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DVD : Prime Cut

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Notre avis : etoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-griseetoile-grise(3/5)

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jaquette-prime-cutfilm de Michael Ritchie
1972 - en couleurs
Durée : 1h 23’
DVD 9 Nouveau master restauré HD
Version originale Dolby Digital 5.1 & 2.0
Version française Dolby Digital 2.0
Sous-titre français
Format 2.35 respecté

A la croisée des chemins : Supplément de 23’, dialogue sur Prime Cut entre Frédéric Schoendorffer et Jean-Pierre Dionnet

Ce film de 1972 est un peu un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié) dans la carrière de Michael Ritchie. En effet, mis à part la Descente infernale (Downhill Racer, 1969), Votez McCay (The Candidate, 1971), Smile 1975 et ce Carnage (Prime Cut, 1972), on connaît surtout Michael Ritchie pour une série de documentaires et de nanars bon teint dont l’Ile Sanglante (The Island, 1980) qui lui valut une nomination aux premiers Razzie Awards de 1981 (l’équivalent de nos gérards hexagonaux) dans la catégorie « plus mauvais acteur ». Or, manifestement, ce metteur en scène avait du souffle et aurait pu concurrencer dans la vachardise bien des cinéastes américains.

Le thème est très rudimentaire. Un homme envoyé pour recouvrer des dettes auprès d’un propriétaire d’abattoirs à Kansas City est retrouvé sous trois mètres de purin. Un autre se voit renvoyé au créancier, assassiné et transformé en petite saucisse. Le créancier, peu sensible à cette forme d’humour, envoie des tueurs à gages pour régler le problème. Le chef des tueurs à gages (Lee Marvin) s’est fait autrefois faucher sa nana (Angel Tompkins) par le propriétaire de l’abattoir (Gene Hackman). C’est l’occasion de deux grands numéros d’acteur et d’un portrait à charge du Middle West américain pas piqué des hannetons. Comme descente aux enfers et peinture au vitriol du monde paysan, on fait difficilement mieux. Touché par la grâce d’une frêle victime (Sissy Spacek) d’une traite des blanches particulièrement répugnante, Lee Marvin se mue en ange exterminateur. Faut qu’ ça saigne ! Et Gene Hackman et son frère (Gregory Walcott) vont devoir baliser.

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La qualité du film réside précisément dans les outrances (voire les invraisemblances) stylistiques : le bonhomme transformé en saucisses dans l’abattoir, sans qu’un des ouvriers bouchers s’en aperçoive ; la moissonneuse-batteuse qui dévore littéralement une voiture ; les filles droguées, à poil sur de la paille, dans des enclos à bestiaux et vendues au kilo comme de la bidoche. On est dans du spectacle, un peu grand-guignolesque mais impressionnant, ce qui n’exclut pas une lecture au deuxième degré. On le voit aux clins d’œil du cinéaste qui a sans doute de gros sabots, mais n’est pas dupe : la pancarte, au début du film, qui recommande aux éleveurs de bétail de ne pas maltraiter les animaux, ou encore l’illustration de l’expression « poignarder à coups de saucisses plates » dans la scène de la mort de Gregory Walcott, plus vraie que nature. Cela donne également de belles images, comme celles de Lee Marvin dans les champs de blé qui a dû inspirer Yves Boisset pour son « Canicule » de 1984, avec un Lee Marvin dans un champ de blé en Beauce. Ou bien comme celle des justiciers arrivant sous un ciel d’orage, plombé à souhait et sentant la tornade. Ou encore la scène du restaurant, avec un Lee Marvin classieux enseignant discrètement à sa protégée l’art de se servir d’une cuiller à soupe. Ou encore la rencontre entre Angel Tompkins avec son ex, ou l’échec de la vamp.

A eux deux, bien sûr, Gene Hackman et Lee Marvin tirent le film hors des sentiers battus. Gene Hackman en crapule jouisseuse, brute au milieu des pedzouilles aussi brutaux que lui, immoral et sûr de lui. Lee Marvin en tueur froid, implacable, qu’une certaine idée de la justice et de la morale gagne après sa rencontre avec l’innocence bafouée et transforme presque en gentleman élégant. Mais les seconds rôles sont eux aussi excellents : Gregory Walcott en brute épaisse fascinée par son frère, Sissy Spacek en angélique victime, ou Angel Tompkins en femme fatale diaboliquement belle, mais terriblement perverse.

La musique de Lalo Schifrin participe, elle aussi, au succès de ce film-pamphlet.

Le film de Michael Ritchie n’est certes pas de la dentelle du Puy, mais il faut dire que 1972 n’était pas non plus une année bien légère aux Etats-Unis, brillante réélection de Nixon, guerre au Vietnam qui s’éternise, bref, de quoi avoir envie de signaler au peuple américain qu’il ne vit sans doute pas dans le paradis qu’on lui raconte. Mais dans un « cauchemar climatisé » comme disait Henry Miller.

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Ce film a fait scandale aux Etats-Unis, ce qui était normal et voulu.

Ce nouveau master restauré HD devrait rendre un bel hommage posthume à Michael Ritchie et montrer qu’il n’a pas tourné que des nanars.

Le supplément, de vingt-trois minutes, qui voit le cinéphile Jean-Pierre Dionnet et le metteur en scène Frédéric Schoendorffer dialoguer sur la singularité de ce film, est intelligent et ne verse pas dans l’hagiographie coutumière du genre. Il souligne les occasions manquées par le cinéaste, mais aussi sa singularité.

Extraits

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