Test ampli intégré Audiomat Aria : au bonheur des tubes et de la Classe A
Conçu en 2007 pour remplacer le modèle Opéra, l'amplificateur intégré stéréo Aria, du concepteur et fabricant français Audiomat, déchaîne toujours bien des passions avec son montage à tubes en Classe A et son caractère chantant. D’une fabrication exemplaire, sans aucun compromis, l’Aria est toujours l’une des valeurs sûres incontournables en matière d’amplification, toutes technologies confondues. Et ne vous fiez pas à la faible puissance annoncée (2 x 30 watts), cet amplificateur est capable de faire chanter n’importe quelle enceinte acoustique.
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Depuis sa création en 1987, la marque Audiomat dirigée par deux frères : Norbert et Denis Clarisse n’a eu de cesse de produire des appareils à la fois très musicaux et en même temps d’une belle facture. Les deux frères affirment au fil du temps une culture d’entreprise basée sur l’excellence mais toujours teintée d’une certaine simplicité qui fait plaisir à voir : un travail d’artisan consciencieux et perfectionniste. Les schémas de base (en tout cas pour les amplificateurs) sont restés à l’identique depuis le tout premier amplificateur intégré à tubes Prélude sorti cette même année, Audiomat ne faisant que développer ensuite d’autres appareils encore plus performants, musicalement parlant bien sûr.
Après le Prélude, nous avons vu arriver le Solfège, l’Arpège, l’Opéra (devenu aujourd’hui Reference) qui se sont déclinés au fil du temps en version améliorée avec des suffixes comme Reference, Reference MKII… jusqu’à l’Aria dont il est question aujourd’hui. Parallèlement Audiomat s’est penché sur le domaine du numérique très tôt avec son tout premier convertisseur Tempo 1 apparu en 1993. Actuellement et au fil des changements technologiques apportés, l'appareil prend la référence 2.8. Citons également au palmarès de cette marque, un convertisseur très haut de gamme avec le Maestro, devenu Maestro 3. D’une toute nouvelle génération, ce modèle intègre une horloge de très haute précision, une compatibilité avec les standards Hi-Res les plus poussés (32 bits/384 kHz) et une option de streaming le transformant en véritable lecteur réseaux de très haut niveau. Profitons aussi pour évoquer un transport CD (Drive D1) et 2 sections phono (Phono 1.6 et Opus 2), ces derniers et contrairement aux amplificateurs fonctionnant avec des transistors.
Comme un air d’Opéra
Comme indiqué dans l’introduction, le modèle Aria testé aujourd’hui est le digne remplaçant de l’Opéra dont il reprend l’essentiel, sauf sur le plan esthétique. Audiomat a effectivement décidé et, pour des raisons de coûts bien compréhensibles, de changer la face avant en métal avec celle, pour de l'altuglas que nous avons vu arriver sur le modèle Arpège. Personnellement, je trouve l’idée plutôt sympa, voir briller des tubes derrière cette face-avant légèrement translucide est assez agréable. C’est novateur et moderne.
Le reste du châssis quant à lui ne change pas. Un capot ultra rigide en tôle épaisse se fixe avec pas moins de 18 vis BTR sur le châssis bas, une pièce faite dans le même métal. L’ensemble de 26 kg repose sur trois pointes de découplage en laiton nickelé et chromé, le tout devant être posé sur une planche de bois épaisse (bouleau, hêtre….) pour en tirer le meilleur parti. Une recommandation des concepteurs qui ne les empêchent pas de fournir des rondelles de réception en laiton au cas où. Ce support en bois évacue à la fois parfaitement les vibrations des composants (un composant qui vibre n’a plus les mêmes caractéristiques techniques) et filtre celles qui viendraient de l’extérieur.
La face arrière de l'Audiomat Aria comporte une prise femelle IEC avec un point rouge marquant ainsi la phase secteur de l’appareil (une attention délicate des concepteurs). Elle est placée à côté de 12 borniers enceintes (banane ou fourche), ce qui laisse la possibilité à l’utilisateur de choisir entre deux impédance de sorties 4 ou 8 ohms comme le mono et le bicâblage.
A l’opposé, toute la connectique de modulation avec cinq entrées Ligne et deux sorties fixes via une double rangée de RCA de qualité permet une connexion avec les sources utilisées. L’Aria dispose d’une télécommande qui reprend l’essentiel des fonctions de l’appareil. Elle commande un potentiomètre de volume motorisé Alps traditionnel, pas question ici d’un contrôle de volume numérique ou autre.
Le ventre de l’appareil
Une fois les 18 vis retirées patiemment, l’architecture interne ne semble pas différente des autres Audiomat que nous connaissons. Il apparaît assez vite que la qualité de l’alimentation a été au cœur de la conception de cet appareil. trois transformateurs de forte capacité (trois fois plus que pour son petit frère) : un pour l’alimentation générale et deux autres dits transformateurs de sortie (habituels sur les amplificateurs à tubes, sauf les modèles OTL) sont implantés au beau milieu des circuits. Ce sont des modèles conçus sur cahier des charges Audiomat et fabriqués en France spécialement pour la marque. Juste à côté, deux condensateurs de filtrage de haute qualité Sic Safco de 1 000 μF sous 450 V chacun prennent place. Ils sont découplés par deux autres modèles au polypropylène MKP 140 μF sous 450 V encapsulé dans de la résine afin qu’ils ne vibrent pas. Cette section d'alimentation conséquente s’explique par le montage Classe A. En effet, les courants de repos étant très élevé, l’amplificateur doit répondre aux appels de la modulation avec une extrême rapidité garantissant une dynamique sans faille.
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L’Aria développe une puissance de 30 watts par canal dont les premiers 25 sont en Classe A dans un montage dite Classe A glissante. Trois double triode JJ Electronic ECC83S à fort gain en tension (6.3V) servent d’étage d’entrée et déphaseur de Schmitt. Le signal est donc déphasé avant d’attaquer le push-pull conçu autour quatre 4 tubes pentode EL34 du même fabricant (polarisation automatique), ces derniers opérant l’inverse en sortie. C’est un montage simple mais dont l’efficacité tient dans la présence d’une alimentation à forte capacité et des tubes choisis et appairés avec soin par Audiomat.
Nous ne pouvons que féliciter la Clarisse Family pour la qualité de fabrication de l’Aria. Tout a été pensé et conçu avec un soin inégalé pour un amplificateur à tubes. Nous avons affaire à un véritable travail d’orfèvre avec tout ce que cela suppose d’amour du travail bien fait. Rien n’est laissé au hasard pour que la musique s’exprime au mieux, et bien c’est que nous allons voir maintenant.
Ecoute
Alors autant le dire tout de suite, habitué que je suis, à vivre avec un Goldmund Metis 5, mettre en route un Aria, c’est toucher à un monde totalement opposés et surtout avec cet Audiomat là. C’est comme opposer le soleil et la lune, le Ying et le Yang pour donner une image du phénomène ressentie. Mais il y a un point, et pas dès moindre, qui fera le pont entre ces amplificateurs : la dynamique et l’impression de tension sonore qui émanent des deux appareils. Donc, et face au changement d’ambiance sonore, la première chose que j’ai faite a été de changer mon câblage en partie pour choisir au niveau des enceintes un modèle Nordost Flatline, un câble plus piqué dans le haut du spectre. Pour le reste, les sources sont restées à l’identique avec des écoutes sur une platine vinyle VPI Prime + cellule Kiseki N.S avec son préampli phono Jolida JD9 et un lecteur Goldmund Metis Player, tout cela étant câblé avec du Goldmund Lineal.
Dès les premières minutes et, non sans avoir attendu une bonne demi heure de chauffe (l’appareil prêté était déjà bien rodé), une sorte de nappe sonore dense et "matérialisante" s’est abattue sur mon écoute. Il y a du poids sur les notes, de l’épaisseur, du relief, le tout servi d’une micro-dynamique fulgurante. L’image stéréophonique place les différents musiciens dans un espace sonore bien défini entre les deux enceintes. Cela reste en toutes circonstances d’une stabilité qui semble à toute épreuve. La bande passante est large, l’Aria allant chercher les moindres modulations dans le médium et le grave. Une écoute pleine de charme et de sensualité qui n’en oublie pas d’être expressive et rapide.
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Dynamique et naturel
Cette dynamique est extrêmement perceptible sur le magnifique CD "Pierrots Lunaires" de chez Fondamenta qui réunit Mélanie Clapies au violon et Yan Levionnois au violoncelle, notamment sur les Sonates en Quatre Parties du compositeur Maurice Ravel. Le jeu de ces deux interprètes est particulièrement mis en avant avec un respect minutieux des écarts de dynamique, même infimes, de la partition. Les coups d’archet comme les pincées (pizzicato) sur les cordes par exemple sont même parfois violents tant l’amplificateur les mets en exergue pour passer ensuite à des moments plus cléments où l’extinction des notes se fait tout en douceur. Il devient évident que l’Aria bénéficie d’un médium travaillé et généreux comme d’un parfait contrôle de sa capacité en puissance instantanée, même à faible niveau.
Cet amplificateur ne se veut pas démonstratif avec un haut du spectre qui brillerait quitte à dénaturaliser le message, il sait combiner chaleur et rapidité. Un résultat de ces deux qualités qui propose une restitution tout en nuance et en fougue. Les timbres sont chauds mais pas trop, encore une fois le respect d’un son naturel s’installe au centre des ses qualités. Le haut du spectre file droit, le jeu des deux musiciens au premier plan n’en est que plus lisible. C’est franchement un régal sur ce disque où le moindre phrasé des musiciens doit être clair et précis et c’est le cas.
Restant sur les qualités d’exactitude et d’authenticité de l’Aria, le disque vinyle du Chet baker Quartet "No Problem", le filé des cymbales de la batterie qui envahisse l’espace sonore pour un rythme soutenu s’habille d’une très belle transparence. Cet amplificateur est très analytique mais de façon homogène sur toute l’étendue du spectre. Le jeu de Duke Jordan, sa façon de plaquer les notes, parfois avec fermeté, parfois avec souplesse devient une évidence, et l’Aria n’en oublie pas pour autant un fruité sur les notes jouées. La trompette de Chet Baker tranche la restitution avec ce son qui lui ait si familier. Le cuivré de l’instrument comme les modulations très contrastées n’a plus de mystère pour moi. L’ensemble est fluide, et la séparation tant en niveau qu’en positionnement dans une scène sonore dense rend la restitution vivante et épanouissante.
Je sens que ces quatre musiciens partagent ce moment de l’enregistrement avec une vraie complicité. La région médium prodigue une sonorité très constratée, elle est suivie par un aigu qui n’accuse aucune rondeur artificielle. Quant à elle, la contre-basse n’en fait pas trop sur ce disque. Elle est discrète et élégante dénotant un bas du spectre parfaitement contrôlé et détaillé. La sensation de puissance semble sans limite, les 25 Watts en Classe A jouent leur rôle à la perfection et donne l’impression d’avoir affaire à un appareil d’une puissance plus bien élevée.
Et j’en viens à un disque LP que j’aime particulièrement en ce moment du groupe de Nottingham London Grammar "If You Wait". Cette galette noire est terrifiante pour les tests, car il contient un nombre de détails, d’effets de studio qu’une basse électrique d’une puissance hyper élevée risquerait de masquer, tout cela devant rester précis, sans un quelconque côté brouillon. Avec l’Aria, j’entends nettement le déplacement des mains du guitariste sur les cordes comme les attaques de son médiator sans effet cotonneux. Les nappes d’un synthétiseur en fond de scène sont, elles aussi clairement identifiées, et la voix de la chanteuse Hannah Reid reste plantée entre les enceintes avec une terrible prestance même lorsque ce trio se déchaîne.
Je ne perçois aucune stridence, aucune dureté même à des niveaux peu raisonnables pour une écoute domestique. La restitution est restée fluide et majestueuse avec une présence scénique bien réelle de chaque intervenant. Et même lors de passages complexes, l’Aria continue à donner la bonne mesure des choses. La scène sonore, sur ce disque, se cale parfaitement entre les enceintes. Le son ne déborde pas dans tous les sens, encore une fois, le sens de la mesure de l’Aria montre un parfait contrôle de ses capacités à répondre aux moindres sollicitations musicales.
Conclusion
Voilà un amplificateur intégré qui chante. Il a su passer tous les tests avec un caractère chaleureux sans tomber dans la mollesse souvent constatée avec des appareils à tubes. Il a su aussi déceler les moindres écarts de niveau sonore tout en développant pour une puissance de 30W un niveau de restitution bien au-delà des chiffres annoncés. Les avantages additionnés de la technologie tube et Classe A ont fait naître un appareil combinant des qualités d’authenticité, de vérité tant sur le plan des timbres que sur celui de la dynamique. Un mixe assez étonnant qui donne vie à la musique et la rend bien plus expressive. A ses qualités sonores s’ajoute, inutile de le préciser, une qualité de fabrication "à l’ancienne". Une valeur qui est de plus en plus agréable de rencontrer de nos jours.
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Lien constructeur : www.audiomat.fr
Spécifications Audiomat Aria
- Puissance : 2 x 30 watts dont 25 en Classe A "lissante"
- Tubes d’entrée : 1x ECC83S JJ Electronic,
- Tubes driver : 2x ECC 83S JJ Electronic
- Tubes de puissance : 4x EL34L JJ Electronic (polarisation automatique)
- Bande passante : 15Hz à 35kHz -3 dB
- Sensibilité d’entrée : 200 mV pour 30W
- Rapport sur bruit : -120 dB pondéré
- Connectique : 5x RCA en entrée + 1x RCA fixe en sortie
- Connectique enceinte : 4/8 ohms (possibilité bicâblage)
- Dimensions : 445 x 180 x 380 mm (LxHxP)
- Poids : 26 kg
- Prix : 4400 €
Notre avis
- Cosntruction : (5/5)
- Fonctions/Equipements : (2,5/5)
- Musicalité : (5/5)
- Performances pures : (3,5/5)
- Intérêt : (4,5/5)
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