Test amplificateur intégré Goldmund Metis 7 : un tournant décisif vers le tout numérique.
Lancée en 2011 la série d’amplificateurs Metis de Goldmund, très identifiable par sa belle cohérence en terme de design, vient de voir un ovni débarqué en son sein faisant oublier les modèles analogiques de cette gamme purement et simplement. Ce nouvel intégré stéréo Metis 7 suit le virage vers le tout numérique que Goldmund a enclenché depuis plusieurs années, un mouvement qui manifestement s’accélère. Analyse du nouveau venu.
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La marque suisse de produit audio de prestige Goldmund lance à l’aube des années 90, la Goldmund Digital Decade, une nouvelle ère annonçant de nouveaux objectifs pour cette marque : la production devait intégrer aussi bien l’audio, la vidéo et la musique dématérialisée (naissance du concept Média Room) : une décision impliquant le numérique sous toutes ses formes. Très vite, les tout premiers appareils de cette génération ont vu le jour comme convertisseur Mimesis 10 et un lecteur de CD 36 (Product of The Year au Japon) qui forment la gamme Eidos d’aujourd’hui. Ce fut aussi l’arrivée des circuits de conversion Alize avec le modèle de convertisseur 20 alors qu’en 2004, l’aboutissement de nombreuses années de recherches prend forme sur une toute nouvelle gamme d’amplificateurs qui porte le nom de Telos. Le premier modèle 600 fut lancé en 2004, il est suivi un an plus tard des blocs monophoniques 250. Outre leurs technologies révolutionnaires (bande passante allant jusqu’à 3 MHz et un facteur d’amortissement le plus élevé au monde), ces unités peuvent être attaquées directement en numérique, des convertisseurs Alyze étant placés au plus près des circuits de puissance.
Dès lors, plus besoin de câbles analogiques pour enceintes, ces dernières étaient directement connectées à des liaisons numériques dont l’incidence sur le résultat final est bien moindre. Cette caractéristique prédit également l’arrivée d’une nouvelle série de préampli/processeurs avec uniquement des sorties digitales (numériques) comme les Mimesis 16.5, 32, puis 15 et 11 qui donneront naissance au Metis 10 et plus récemment au Metis 8. La particularité de ces nouveautés est qu’ils peuvent traiter les signaux audio multicanal des films sans leurs limites du nombre de canaux dispensés par les DSP habituellement intégrés aux processeurs Home Cinéma (32 canaux pour le Mimesis 32, la moitié pour le 16 etc.) et peuvent intégrer aussi les principes de correction numérique Proteus et Leonardo propre à Goldmund. Idem pour les enceintes acoustiques qui se voient toutes dotées d’une amplification de type Telos et ce de la ligne Metis jusqu'aux magnifiques Apologue Anniversary. Le virage vers le tout numérique est réalisé et en beauté.
Ampli intégré Metis 7 : faire mieux avec moins.
Mais revenons au sujet du jour, le nouveau Metis 7. Lancée en 2011, la ligne Metis restait d’une certaine cohérence en tout cas esthétique avec le préamplificateur stéréo Metis 2, le bloc de puissance stéréophonique Metis 3, ces deux appareils ayant donné naissance au modèle intégré Metis 5 associant au sein d’un même châssis les circuits de ces deux appareils séparés avec pas moins de trois alimentations distinctes. Mais, le tout nouveau Metis 7 rompt définitivement avec les 2, 3 et 5 autant sur le design que sur la connectique et le fonctionnement. Il n’offre en effet que 3 entrées actives : une unique entrée analogique, une USB asynchrone et le choix entre une numérique coaxiale RCA et une numérique optique Toslink, c’est tout. C’est un peu court à notre goût, mais va dans le sens des productions actuelles qui privilégient les sources numériques dématérialisées avant toute chose.
Le châssis est également différent de l’ancienne génération ; on ne trouve plus de radiateur de dissipation thermique sur la face arrière par exemple mais seulement la connectique d’entrée, une prise de raccordement au courant secteur IEC avec interrupteur, un port RS232 pour une insertion dans un système domotique et les prises (acceptant fourche et banane) servant à la connexion des enceintes acoustiques. Avec le Metis 7, c’est le coffret lui-même qui fera office de dissipateur thermique, une raison pour laquelle, très certainement, la face avant, toujours en aluminium au standard de la marque, est rejointe par un capot en métal plus léger qui doit jouer un rôle dans la dissipation de chaleur dégagée par l’appareil (comme le socle de l’appareil).
Sur cette même face avant, nous ne trouvons que le potentiomètre de réglage de volume, et une petite clé pour sélectionner les 3/4 entrées. L’appareil repose sur 4 pieds/cônes réglables en métal. Ils assurent l’isolation mécanique et l’évacuation des vibrations de l’appareil.
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A l'intérieur de l'appareil, un seul transformateur torique est placé à gauche des circuits qui sont au nombre de 3 : une interface d’entrée, une pour le traitement audio avec DSP et un large circuit avec les modules d’amplification Telos. Les transistors de puissance polarisés en Classe A/B sont directement reliés mécaniquement à la base du châssis pour un maintien optimal en température. La structure est toujours de type DC Coupled avec un minimum de composants sur le trajet du signal, une version du circuit JOB que Goldmund ne cesse d’améliorer depuis le début de son introduction. D’après ce que nous avons pu apprendre, il s’agirait d’un circuit tout à fait similaire à celui du bloc de puissance monophonique Telos 360, un montage qui équipe également certaines enceintes actives Goldmund. Cette impression est confirmée par la présence d’inscription : tweeter et woofer sur la carte principale elle-même.
Un traitement numérique de fond
Concernant les étages d’entrée, cela se complique un peu. Les entrées numériques sont capables d’accepter des flux jusqu’à 32 bits/384 kHz en PCM et DSD sous PCM (DoP = DSD over PCM). Ces données sont downsamplés en 24 bits/96 kHz grâce à un circuit SRC (Sample Rate Converter) avant d’être traité par un DSP programmable Analog Devices afin de recevoir le traitement numérique acoustique Goldmund qui en fera la signature sonore. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs l’entrée analogique, elle-même, est convertie en numérique afin de bénéficier du même traitement que les flux numériques. Pour les avoir questionnés sur le sujet, c’est un choix partisan des ingénieurs de Goldmund afin obtenir une parfaite continuité dans la qualité du traitement audio du début à la fin de la chaîne, de l’entrée aux étages d’amplification, comme de faire travailler le Metis 7 à ce taux et fréquence d’échantillonnage précis. Nous n’allons pas nous interroger sur l’aspect technique de l’appareil, car le dénuement du Metis 7 par rapport au Metis 5 est difficilement compréhensible au premier abord. Comment cet intégré peut faire mieux en disposant de moins de composants ? Et c’est là que Goldmund va nous prouver toujours qu’il faut se méfier des idées reçues. De l'avis de la marque, c’est le niveau de technologie mis en œuvre qui l’emporte sur celui du nombre de composants d’un appareil et sur ce plan, la marque démontre parfaitement que son savoir-faire légendaire n’est pas qu'une simple vue de l’esprit. Passer à l’écoute nous semble donc bien plus pertinent et un Goldmund Metis 5, équipant notre habituel système d’écoute, va nous permettre de juger de l’apport musical de ce nouveau Metis 7. C’est ce qui prime, n'est-ce pas ?
Ecoute Goldmund Metis 7 : un intégré stéréo qui défit les lois du genre
Après quelques minutes d’écoute, il est évident que le Goldmund Metis 7 dépasse sur la totalité des critères musicaux le Métis 5 d'ancienne génération. Le son est épuré de tout artifice pour en obtenir l’essence la plus pure. La restitution est tellement plus fluide, plus déliée, plus proche de la réalité en fait avec ce nouveau Metis 7 que son prédécesseur devient quelque peu pataud et étriqué à côté. La finesse dans le haut du spectre, pourtant une marque de fabrique Goldmund, atteint des sommets difficilement envisageables pour un ampli intégré. Le son file haut comme s’il était libéré d’une entrave imaginaire, c’est aérien, vif et d’une justesse inouïe. Le médium/grave jouit, lui aussi, d’une aisance et d’une matérialité assez inattendue pour un appareil d’une telle transparence. Et le grave de ce Goldmund Metis 7 est non seulement ferme et léger mais également le niveau auquel il peut descendre est vertigineux. Il y a de la profondeur, des détails sur les attaques des notes, des subtilités passées sous silence avec le Metis 5.
L’image stéréophonique, elle aussi, est nettement plus aérée comme décorseté. Les plans sont non seulement mieux répartis, mais gagnent en relief. Il y a plus d’air entre les différentes sources sonores, comme si on avait nettoyé la scène sonore pour la rendre encore plus lisible. En écoutant le magnifique morceau « Amen » de Léonard Cohen, c’est flagrant. Sa voix est aussi rocailleuse, mais elle se rapproche de nous en gagnant en netteté. C’est un peu s’il pénétrait dans la pièce d’écoute animée par une nouvelle présence. Chaque tonalité de sa voix prend une autre tournure, relevant d’un cran l’impression de nonchalance mêlée à la sérénité que dégage cet interprète de 80 ans. Çà module énormément plus, donnant un relief sonore bien plus réaliste. Même impression concernant les différents chœurs féminins joués par les Weeb Sisters. Les voix sont bien mieux détaillées et bien plus précises en timbre, les modulations et différences de hauteur de sons apparaissent enfin, leur conférant une toute nouvelle vie. Là aussi, leur présence scénique est grandement améliorée comme si elles étaient plus proches. Un nuage a totalement disparu, rendant de l’éclat comme du réalisme à la restitution. La basse électrique atteint des niveaux inconnus juste là. Elle fait trembler les murs tout en conservant un magistral maintien. Sur ce point, l’écrasante supériorité du Metis 7 est de même nature que sur le reste du spectre.
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Mais en dehors de cette comparaison avec son prédécesseur qui va s’arrêter là, comment se comporte ce Metis 7 d’une façon générale ? Déjà, et ce très rapidement, nous retrouvons les gènes Goldmund en matière de finesse et d’élégance sonore. Sur ce point, les produits de la marque sont incomparables. L’écoute devient comme « évidente », avec un établissement des timbres magnifique, et une neutralité exemplaire. Le Metis 7 s’écoute avec une facilité déconcertante tant il est fluide et suit la musique avec une rare souplesse et une sublime distinction. Mais il s’est aussi se montrer onctueux et sensuel en déployant même de la chaleur sur les bois d’un orchestre par exemple, comme sur les terrifiants coups d’une cymbale une minute après. Aussi bien à l'écoute de la Symphonie N°1 de Malher, dirigée par Ivan Fischer (SACD), surtout le quatrième mouvement aux sonorités tumultueuses et énergiques, qu'à celle de la magnifique tessiture de la voix d’Emma Bell chantant un Aria d’Haendel, cet intégré nous dévoile une richesse sonore extraordinaire. Les graves sont beaux tout en étant puissants. Le milieu du spectre est enrichi de mille détails et souligne chaque écart de niveau avec un réalisme que l'on ne peut prendre en défaut une seule seconde. Le haut du spectre est vif sans briller artificiellement. Il apporte une lumière juste aux timbres et à toutes les harmoniques supérieures des instruments. Même sur le vinyle de London Grammar « If You Wait », d’autres subtilités dans le jeu des musiciens apparaissent et la voix de la chanteuse devient encore plus émouvante. La basse électrique est totalement dégraissée et descend bas sans aucune contracture. Franchement, le son devient tellement naturel qu’il est difficile d’en décrire tous les aspects.
Conclusion
Même si ce GoldmundMetis 7 est proposé à un prix élevé (pour un intégré avec seulement trois entrées), il va être tout de même difficile de lui trouver un véritable concurrent sur le plan sonore, et plus particulièrement sur son élégance et sa justesse naturelle. Golldmund est une marque particulièrement attachante parce qu’elle réussit tout ce qu’elle touche et nous ravit à chaque nouvelle création.
Système d’écoute
Platine vinyle VPI Prime + Kiseki Blue N.S
Préampli phono Jolida JD9 à tubes
Lecteur de CD Metis Player
Lecteur réseau Lumin S1 (deuxième génération)
Enceintes Grand Cru Horizon
Câbles de modulation : Esprit Eterna
Câbles secteur Esprit et barrette Supra
Câbles enceintes : Esprit Eterna
Le site de la marque : www.goldmund.com
Spécifications
- Connectique numérique : 1x USB B, 1x optique Toslink ou 1x coaxiale RCA (SPD/IF 75Ω)
- Compatibilité format numérique : 32 bits/384 kHz et DSD sous PCM
- Connectique analogique : 1x RCA stéréo (conversion A/D pour correction par DSP)
- Puissance : 190 watts sous 8 Ω
- Bande passante : 20 Hz à 20 kHz, +/-5 dB
- DHT+B : < 0.08% (de 20 Hz à 20 kHz, à 30 Vrms)
- Plage dynamique : > 100 dB à 22 kHz
- Gain : 35 dB
- Facteur d’amortissement : 220 à 1 kHz, 8Ω
- Dimensions : 44 x 35 x 10.6 cm (LxPxH)
- Poids : 10 kg
- Prix : 9 900 € (finition silver ou noire)
Notre avis
- Construction : (3,5/5)
- Equipement et fonctions : (2,5/5)
- Performances pures : (5/5)
- Musicalité : (5/5)
- Intérêt : (5/5)
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