Audition Privée : enceintes Pierre-Etienne Léon Alycastre, objectif atteint
Loin d’être un fabricant qui change ses modèles tous les ans, ou sous le coup d’un marketing mal justifié, Pierre-Etienne Léon a décidé de mettre un coup de jeune à une enceinte pourtant référence dans sa catégorie, les Alegria. En chemin, ce fabricant français a vite compris qu’il lui fallait repartir de zéro en fait, comme un auteur devant une feuille vierge, un très gros boulot en perspective donc. Les Alycastre ont donc été dessinées dans un esprit d’innovation, mais avec très certainement comme modèle d’inspiration, les enceintes phares de la marque Maestral.
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Nous vous avions déjà présentées ces toutes nouvelles Alycastre sur le plan technique lors d’un précédent article le 6 décembre 2012, vous y retrouvez donc tous les aspects techniques (que nous allons rappeler brièvement) notamment le principe de fonctionnement des deux haut-parleurs de médium/grave "Cross-Flow", un principe appliqué sur plusieurs réalisations de Pierre-Etienne Léon. C’est un principe de charge acoustique composé de deux cavités divisant le coffret en deux compartiments distincts créant une régulation du flux d’onde à l’intérieur de la caisse et qui équilibre la pression arrière de ces deux transducteurs (2 boomers SEAS customisés pour ce constructeur). Pierre-Etienne Léon justifie ce dispositif par la réduction des résonances internes qui offrirait une sonorité beaucoup plus naturelle à l’ensemble. Nous le verrons plus tard, le challenge est parfaitement tenu, vu la totale absence de trainage, de lourdeur dans le médium et un bas du spectre léger mais souple qui va donner à l’enceinte une transparence assez extraordinaire.
Le tweeter, lui aussi, bénéficie d’un traitement assez unique puisqu’il est traversé de part et d’autre d’une sorte de tige partant de la surface du dôme et rejoignant l’arrière du HP, ce principe élimine, là aussi, toutes les résonances de surface du dôme et donc retire les habituels accidents de la courbe de réponse en fréquence. Ce tweeter modifié chez pierre-Etienne LEON à été conçu par des ingénieurs de chez Scan Speak mais fabriqué sous une autre marque. Le même effort est fourni pour la conception du coffret qui semble, à première vue, similaire à bien d’autres. Pierre-Etienne Léon a décidé de plaquer son enceinte en cerisier à l’extérieur mais aussi, chose assez rare, à l’intérieur. Ainsi, d’après lui, on obtient une homogénéité de rigidité entre les deux faces des parois. Au risque de se répéter un peu, tous les composants du filtre ont été choisis avec précision pour que sur cette partie de l’ensemble si sensible, tous les efforts de neutralité ne soient pas ruinés par un filtre séparateur dégradant la pureté du signal. Les câbles internes, les composants du filtre et même les prises arrière ont été choisis à l’écoute.
A la lecture des caractéristiques des Alycastre, mais aussi suite à un entretien avec le concepteur, on sent bien que l’objectif visé par Pierre-Etienne Léon était une neutralité absolue, une transparence comme une tenue en puissance qui ne serait jamais prise en défaut. Et bien justement, l’heure est venue de tester ces enceintes, en tentant de les pousser dans leurs retranchements.
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Une écoute qui vérifie les objectifs du concepteur
Pour ce faire et armés de nos disques et CD préférés pour ce type de test, nous nous sommes rendus dans un haut lieu de la Hifi parisienne : le magasin Connemara à Romainville ou l’excellent et passionné Edgard Morineau siège en maître des lieux. A la chaleur de son accueil s’ajoute une impressionnante quantité de disques noirs, de CD et DVD de concert qui fait bien comprendre, que seule, la musique vivante est le critère pour qu’un appareil trône ici. Les écoutes se sont donc déroulées avec des disques vinyles grâce à une magnifique platine Vyger Atlantis équipée d’une cellule Lyra Atlas, en alternance avec un lecteur de CD Copland CD825 suivi d’un convertisseur 3DLab Platinium. L’amplification fut confiée à un ensemble Acoustic System International, en l’occurrence un préampli LiveLine et son compagnon Grand Stéréo. Ce matériel très haut de gamme, comme la quantité de disques vinyles où CD écoutés nous ont dessinés sans souci et assez vite le caractère propre de ces enceintes PEL Alycastre.
En effet, il ne nous a pas fallu très longtemps pour nous apercevoir du caractère "immédiat, et spontané" de ces enceintes. Là, on ne fait pas dans la dentelle, ni dans des sonorités démonstratives et colorées qui en mettent un peu partout pour séduire à tout prix le futur acheteur. On pourrait même affubler ces enceintes de "caméléonesques" tant elles ne restituent que ce qu’on leur donne, se transformant radicalement suivant la qualité du message. C’est le prix de la transparence où l’enceinte ne vient pas jouer sa propre musique mais laisse au contraire s’exprimer les divers enregistrements. On sent très vite que le son est maîtrisé sur toute la largeur du spectre sonore, maîtrisé et cohérent.
Premier disque noir à être mis sur la platine Vyger fut "la Fabuleuse Histoire de Mister Swing" de Michel Jonasz (WEA) et plus particulièrement "Le Temps Passé" bien connu des audiophiles. Déjà, première impression et constatation : la taille et la précision de l’image stéréophonique. Certes, le disque se prête bien à cet examen, un enregistrement en public fort bien réalisé, qui trouve ici un mode d’expression très fidèle. Michel Jonasz est bien planté devant nous, à hauteur avec un grain et une tessiture de voix superbe. La basse électrique qui déboule comme une tornade après quelques mesures s’étale dans la pièce avec la fermeté qui convient. On sent bien que ces enceintes maîtrisent tous ses registres sans aucune difficulté, à la précision de l’image s’ajoutent la nervosité et le niveau dans le bas. On aurait envie de pousser toujours plus fort, aller trouver les limites de ces Alyscastre, mais tout reste homogène et ferme. Et si nous avons cette envie, c’est réellement qu’elles nous propulsent au cœur de cet enregistrement comme si nous étions présents à ce moment. Bon, donc, bas du spectre magnifiquement tenu, ampleur de la scène sonore, tessiture des timbres, pour l’instant un sans faute.
Bon, côté homogénéité du bas du spectre, côté dynamique et rapidité, le précédent disque nous a bien montré les qualités des Alycastre. Maintenant et passant à un magnifique CD « Membra Jesus Nostri » du compositeur Dietrich Buxtehude (K617) dirigé par Benoït Haller et enregistré en l’église Saint-Grégoire de Ribeauville et plus particulièrement le second morceau (ou méditation) "Ad manus - Ad ubera portabimini", ce sont les qualités de liberté et de finesse dans le haut de spectre qui transparaissent avec éclat mais pas seulement. Au début de ce morceau les divers instruments installent comme une sorte de préliminaire à l’arrivée des divers chanteurs. L’établissement délicate des violons, comme presque retenus pour mieux appuyer l’instant solennel des cette ouverture est superbe. Les violons nous sont reproduits avec toutes leurs richesses harmoniques supérieures, délicat mélange de sonorités d’une grande justesse et du mordant des archers sur les cordes. Puis les diverses voix solistes (sopranos, ténor, basse et haute-contre) arrivant tour à tour suivi par le cœur laissent apparaître les pouvoirs de différenciation de ces enceintes. La justesse de la hauteur des timbres est parfaitement évidente, sans aucune coloration flatteuse et donc fausse. Chaque interprète bénéficie de son propre chant d’expression sans aucune confusion, ni dans le placement sur la scène sonore, ni dans son registre de voix. La restitution est débarrassée de tous faux effets ou colorations mal justifiées. Et déjà sur ce disque, il apparaît une qualité qui va s’amplifier dans le prochain (et bien d’autres disques) correspondant à la parfaite mise en phase des Alycastre et qui trouve son bonheur dans les enregistrements "live".
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Pour le démontrer, rien de mieux que le disque Y.Montand Olympia "81", (Philips), un enregistrement en concert de ce célèbre artiste. Ce double disque noir est très intéressant à deux titres, avec tout d’abord, la voix d’Yves Montand, que tout à chacun connaît et reconnaît facilement et dont la restitution ne doit souffrir d’aucune coloration, et en second lieu le son de la salle dans lequel cet enregistrement est réalisé avec sa cohorte de détails. Sur ces deux points, les Alycastre sont terribles ou terriblement réalistes. Le timbre de la voix du chanteur est reconnaissable immédiatement avec des accents de vérités qu’accentuent toutes les inflexions de son interprétation. Passant du chant à la simple récitation d’un texte, ce sont, avec les Alycastre, une suite de moments magiques tant par la fidélité des timbres que la fluidité et la transparence sur les micros détails : on pourrait suivre les mouvements de tête d’Yves Montand lorsqu’il se rapproche ou s’éloigne de son micro. La restitution est tour à tour intimiste et ample lorsque le public applaudit, nous laissant sentir la grandeur de la salle de concert. Un spectateur qui interpelle Yves Montand, un mouvement de rire du public, des applaudissements en cours de chanson comme sur le passage de la chanson "Les feuilles mortes", comme l’engouement en fin d’interprétation du public, c’est un moment de grande émotion que nous livrent les Alycastre. La place est ici faîte à l’œuvre et ses moments si magiques, et on en oublie facilement le test que l’on est en train d’effectuer. Nous devons avouer que notre plaisir fut aussi de tester pas mal d’autres enregistrements que ceux qui sont cités plus haut, juste pour jouir de cette transparence et pour aussi découvrir d’autres détails et sons des enregistrements pourtant connus
Conclusion
Les Alycastre ressemblent en bien des points aux PEL Maestral avec cette dynamique et rapidité et cette même propension à l’établissement d’une excellente richesse des timbres, accompagnée d’une non moins excellente linéarité sur toute la largeur de la bande passante. Rapides, racées et terriblement "justes", elles seront les juges sans pitié des éléments auxquels on va les associer. Nous, nous avons apprécié sans limites leur caractère spontanée, vivant, généreuse sur les détails, nous faisant penser que de nouvelles enceintes de références sont nées. Côté amplificateur, il semble bien que les Alycastre se délecteront aussi bien des appareils à tubes comme à transistors et ce ne sera pas la puissance qui sera recherchée mais plutôt la qualité tonale des watts. Un Push-Pull d’EL34, comme un 2 x 30 watts à transistors devraient suffire, si tous les autres composants du système sont bien calibrés, à donner à ces enceintes une bonne raison de chanter.
Spécifications
- Sensibilité : 90 dB, 1 W, 1 M (2.83 V)
- Puissance nominale : 90 watts et 190 watts crête
- Bande passante : 33 Hz à 25 KHz
- Dimensions : 124 x 37.5 x 21 cm (HxLxP)
- Poids : 37 kg
- Prix : 7 000 € la paire (finition cerisier)
Toutes les images du lieu d'écoute
ConnEMara HiFi
13 Rue Normandie Niemen
93230 ROMAINVILLE
M° Mairie des Lilas
01.48.43.07.65 ou 06.09.65.02.53
ouvert 7/7 sur RDV
www.connemara-hifi.com
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