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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : prestiges de la mélodie tchèque

C'est à un captivant voyage au sein de facettes méconnues du répertoire de la mélodie slave avec orchestre que nous convie Magdalena Kožená. Des trésors à découvrir, puisés chez des musiciens comme Dvořák, Martinů et Krása. Et un réel enchantement à travers le sensible accompagnement de l'Orchestre Philharmonique Tchèque dirigé par Sir Simon Rattle.

Anton Dvořák s'est très tôt penché sur le genre de la mélodie. En 1876, il voit publier 12 Chants du soir op.31, dont la plupart proviennent de pièces écrites auparavant. Ils sont puisés chez le poète patriote tchèque Vitězslav Hálek et traitent de la quête de la vérité à travers l'harmonie de la nature. Tout un monde imaginaire se dévoile, comme le lyrisme de ''Quand je regardais vers le ciel'', les accents fiers de sang populaire de ''Je suis le chevalier enchanté''. Le chant ''Dieu était dans la joie quand il créa l'homme'', n'est peut-être pas si joyeux, car « L'amour est donc aussi douleur ». Les orchestrations du compositeur Jiři Gemrot apportent à ces pièces un supplément d'âme. Les 6 Chants op.2 de 1882, d'après le poète Gustav Pfleger Moravskŷ, dispensent quelque mélancolie, comme dans les deux pièces données ici.

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Tout au long de sa prolifique carrière, menée souvent hors de sa Bohème natale, à Paris ou aux USA, Bohuslav Martinů a écrit quelque 150 mélodies. Les Nipponari, de 1912, illustrent un aspect du ''japonisme'' en vogue au début du XXème siècle. Sur des textes d’Emanuel Lešehrad, traitant de l'éphémère de la beauté comme du passage du temps ou de la succession des saisons, le musicien se place dans l'orbite de Debussy. Dont il venait de découvrir le Pelléas et Mélisande. L'originalité de l'instrumentation chambriste, qui emploie par exemple flûtes, célesta, harpe, triangle et tam-tam (''Près du lac sacré''), les harmonies envoûtantes, le subtil travail sur les couleurs traduisent une volonté de légèreté du trait. Plus tard, en 1943, Martinů compose ses Petites Chansons sur une Page pour voix et piano, ici orchestrées par Jiři Teml. Ces sept brèves pièces sont basées sur des chants populaires moraves. La créativité du compositeur tchèque s'y déploie dans des pages alliant lyrisme, puissante évocation (''Le rêve de la Vierge Marie'') et ironie (''Le chemin'').

Trop méconnu, Hans Krása (1899-1944), formé auprès de Zemlinsky et de Roussel, connaît ses premiers succès en 1920 avec ses 4 Lieder avec orchestre op.1. Les textes sont du poète expressionniste allemand Christian Morgenstern. Leur grotesque troublant le dispute au caractère grinçant de l'accompagnement orchestral. Enfin le jeune Gideon Klein, né en 1919 et mort en 1945 au camp de Fürstengrube, livre en 1943 une bouleversante Berceuse, écrite à celui de Terezin où il avait été déporté dès 1941. Il y devient vite un personnage important de la vie musicale, aux côtés de figures comme Hans Krása ou le chef Karel Ančerl. Dans cet arrangement d'un chant hébraïque perce l'espérance plutôt que la tristesse. 

Magdalena Kožená possède bien sûr la sensibilité pour pénétrer l'essence de ces œuvres tant porteuses d'émotion. Les multiples inflexions de la langue tchèque, l'art de façonner le récit dans une grande simplicité comme de varier les registres, lumineux ou plus sombre, et l'intonation, calme ou très animée, illuminent des interprétations frôlant l'idéal. L'Orchestre Philharmonique Tchèque est le somptueux partenaire, défenseur de la plus authentique tradition slave, sous la conduite, elle aussi sensible et avisée, de Simon Rattle, désormais son chef principal invité. Le tout est capté, live semble-t-il, dans l'acoustique spacieuse de la Salle Dvořák du Rudolfinum de Prague, prodiguant un équilibre quasi idéal entre voix et orchestre.
Texte de Jean-Pierre Robert

Plus d’infos

  • ''Czech Songs''
  • Bohuslav Martinů : Nipponari ; H.68 (Chants populaires japonais). Chants sur Une Page, H 294 (orchestr. Jiři Teml)
  • Anton Dvořák : Chants du soir op.3 (ext.). Chants op.2 (ext. / orchestr. Jiři Gemrot)
  • Hans Krása : Quatre Lieder avec orchestre op.1
  • Gideon Klein : Berceuse
  • Magdalena Kožená, mezzo-soprano
  • Orchestre Philharmonique Tchèque, dir. Sir Simon Rattle
  • 1 CD Pentatone : PTC 5187 077 (Distribution : Outhere Music France)
  • Durée du CD : 61 min 20 s
  • Note technique : etoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orangeetoile orange (5/5)

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