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  • Michel Bedin
  • Musique

Les Nouvelles Brèves de comptoir

Avec : Jean-Marie Gourio, Jean-Michel Ribes
Mise en scène : Jean-Michel Ribes

Théâtre du Rond-Point (Paris)
du 9 mars 2010 au 7 mai 2010, 21h
Puis en tournée dans toutes la France

A partir d’un matériau hétéroclite, chaotique, délirant, énorme, patiemment recueilli par Jean-Marie Gourio, Jean-Michel Ribes réussit le tour de force de faire de cet ensemble disparate, désordonné, un tout cohérent, transformant une polyphonie parfois criarde, éclatée, en une symphonie parfaitement ordonnée où le désordre semble soudainement maîtrisé, restitué dans toute sa logique et sa continuité. Cette saga éthylique qui s’ouvre sur un décor signé Jean-Marc Stehlé, qui ici semble marcher dans les pas d’un Alexandre Trauner, nous met en présence d’une série de personnages surgis de nulle part, qui peu à peu vont tisser une trame cacophonique, loufoque, que seules les vapeurs délétères présentes au fond d’un verre à la contenance inépuisable peuvent avoir impulsées ! Petit à petit, dans une sorte de télescopage permanent vont se matérialiser des scènes surprenantes qui feront coexister croque-mort, boucher, infirmière, chirurgien, coiffeur et autres représentants improbables d’une humanité soudainement rassemblée dans ce qu’il faut bien reconnaître comme nouveau et définitif centre de l’Univers : le bistrot et son patron inamovible flanqué de sa moitié, qui, à eux seuls, semblent assurer la bonne tenue d’un monde voué à la disparition et à l’effondrement. Autre point fort de cette farandole frénétique, l’évocation d’une noce qui permet à Jean-Michel Ribes de métamorphoser en serveurs et serveuses son petit monde, choisissant à cette partie cruciale du spectacle d’évoquer le monde magique du Songe d’une Nuit d’Eté de William Shakespeare, grâce à l’irruption inopinée hors de la noce d’un groupe de convives munis de têtes de cerfs et autres variétés du genre animal.
Au terme de cette folle et démentielle cavalcade, la boucle se boucle sur la scène initiale du début : nos protagonistes, débarquant à nouveau du néant, retrouvent leur comptoir et son habituel patron, reprennent leurs bonnes vieilles habitudes éthyliques, bien décidés dans leurs propos philosophiques, vengeurs ou désabusés à reconstruire un monde qui visiblement semble pourtant et de manière perverse, constamment se dérober à eux.

texte de Michel Jakubowicz



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