Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : invocations mariales

Le nouvel album d'Andreas Scholl illustre un répertoire de l'époque baroque aussi spécifique que prolixe : celui centré sur le personnage de Marie, figure essentielle de l'histoire du christianisme primitif. Au fil d'hymnes, comme le Stabat Mater ou le Salve Regina, et d'oratorios moins connus, voire de pièces instrumentales.

Le Stabat Mater est sans doute l'invocation mariale la plus abondamment mise en musique au fil des siècles, depuis la Renaissance jusqu'à l'époque moderne. Le texte du XIIIème siècle en est attribué au moine Jacopone da Todi. Andreas Scholl a choisi celui de Vivaldi, l'une de ses premières compositions de musique sacrée, écrite en 1712 pour la congrégation des Oratoriens de Brescia. Pour sa troisième interprétation au disque, Scholl en livre une exécution recueillie, méditation bouleversante et apaisée, comme dans le verset « cuius animam gementem » où le temps semble s'arrêter, ou le « Eia Mater », lorsqu'après une courte mais sensible introduction instrumentale, la voix semble émerger du néant, le chant progressant ensuite dans une atmosphère raréfiée. Partout voix et orchestre s'enlacent délicatement. Outre la maîtrise suprême de la ligne de chant, Scholl bénéficie des tempos habités adoptés par Alessandro Tampieri dans le registre lent et ppp, et d'une ampleur mesurée dans le plus allant. Tel l'Amen final radieux qui, après cette belle déploration, ouvre les portes du ciel.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Le Salve Regina est l'antienne mariale la plus connue après l'Ave Maria. Tout comme le Stabat Mater, elle a souvent été reprise par les musiciens, en particulier à l'époque baroque. Elle est illustrée ici par une œuvre plus tardive, de Pasquale Anfossi (1727-1797). Composée en 1779, elle est typique de la musique napolitaine de la seconde moitié du XVIIIème siècle, qui voit la naissance du style galant et du classicisme. Une musique qui, selon Scholl « possède une veine mélodique unique et une capacité à communiquer profondément des émotions ». Ce qui se ressent dès le premier verset. Ses six séquences font se succéder animation et douceur, dans un esprit certainement moins grave que d'autres hymnes à la Vierge Marie.

D’autres compositeurs de l'époque baroque ont écrit sur le même sujet des invocations mariales. Ainsi de Leonardo Vinci dont l'Oratorio à 4 voix se signale par l'association de la voix d'alto à un instrument soliste, le violoncelle, voire à deux, les flûtes recorder, dans un dialogue original. Mais aussi de Nicola Porpora dans son oratorio Il trionfo della divina giustizia ne' tormente e morte de Gesù Cristo de 1716. Le rôle de Marie y est central. Comme illustré ici par deux arias, l'une de lamentation, l'autre plus déclamatoire. Des pièces instrumentales complètent ce panorama : la sinfonia de l'oratorio Maria dolorosa de Vinci et le Concerto pour violon en Si bémol majeur de Pergolèse, son unique œuvre concertante. Sur le schéma tripartite vif-lent-vif, cette composition offre de belles proportions et une sûre inspiration, comme au Largo médian très chantant et légèrement mélancolique.

On ne démontre plus l'art du contre-ténor allemand qui depuis plusieurs décennies enlumine le répertoire baroque, au concert, à la scène comme au disque. Les présentes interprétations sont frappées au coin d'une suprême intelligence, livrant des visions apaisées, nullement doloristes, au fil d'une ligne de chant toujours habitée par l'extrême soin apporté au texte et frappée du plus grand naturel dans l'émission. Le soutien du violoniste Alessandro Tampieri dirigeant l'Accademia Bizantina, formation avec laquelle Scholl dit avoir noué des liens étroits, est rien moins que glorieux quant à la finesse instrumentale et aux accents vrais tirés de ses musiciens. La réussite musicale est magnifiée par un enregistrement d'un beau relief et idéalement aéré.
Texte de Jean-Pierre Robert 

Plus d’infos

  • ''Invocazioni Mariane''
  • Pasquale Anfossi : Salve Regina
  • Antonio Vivaldi : Stabat Mater
  • Nicola Porpora : arias ext. de Il trionfo della divina guistizia ne' tormente e morte di Gesù Cristo
  • Leonardo Vinci : arias ext. de l'Oratorio a 4 voci. Sinfonia de l'oratorio Maria dolorosa
  • Giovanni Battista Pergolesi : Concerto pour violon en Si bémol majeur
  • Andreas Scholl, contre-ténor
  • Accademia Bizantina, violon & et dir : Alessandro Tampieri
  • 1 CD Naïve : V 5474 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 75 min 45 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5)

CD disponible sur Amazon

- ACHETER LE CD

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Leonardo Vinci, Antonio Vivaldi, Pasquale Anfossi, Nicola Porpora, Giovanni Battista Pergolesi, Andreas Scholl, Accademia Bizantina, Alessandro Tampieri

PUBLICITÉ