Test platine vinyle Transrotor Max : tout d'aluminium poli, musicale et surtout évolutive
En 2015, la marque allemande spécialisée dans la fabrication de platines vinyles très haut de gamme Transrotor avait surpris tout le monde avec la sortie de deux modèles aux prix bien plus raisonnablea que ses habituelles productions. La Max et sa grande sœur la Jupiter n’ont pas tardé à recevoir un accueil plus que chaleureux de la part des professionnels, de nombreux prix leur ayant été décernés. Voici donc un test de la Max, une platine très évolutive et magnifiquement réalisée.
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La marque allemande Transrotor a été fondée en 1976 par un ingénieur en mécanique de précision, Jochen Räke. Après avoir rejoint un bureau d’études anglais et participé à la conception de plusieurs platines de marque Transcriptor et Michell, cet ingénieur décide de retourner dans son pays d’origine. Il devient dès lors le distributeur officiel des platines Michell qu’il améliore et optimise de façon significative. Autant dire que cette démarche, si noble soit elle n’est pas pour plaire à la marque anglaise qui décide alors de se passer de ses services (on peut le comprendre). Que cela ne tienne, Jochen Räke répond par la création de ses propres platines, et crée la marque Transrotor, des productions totalement « Made In Germany » comme c’est toujours le cas aujourd’hui. Assez rapidement, Transrotor gagne le cœur des audiophiles épris de vinyle avec des modèles d’une fabrication du plus haut niveau comme le prouvent les platines Artus (platine emblématique parmi les plus chères du monde), les Zet 1 et 3 ainsi que les Fat Bob. Ce même esprit de perfection habite toujours Jochen Räke qui est rejoint aujourd’hui par son fils Dirk (l'histoire familiale se perpétue pour le plus grand plaisir des mélomanes) et à qui nous devons peut-être ces deux nouveaux modèles qui ne dépassent pas, en version d’origine, les 3 000 €.
Une platine vinyle tout d’aluminium poli façon miroir
La Transrotor Max n’est pas sans nous rappeler le design de la Fat Boy avec des lignes extrêmement épurées. Elle est constituée d’une part d’un châssis cylindrique qui reprend exactement le même diamètre que celui du plateau. Cette pièce est fabriquée en aluminium usiné et entièrement poli dans les ateliers de Transrotor outre-Rhin. C’est un bloc massif d’une seule pièce et dont la surface supérieure est parcourue par des sillons creusés à même le métal. Cette opération n’a pas du tout été faite pour des raisons esthétiques mais pour casser toutes les vibrations de surface émanant de l’entrainement entre autres. Ce châssis repose sur 3 pieds taillés dans le même métal et réglables en hauteur facilement. L’utilisatieur aura donc la facilité de pouvoir mettre parfaitement sa platine à niveau avec ce système. Au centre de ce châssis est solidement fixé un palier à roulements en laiton et dont le fond est pourvu d’une bille en céramique. C’est là que l’axe en acier de ce que nous pourrions appeler la contre-platine vient se poser. En manipulant ces deux pièces, il apparaît que l’usinage est extrêmement bien réalisé éliminant de fait tout risque de friction, ce qui a comme avantages une rotation d’une remarquable fluidité et une absence de toute vibration à ce niveau.
Le plateau est également fait à partir d’une seule et même pièce d’aluminium chromé, qui avoue un poids plus qu’honorable de 7 kg. Sur la face inférieure, nous retrouvons également le même principe de sillons creusés à même le métal et pour les mêmes raisons évoquées plus haut. Lors de l’utilisation de cette platine, ce plateau est coiffé d’un couvre plateau en acrylique noir mat qui va se trouver, lui-même, affublé d’un palet presseur en métal avec une gorge en plastique.
Outre sa forme toute en rondeurs et élégante, le châssis a été conçu pour que cette platine soit totalement évolutive. Pour cette raison, un trou de parfaitement cylindrique a été creusé en fond de châssis. Il servira à y loger le bloc moteur suivant la configuration voulue ; nous y reviendrons. D’autre part, la Transrotor Max peut accueillir deux bras de lecture différents. Pour ce faire, le châssis dispose d’inserts dans lesquels viennent se fixer les supports pour les bases des bras. Ce sont deux tiges métalliques qui offrent l’avantage de pouvoir placer cette base du bras à la distance voulue. La transrotor Max peut donc accepter des bras de lecture entre 8 et 13 pouces. Ces bases de bras sont des cylindres creux tout en métal comme le reste de la platine. Ils sont taillés expressément pour le type de bras choisi et sont proposés d’origine dans le catalogue Transrotor (se renseigner sur les tarifs via votre distributeur).
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Transistor Max : 2 configurations moteur au choix
Cette platine est livrée d’origine avec un bloc moteur totalement indépendant qui se place à la gauche du châssis. Ce bloc moteur en métal reçoit ses tensions via un bloc d’alimentation totalement séparée. Dans cette configuration, et si l’on désire changer de vitesse, il suffit juste de déplacer la courroie d’entrainement sur la gorge adéquate de l’axe du moteur. Ce moteur synchrone est découplé de son logement par une mousse amortissante, le bloc lui-même représentant déjà un poids non négligeable.
Mais l’utilisateur, s'il le désire, peut ajouter un second bloc d'alimentation(Konstant Eins) dont le rôle est de réguler et de stabiliser les tensions du moteur. C’est déjà un premier avantage, le second étant que le changement de vitesse (33 trm et 45 trm) se fait alors directement sur ce dernier. Dans ce cas, et nous comprenons mieux la présence de la découpe ronde du châssis, le moteur prendra place sous le plateau avec une courroie plus petite. Lee second bloc d’alimentation pourra quant à lui se placer relativement loin de la platine, les cordons étant assez longs pour cela.
La Transrotor Max avec sans son plateau et avec son moteur logé à l'intérieur du châssis
Un bras de lecture Jelco retravaillé et une cellule Goldring Elektra
Transrotor ne réalisant pas de bras de lecture, il fait appel à des fournisseurs externes pour ces éléments : Jelco et SME. La Max, comme d’autres platines de la marque, est donc équipée d’un bras TR 800 S qui est en fait un bras d’origine japonaise Jelco 250 (en version chromé ou noir) qui a subi un certain nombre d’améliorations. C’est un bras en S à cardan de 229 mm avec un porte coquille détachable. D’après ce que nous avons récolté comme informations (Transrotor n’étant pas très bavard), les câbles internes ont été revus comme l’amortissement par huile. Ce bras se termine par une prise DIN, un changement de câble devra tenir compte de cette donnée pour le choix d’un câble plus performant. Pour notre part, nous avons pu essayer cette platine avec un câble O2A Quintescence à 510 €.
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pour ce qui est de la cellule phono, d’origine, la Transrotor Max est dotée d’une Elektra de la marque anglaise Goldring. C’est une MM fabriquée au Japon pour des raisons de coût évident puisqu’elle est vendue seule au prix de 130 €. Son cantilever est en aluminium et le profil de son diamant est de type elliptique. Elle offre un niveau de 7 mV, l’un des plus élevés dans cette catégorie de cellule. C’est une excellente cellule d’entrée de gamme pour cette platine, bien entendu un changement pour un modèle plus performant fera partie des toutes premières améliorations que l’utilisateur pourra apporter à cette platine. La qualité du bras permet de mettre sur cette Transrotor Max une cellule à bobine mobile (MC) de haut niveau sans aucun souci ; bien au contraire.
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Écoute : transparente, claire et modulable
Dans un premier temps, nous nous sommes essayés à tester cette Transrotor Max avec et sans son bloc d’alimentation stabilisée Konstant Eins et nous devons bien avouer que la différence s’entend parfaitement bien. Le bloc d'alimentation optionnel amène un grave plus ferme, une meilleure dynamique générale, mais surtout un haut du spectre plus propre comme si il calmait ce registre avec un soin indéniable. Ce n’est pas nécessairement la première optimisation que nous ferions sur le modèle de base ; une cellule plus haut de gamme comme une à bobine mobile de la même marque nous apparaît comme étant un pas en avant plus significatif. Une fois cette petite comparaison faite, nous sommes restés sur le couple transrotor Max + Konstant Eins pour le reste de ce test. Alors, il se dégage de cette platine allemande un son d’une grande propreté, un son bien dégraissé où les détails des prises de son nous sont restitués avec une remarquable fidélité. Cette platine est tendue, transparente et ne s’encombre pas de mille fioritures ou colorations tout au long de sa bande passante. Le haut du spectre est très vif mais reste tout de même un peu mat même si nous nous disons encore une fois qu’avec une meilleure cellule, c’est sur ce point que cette Max y gagnerait de façon assez nette. Le médium est bien conçu avec une belle matière et le bas du spectre est très détaillé. La Transrotor Max fait partie de ces platines privilégiant l’aspect informatif de la lecture analogique plus qu’un quelconque romantisme dû à des rondeurs exagérées. Manifestement, et à la vue du couvre plateau en méthacrylate, c’est un but que doivent rechercher les ingénieurs de chez Transrotor.
L’image stéréophonique est bien calibrée. Sans dépasser le cadre des enceintes, elle est d’une excellente transparence associant une mise en matière convaincante et un positionnement des sources sonores bien réalisé : nous n’avons en effet aucun mal à les repérer dans l’espace. L’exemple nous en est donné avec le disque "Double Bass" joué par Niels-Henning Ǿrsted Pederson et Sam Jones. Les deux contrebasses se partagent l’espace sonore sans qu’aucune confusion n’apparaisse. L’une à droite et l’autre à gauche, nous percevons nettement la légère différence de timbre de ces deux instruments comme la façon de jouer de ces deux musiciens. La Max descend bas et elle sait le faire avec une tension remarquable. Elle a un côté « solide » mais jamais dure ou agressive même si elle se ballade toujours sur le fil du rasoir. Même chose sur la guitare de Philip Catherine où nous sentons bien la tension des cordes comme le jeu de ce musicien, même si l’on souhaiterait entendre plus d’harmoniques supérieures sur cet instrument. Cette Transrotor a un caractère qui met en avant la rigueur bien plus que la chaleur. Elle ne va rien arranger si un album souffre de duretés, bien au contraire.
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Cette image bien construite se retrouve sur le disque de Melanie De Biaso "No Deal". La voix de cette chanteuse se campe devant nous avec un réel aplomb. C’est détouré et plein de contraste laissant cette interprète nous emmener dans ses mélodies. D’autre part, la différence entre sons directs et réverbérés est super nette, ce qui consolide nos avis sur cette platine pour qui la définition et la clarté sont des valeurs essentielles. La clarinette sonne très juste en restant bien détachée du piano de Pascal Mohy comme de tout le jeu du batteur Dre Pallemaert. Le caractère de chaque instrument est respecté et nous apprécions particulièrement l’application que met cette platine à bien reproduire toutes les nuances du synthé basse comme de toutes les petites sonorités qu’ajoute Pascal Paulus à ce disque lui donnant une ambiance assez particulière. Et nous sommes passés à de la musique plus actuelle avec l’album "Best Of Dire Straits & Mark Knopfler". Là pas de surprise, la dynamique et la rapidité sont bel et bien là. La Transrotor Max ne fait pas dans la tendresse mais elle a un vrai pouvoir de séparation qui fait apparaître chaque nuance dans le jeu de ce guitariste. On sent que cette platine s’en donne à cœur joie sur ce style de musique grâce à ses capacités de rapidité ; avec elle rien ne traine. Les coups sur la caisse claire de la batterie sont francs tandis que ceux de la grosse caisse ne souffrent d’aucune lourdeur.
Conclusion
La Transrotor Max est une platine bien pensée pour extirper chaque détail d’une prise de son. Elle est, en cela, d’une précision redoutable, quitte parfois à en devenir intransigeante quant à la qualité des enregistrements ou du pressage de certains vinyles. De plus, elle offre des possibilités d’optimisation vraiment intéressantes comme son alimentation stabilisée Konstat Eins, la pose ou le changement de son bras de lecture et le porte-cellule détachable qui laisse à l’utilisateur la possibilité d’avoir plusieurs cellules. Une platine dont il est possible de tirer la quintessence au fil du temps. Une vraie évolutivité donc, ce qui est assez rare à ce niveau.
La Transrotor Max décortiquée par On-Mag
Système d’écoute
Préampli phono Jolida JD9 à tubes
Enceintes Grand Cru Horizon + Amphion Argon 3S
Câbles de modulation : Esprit Eterna
Câbles secteur Nordost et barrette Supra
Câbles enceintes : Esprit Eterna
Spécifications
- Châssis : Aluminium solide
- Plateau : Aluminium (7 kg environ)
- Moteur : Indépendant, sans contact avec le châssis
- Entraînement : Par courroie
- Base de bras : Réglable à l’infini
- Equipement standard : 1 bras de lecture Transrotor 800-S (229 mm)
- 1 cellule de lecture Goldring Elektra
- Alimentation: Konstant Eins séparée, avec adaptateur secteur (en option à 490 €)
- Dimensions (L x P x H) : 440 x 330 x 170 mm
- Poids : 20 Kg
- Prix : 2 768 € (avec bras chromé ou noir) + 490 € pour le bloc d'alimentation stabilisée optionnel
Notre avis
- Qualité de fabrication : (5/5)
- Design/finition : (4/5)
- Fonctions/équipement : (4,5/5)
- Ergonomie : (4/5)
- Performances sonores pures : (5/5)
- Musicalité : (4.5/5)
- Intérêt : (5/5)