développement fugué. L'interprétation de Zala et Val Kravos est d'une rare maturité eu égard à leur jeune âge (18 et 16 ans lors de l'enregistrement), alliant pudeur, force dynamique et surtout indéniable sens de la construction.

Georges Bizet écrit en 1871 ses Jeux d'enfants pour piano à quatre mains op.22, non comme des pièces pour les enfants mais bien telle une réflexion sur l'enfance. Car ces douze vignettes contrastées, nanties d'un double titre, sont de caractère programmatique. Là encore nos duettistes font mouche par leur esprit, la clarté du jeu et un raffinement bien français, non apprêté. Que ce soit dans les moments de poésie, comme ''L'Escarpolette-rêverie'', pièce évanescente de son doux et onirique balancement, ou ''La Poupée-berceuse'', toute de fragilité et de joliesse. ''Colin maillard-nocturne'' singe un jeu de cache-cache subtil sous ces doigts enchantés. Les pièces requérant vivacité et poigne ne sont pas moins séduisantes par leur aisance, non exacerbée. Ainsi de ''La toupie - impromptu'' qui se relance allègrement, de ''Les chevaux de bois - scherzo'', lesquels tournoient sur eux-mêmes comme au manège, ou de ''Trompettes et tambour - marche'', qui rappelle non sans humour quelque chœur d'enfants au Ier acte de Carmen, tandis que ''Les quatre coins - esquisse'', de son caractère répétitif, se trouble soudain d'une pointe de romantisme. ''Le Bal - galop'' est irrésistible dans sa métrique endiablée comme s'il y avait cent danseurs. On apprécie encore les morceaux de caractère comme ''Le volant - fantaisie'' dont émane quelque chose d'immatériel dans les glissandos de notes s'enroulant ad libitum ; ou ''Les bulles de savon - rondino'', là où l'on frôle l'impalpable. ''Petit mari, petite femme - duo'' en est un charmant, où les enfants mettent en scène leur discorde comme le font les grandes personnes. Zala et Val nous convient à une fête des sons de leur toucher aiguisé par un sens aigu des couleurs. On applaudit à leur humilité lorsqu'ils écrivent « nous espérons que l'enjeu n'était pas trop grand, que nous avons gardé quelques-uns de ces traits d'enfant en nous et que cela se reflète dans nos interprétations de ces miniatures pétillantes de gaieté mais aussi rêveuses, voire méditatives ». Certainement ! 

Ils concluent leur parcours avec une pièce écrite en 2020 à leur intention par la compositrice lilloise Françoise Choveaux (*1953), intitulée Poème pour piano à quatre mains op.269. Spécialiste, entre autres, de la musique de piano, qu'elle pratique par ailleurs en soliste, la musicienne exploite dans cette brève pièce tous les registres du clavier avec grands aplats et volées de traits détachés, comme les immenses ressources des dédicataires.

La prise de son au Kulturzentrum de Wuppertal offre relief et un parfait équilibre entre les voix des 4 mains.

Texte de Jean-Pierre Robert     

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Plus d’infos

  • ''Piano duets''
  • Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano à quatre mains K381
  • Franz Schubert : Fantaisie pour piano à quatre mains D940 op.posth.
  • Georges Bizet : Jeux d'enfants op.22
  • Françoise Choveaux : Poème op.269
  • Zala & Val Kravos, piano à quatre mains
  • 1 CD ARS Produktion : 38 756 (Distribution : UVM ; www.ars-poduktion.de)
  • Durée du CD : 69 min 11 s
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

CD disponible sur Amazon



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