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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : volume 14 de l'intégrale symphonique Haydn 2032___

Ce nouveau volume de l'intégrale des symphonies de Joseph Haydn signée Giovanni Antonini se concentre sur la 53ème, dite ''L'Impériale''. Le fil directeur est à trouver dans l'aspect festif de cette œuvre comme des deux autres réunies dans cette proposition.

La Symphonie N°53 en Ré majeur a d'emblée figuré parmi les plus populaires de Haydn. Il en circulera vite plusieurs versions avec un final différent. Son sous-titre ''L'Impériale'' date du XIXème siècle. Sans doute a-t-il à voir avec les fêtes données chaque année au château d'Esterháza. Elle y a été créée en 1778, alors que Haydn était en charge de la programmation des divertissements princiers, opéras et pièces instrumentales. Entamé par un majestueux Largo maestoso, le premier mouvement évolue vite vers un Vivace empli de trouvailles, dont un cor solo associé aux violoncelles et contrebasses. L'Andante, en forme de chanson populaire d'origine française, offre un thème travaillé en doubles variations alternant tonalités majeure et mineure. Sa popularité devient rapidement telle qu'il sera bientôt souvent arrangé en diverses formes, notamment de musique de chambre. Suit un Menuet original gracieux entrecoupé par un trio pour flûte solo et cordes. Le Capriccio final, Moderato se veut théâtral dans ses changements de tempos fréquents, truffé d'inventions, voire de facéties, comme des sortes d' ''erreurs volontaires'' de composition en pimentant le cours. Il existe plusieurs versions alternatives de ce finale, dont une est avec certitude de la main de Haydn. Est ainsi donnée ici la Sinfonia en Ré majeur Hob. IA:7 : un Presto propulsif qui connaît un développement imaginatif avec effets de distanciation dans l'espace. Et empli d'effets de surprise comme le caractère obsessionnel du retour du thème ou l'entrée d'instruments à un moment légèrement décalé, comme erroné, flûtes, timbales, etc.

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La Symphonie N°54 en Sol majeur date de 1774. Elle est tout aussi festive, ne serait-ce que par l'ajout de parties de trompettes et de timbales. Ici aussi, l’œuvre débute par une introduction lente, Adagio maestoso, que suit un Presto nerveux opposant souvent cordes et vents, ces derniers dans le registre grave. La théâtralité du discours souvent ostinato fait penser aux facéties d'un bouffon d'opéra imaginaire se complaisant en une mascarade aux multiples rebonds. L'Adagio assai est le mouvement le plus lent jamais conçu par Haydn. Son étrange beauté procède de l'usage constant du registre pianissimo, deux hautbois et deux cors s'opposant aux cordes très assagies, dans un nuancier infinitésimal de douceur, parfois traversé d'accents plus appuyés. Notamment au développement, particulièrement ténu en volume sous la baguette d'Antonini, comme si la musique s'éteignait. Suit une étonnante cadence des violons I & II. Après ce quasi-état de somnolence, le Menuet apporte l'entrain d'une danse populaire, le trio comportant un curieux solo de basson doublant les violons I. De forme sonate, le Presto final est brillant et entraînant. Ces mêmes caractéristiques se retrouvent dans la Symphonie N°33 en Do majeur Hob. I:33 (1761). À l'aune de son Vivace enlevé, martial avec trompettes et timbales, qui rebondit à chaque reprise du thème. Après un Andante, pour les seules cordes, quelque peu mystérieux, logé dans le registre piano, le Menuet retrouve le bondissement du début, avec un trio là encore confié aux cordes. Le finale Allegro se distingue par une solide articulation et d'impressionnants sauts d'intervalles.

Tout cela, la direction précise et combien concentrée de Giovanni Antonini le magnifie. Comme toujours, les écarts de dynamique sont creusés : passages forte incisifs, extrême raffinement du jeu pianissimo qu'il obtient de son Kammerorchester Basel. Une formation par ailleurs d'une brillance jamais tape-à-l’œil, mais toute contrôlée. Ce qu'une prise de son synthétique restitue avec bonheur.
Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • ''L'Impériale''
  • Franz Joseph Haydn : Symphonies N°53 en Ré majeur, Hob. I:53 ''L'Impériale'', N°54 en Sol majeur Hob. I:54, N° 33 en Do majeur, Hob. I:33. Sinfonia en Ré majeur Hob. IA:7 (finale Presto alternatif de la symphonie N°53)
  • Kammerorchester Basel, dir. Giovanni Antonini
  • 1 CD Alpha : Alpha 694 (Distribution : Outhere Music)
  • Durée du CD : 77 min 07 s 
  • Note technique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge (5/5) 

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