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  • Jean-Pierre Robert
  • Musique

CD : fantaisies et rondos pour piano de Mozart

Belle idée de regrouper les fantaisies et rondos de Mozart. Cette facette peu connue du corpus pour piano seul, Ismaël Margain la révèle avec un art consommé, y voyant « un kaléidoscope fascinant des humeurs mozartiennes ». Un magistral récital !

Pour son premier disque Mozart, qu'il dit avoir maturé plusieurs années, le jeune pianiste Ismaël Margain (*1992) s'est lancé le défi, non de se consacrer aux sonates, mais de se pencher sur des pièces courtes. Une sorte d'éloge de la petite forme que Mozart a pratiquée à de nombreuses reprises, recourant principalement aux modes de la fantaisie ou du rondo. La première se signale par un foisonnement d'ambiances changeantes et d'atmosphères, lui conférant un ton théâtral. Ainsi de la Fantaisie pour le pianoforte en Ut mineur K.396 (1782), initialement conçue pour violon et piano, en même temps que des sonates pour ces deux instruments, qui prend l'aspect d'une improvisation dans sa conception en hommage à JS Bach, mais se signale aussi par ses hardiesses d'écriture. La Fantaisie en Ré mineur K.397, inachevée, conserve le même goût pour l'improvisation, quoique, cette fois, dans le ton pathétique, presque violent dans l'expression d'un élan vite contrarié. Le contraste avec un passage médian conçu comme un récitatif en est d'autant plus étonnant, comme l'est le finale enjoué. Enfin, la Fantaisie en Ut mineur K.475, de 1785, dédié à Theresa von Trattner, contemporaine de la Sonate pour piano en Ut K.457, exprime le tragique, l'agitation presque véhémente dans sa partie médiane que traversent des « éclaircies de tendresse », remarquent les Massin.                                                                     

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Au contraire, le rondo chez Mozart est plus homogène, dévoilant aussi des sentiments plus intimes. Si les Rondos K.485 et K.494, de 1786, d'humeur joyeuse, ont été composés pour des élèves, le Rondo K.511 en La mineur, de l'année suivante, marqué Andante, offre un ton sombre, à l'aune de son thème douloureux et angoissé, à peine tempéré dans la partie centrale en apparence plus optimiste. L'album se referme sur l'Adagio en Si mineur K.540, de 1788. Qui poursuit le même état d'esprit tragique que le Rondo K.511, plus exacerbé encore. On y remarque la modernité de l'écriture avec de fréquents changements de rythmes, des oppositions de climat et l'usage du silence. C'est là une bouleversante prière, en réaction à une période difficile chez le musicien.

Ces pièces, Ismaël Margain les aborde avec une maîtrise rare, ajouté à leur subtil enchaînement composant un narratif qui fait sens et préserve la pertinence des contrastes, au service d'une constante inventivité mélodique. Formé au CNSMD de Paris auprès de Nicholas Angelich et de Roger Muraro, le pianiste français se perfectionne avec Maria João Pires, son modèle. Le jeu raffiné, la souplesse de l'articulation, le sens du phrasé juste rejoignent le dosage des couleurs, la profondeur de vue et l'élégance du toucher. Le parler vrai du piano mozartien. Que magnifie l'enregistrement d'une belle présence à la Fondation Singer-Polignac, où Margain est en résidence.
Texte de Jean-Pierre Robert     

Plus d’infos

  • ''Mozart Fantasy''
  • Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en Ut mineur, K.396. Fantaisie en Ré mineur, K.397 (fragment). Fantaisie en Ut mineur, K.475. Rondo en La mineur, K.511. Rondo en Fa majeur, K.494. Rondo en Ré mineur, K.485. Adagio en Si mineur, K.540
  • Ismaël Margain, piano
  • 1 CD Naïve : V 8443 (Distribution : Believe Group)
  • Durée du CD : 64 min
  • Note technique : etoile verteetoile verteetoile verteetoile verteetoile verte (5/5)

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