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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : Gautier Capuçon joue Elgar et Walton

Lumineuse idée de rapprocher les concertos pour violoncelle d'Elgar et de Walton, deux musiciens anglais d'envergure, deux œuvres d'atmosphère et une même qualité d'écriture pour l'instrument soliste. Gautier Capuçon en livre des exécutions parfaitement abouties, accompagné par le LSO, dirigé par son nouveau Chief Conductor Antonio Pappano.

Le rapprochement du Concerto pour violoncelle d'Edward Elgar (1919) de celui de William Walton (1957) « reflète l'histoire de la musique anglaise », souligne le chef, lui-même très investi dans ce répertoire. C'est au lendemain de la Première guerre mondiale qu'Elgar, sortant d'un long silence, commet son Cello Concerto en Mi mineur op.85. Il sera créé à Londres par le London Symphony Orchestra sous la direction du compositeur. Il doit sa récente célébrité au disque légendaire de Jacqueline du Pré et de Sir John Barbirolli, dirigeant le même orchestre (EMI, 1965). Aujourd'hui Gautier Capuçon, toujours accompagné de la prestigieuse phalange londonienne, relève le gant, avec panache. D'une œuvre où, selon lui, « le lien entre soliste et orchestre est phénoménal ». Ses quatre mouvements, essentiellement sur le versant lent, lui confèrent « un caractère principalement contemplatif », remarque Pappano. À l'aune de son début qui voit soliste et orchestre entrer dans un envoûtant accord ppp, conduisant à un intense cantabile presque hypnotique dans sa montée en puissance. La section Moderato offre un climat pastoral dans la mélodie associant étroitement cello et orchestre, le premier évoluant souvent dans le registre aigu, le second flattant les pupitres de bois. Le Lento suivant offre le même séquencement lent-vif, ce dernier virevoltant sous l'archet du celliste français, à la façon d'un scherzo dans le goût de Mendelssohn. L'Adagio poursuit dans cette veine contemplative, laissant au soliste un espace d'une souveraine expressivité ; ce que Capuçon magnifie par un jeu habité dans le traitement mélodique et un usage magique de l'extrême pianissimo. Tout en contraste, le finale se signale par de fréquents changements de tempos, libérant des épisodes tumultueux où brille le celliste français. Puis tout s'enfonce peu à peu dans un tempo adagio où réapparaît l'accord initial du concerto.

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Le Cello concerto de William Walton a été créé par son dédicataire Gregor Piatigorsky en 1957 à Boston, sous la direction de Charles Munch. Comparé à celui d'Elgar, il offre une palette harmonique plus riche et colorée, eu égard à son instrumentation originale et une écriture truffée de traits modernistes, dont certains peuvent faire penser à Prokofiev. Selon Pappano, « la musique scintille et porte en elle le mystère de la nuit ». La partie soliste offre un vrai défi à l'interprète comme au Moderato initial, traversé de traits périlleux dans un contexte pourtant pastoral, très anglais. L'Allegro appassionato central est virtuose dans le scintillant dialogue soliste-orchestre, traversé là encore de bribes de lyrisme, très exigeant pour l'interprète qui doit surfer sur les divers registres du violoncelle et passer d'un tempo extrêmement rapide à un passage plus retenu. Le dernier mouvement, Tema ed improvvisazioni, est quelque peu hors norme : le thème mystérieux lancé par le soliste et soutenu par un orchestre pourvu d'instruments insolites tels que vibraphone et célesta, est traité plus en séquences distinctes les unes des autres qu'en strictes variations. Il est surtout traversé par deux cadences, l'une agitée, orageuse, l'autre plus intériorisée, d'un beau lyrisme nocturne. Puis l’œuvre s'achève sur une fin apaisée. Gautier Capuçon donne de cette pièce une interprétation d'une souveraine maîtrise, alliant profondeur et élégance, confirmant sa place éminente, aux côtés de celle d'Elgar, dans le répertoire concertant pour violoncelle.

Les enregistrements à St Luke's, studio du LSO à Londres, offrent un idéal équilibre soliste-orchestre et un extrême relief.
Texte de Jean-Pierre Robert  

Plus d’infos

  • Edward Elgar : Cello Concerto en Mi mineur op.85
  • William Walton : Cello Concerto
  • Gautier Capuçon, violoncelle
  • London Symphony Orchestra, dir. Antonio Pappano
  • 1 CD Erato : 5021732264831 (Distribution : Warner Music)
  • Durée du CD : 58 min 09 s
  • Note technique : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue (5/5) 

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