Test platine vinyle VPI Traveler : belle et rapide comme une décapotable
Nous vous l’avions annoncé et un peu dévoilée dès le mois de mai de cette année, la Traveler est la toute dernière création du constructeur américain VPI. Conçue pour être facile à monter, facile à régler, facile à écouter donc, la Traveler remplit toutes ces conditions sans aucun problème et va même plus loin en sonnant terriblement bien. Test réussi de ce nouveau bébé dans la famille des platines analogiques et adoption garantie.
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Cette platine nous avait quelque peu intrigués, tant par sa conception que par son prix raisonnablement bas pour une réalisation venue d'Outre-Atlantique (dont les fabricants nous avaient habitués à des produits haut de gamme et à des prix qui l'étaient tout autant). La famille Weisfeld qui est à la tête de VPI depuis sa création en 1980, a en effet décidé d’offrir un modèle plus grand public, un modèle, qui a la fois reprend le travail des grandes sœurs (HR-X, Classic Series, Aries Series, Scout Series) tout en étant proposé à un prix plus abordable et surtout d’un emploi très facile. Une platine en fait pour la jeune génération des "vinylistes", habituée au CD, au lecteur MP3 et autres périphériques numériques sur lesquels presser une touche suffit pour lancer la musique. Un public qui souhaite avant toute chose ne pas s’embêter avec des réglages compliqués, avoir aussi la possibilité de changer de cellules facilement sans tout dérégler, à partir d'un tourne-disque qui fonctionne dans tous les environnements. Cette tâche a été confiée au second fils de la famille Weisfeld, Matthew, qui a fait de ce challenge une réussite totale.
Une recette Weisfeld restée secrète
Les aspects techniques de cette platine ont déjà été dans les grandes lignes décrites dans notre précédent article (voir news ON Magazine), ajoutons juste quelques précisions aujourd’hui. Tout d’abord, la Traveler n’est pas entièrement faite en aluminium, mais à partir d’un alliage comprenant de l’aluminium, du MDF et du Delrin, une résine acétal lancée au début des années soixante par Dupont de Nemours (polyoxyméthylène ou POM). C’est un matériau rigide et très résistant qui offre, d’après le concepteur, une structure très amortissante, et dont les propriétés sont parfaitement homogènes sur toute la surface de la platine. Malgré nos nombreuses tentatives d’en savoir un peu plus sur ce sandwich de plusieurs matières, nous en sommes restés pour nos frais, les recettes VPI restent et resteront jalousement gardées au sein de la famille Weisfeld. Cette plaque est couverte d’une fine plaque d’aluminium, semble-t-il, qui peut recevoir la couleur de finition souhaitée (rouge, bleue, noire, jaune, rose…). Le plateau tournant, en métal d’une seule pièce est constitué d’un alliage aluminium et acier que recouvre un couvre plateau en peau de porc, collé à même la matière. Le moteur est, comme sur les autres modèles, parfaitement intégré au châssis. Là aussi, le concepteur pense qu’un moteur parfaitement intégré garantit la stabilité de vitesse souhaitée. Il s’agit d’un moteur dit DC dont la fréquence du courant garantit la stabilité de la vitesse de rotation. Une fois le plateau délicatement positionné au centre de la platine et en serrant la vis centrale avec un petit outil et une fois la courroie posée autour de ce plateau, c’est fini. Pour cette partie du montage.
Un montage hyper facile
Le bras de lecture à effet gyroscopique répond bien à la description que nous en avons déjà fait. En manipulant notre VPI Traveler, nous ne pouvons que féliciter son concepteur pour la facilité avec laquelle le futur utilisateur ajustera le bras de lecture, idem pour son réglage avec la cellule choisie. Une fois introduit dans son logement, une fois la cellule visée et connectée, le réglage de la force d’appui comme le réglage de la hauteur de ce bras est un jeu d’enfant. Il suffit juste d’insérer le contrepoids à l’arrière du bras jusqu’à obtenir un équilibre des masses avant et arrière, puis de visser ce dernier à l’aide d’une clé BTR fournie. On fait tourner la molette arrière (rouge) jusqu’à obtenir quelques grammes et ainsi on peut régler le bon positionnement de la cellule grâce au gabarit d’alignement également fournit (la pointe doit se retrouver au milieu du dessin et le corps de la cellule parallèle aux traits). On peut ensuite régler la force d’appui recommandée pour la cellule, les plus perfectionnistes utiliseront un pèse cellule électronique, tandis que les autres utiliseront le modèle Shure manuel livré avec la platine. La force d’appui se règle en tournant tout simplement la molette arrière jusqu’au poids désiré. Ensuite, la hauteur du bras (en fonction de la cellule) se fera avec une grosse molette horizontale à la base du bras, et une fois cette hauteur atteinte, l’utilisateur n’aura qu’à visser le bras grâce à une vis placée à l’horizontal de l’embase. On connecte ensuite la prise mâle au connecteur femelle située sur la platine elle-même et on raccorde cette dernière via les prises RCA situées à l’arrière.
Pour notre test, nous avons choisi tout d’abord une cellule Dynavector DV-10X5, un modèle MC (Moving Coil) à haut niveau de sortie tout en notant : premièrement que ce bras, vu sa conception, acceptera bien d’autres modèles et que deuxièmement, changer de cellule sera un jeu d’enfant.
Puis nous avons également utilisé une cellule Grado Platinium 1 de la Reference Series (MM). Là aussi aucun souci de montage, ni de fonctionnement. Un seul regret à ce tableau parfait, l’absence d’un couvercle de protection ou capot.
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Écoute
Pour notre test, nous avons placé notre Traveler sur un support léger mais rigide, non sans avoir intercalé sous les pieds déjà amortissants de la platine, une plaque de carbone Sicomin. L’écoute s’est déroulée avec un préamplificateur Goldmund Mimesis 7 (avec entrée phono), un bloc de puissance Goldmund 29M, suivie par une paire d’enceintes Ensemble Reference Silver. Le câblage a été confié à du Goldmund (enceinte et modulation), avec une solution secteur Nordost complète (barrette Quantum et câbles Blue Heaven LS).
Nous avons pu jouer des disques très récents, que les majors et certains petits éditeurs daignent aujourd’hui mettre à notre disposition, comme des LP plus anciens. Mais dès les toutes premières notes et après un temps de rodage pour les deux cellules, il est clair que cette platine réussit le tour de force de rassembler toutes les qualités que l’on demande à un "grand produit". Elle est à la fois remarquablement timbrée, dynamique, d’une extrême lisibilité, d’un grave foudroyant et généreux etc, etc… comparativement à la restitution sonore de pas mal d’appareils numériques positionnés dans cette gamme de prix, ça interpelle quelque peu. En un mot, la VPI Traveler fait de la musique !
Notre écoute a commencé avec une galette dernière génération, 180 g sur la balance, du chanteur/compositeur français Marc Lavoine, "Je descends du singe" (Barclay 371 163 3). Et là, nous sentons que de parler de cette platine ne va pas être si simple. Tant il est facile de relever un défaut, un manque, tant il est difficile de décrire avec justesse, sans empiler les superlatifs, La qualité de ce que l’on entend ici. En effet, nous sommes immédiatement frappés par la cohérence de tous les registres qui semblent rassembler en un seul message musical : lisibilité du grave, détails, humanité de la voix du chanteur, image stéréophonique sans limite tant en largeur qu’en profondeur. On retrouve bien ici les qualités de précision dans le haut avec un impact dans le grave impressionnant. La grosse caisse de la batterie que la basse électrique soutient, semble se promener sur les notes avec une telle assise et une telle légèreté que l’on tape du pied presque sans s’en rendre compte. Et puis, ce grain grave sur la voie de Marc Lavoine est exceptionnel : il est une promesse d’une grande richesse des timbres pour le reste de notre écoute.
Deuxième galette à prendre place sur la Traveler, le magnifique disque du Chet Baker Quartet "No Problem" (Steeple Chase SCS 1131) qui réunit Chet Baker, Duke Jordan, Niels-Henning-Ørsted-Pedersen et Norman Fearrington, disque qui confirme totalement nos premières impressions, notamment avec la face B et le morceau Kiss Of Spain. L’entrée jouée par uniquement Norman Fearrington (batteur) et Niels-Henning-Ørsted-Pedersen (contrebassiste), le premier allant d’un fût à l’autre, et le second jouant de la contrebasse avec un archet sont d’une rare limpidité. Là on voit toute la lisibilité et toute la rapidité de cette platine dans le médium et le grave. Ce sont aussi bien l’impact des baguettes sur les peaux que sur la restitution de leur note que la Traveler fait des merveilles : c’est restitué avec une netteté extraordinaire. Puis l’entrée de la trompette de Chet Baker, qui tour à tour déchire l’air ou joue presque en sourdine sans aucune distorsion ou crispation. La Traveler rend parfaitement justice au son éclatant de ce cuivre comme au jeu tout en subtilité du regretté Chet Baker.
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Puis nous sommes passés à la dernière parution de Diana Krall "Glad Rag Doll" édité par Verve et nous nous sommes attardés sur le troisième morceau de la face A : "Just Like’a Butterfly That’s Caught In The Rain" qui débute par un duo de cette sulfureuse chanteuse et une simple guitare suivi ensuite par l’ensemble de l’orchestre. La voix de Diana Krall est d’une grande justesse, ce qui dénote encore une fois un médium-aigu des plus riche, entraînant un équilibre tonal très réussi. Il y a un peu plus que sa tessiture, ses inflexions, mais aussi une grande part d’humanité. La guitare, juste à côté, fourmille de mille détails : pincement des cordes, son de la caisse, harmoniques avec une excellente présence. Ensuite avec l’orchestre, la Traveler joue sur la profondeur et la largeur de la scène sonore avec un égal bonheur. Mais le plus impressionnant, c’est la cohérence des divers registres, ce sentiment que le message est un et unique. Et pour finir, ajoutons que la VPI Traveler conserve en toutes circonstances cette chaleur et cette densité du son si chère à l’analogique.
Conclusion : une incontestable réussite
Belle entrée en matière pour cette petite dernière de la famille VPI qui sait, malgré son jeune âge, jouer sur plusieurs tableaux : cohérence sonore, grave articulé, timbres riches et précision de l’image stéréophonique. Une arrivée remarquée et remarquable en quelque sorte surtout si on considère le prix de cette platine, vendue sans cellule sous la barre des 2 000 euros en version noire. Que vous ayez déjà une belle collection de disques à redécouvrir ou que vous souhaitiez vous remettre à l’écoute des vinyles qui semblent refleurir aujourd’hui, cette platine est pour vous.
Le verdict
Pour
- Facilité d’emploi et large choix de cellule à adapter
- Qualité de construction
- Cohérence sonore remarquable
Contre
- Absence de capot
Spécifications techniques de la VPI Traveler
- Châssis et plateau en aluminium, entraînement par courroie
- Fluctuation de vitesse : moins de 0.02 %
- Bras de lecture de 254 mm en aluminium
- Poids : 15 kg
- Prix : 1 900 € (version noire) et 2 100 € (version colorée)
Lien vers la marque : www.vpiindustries.com
lien vers le distributeur français : www.synergie-esoteric.com
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Trucs et astuces de ON Magazine
Une adresse de disquaire à Paris où l’on peut écouter avant d’acheter des disques vinyles (grand choix en musique classique) : Analog Collector - 13, rue Charles V - 75004 Paris - 01 42 21 90 29
Vidéo expliquant le montage en image d’une cellule Dynavector par le site de vente www.maplatine.com:
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