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DVD : "Transes" d’Ahmed El Maanouni

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Notre avis : etoile-bleueetoile-bleueetoile-bleueetoile-bleueetoile-grise(4/5)

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  • Maroc
  • Année : 1981
  • Nouveau master restauré
  • Version originale, sous-titres français
  • Format 1.66 respecté, Couleurs
  • Durée : 1h 26’
  • Genre : documentaire social et musical

Ce film fait partie du coffret de 4 DVDs de la World Cinema Foundation, mais est aussi vendu à part

Scénario

Le film présente le phénomène social et politique que représente le groupe Nass El Ghiwane. Ce groupe musical issu du théâtre populaire marocain a commencé à chanter au début des années 70 en arabe dialectal des mélodies ancrées dans les mémoires et des textes traitant de la situation des gens du peuple. Lesquels se sont reconnus dans ces chansons au point de faire de ces « Rolling Stones » arabes, comme l’a dit Martin Scorsese, leur porte-parole en quelque sorte. A une époque où le mot « censure » (sous Hassan II) couvrait une réalité cruellement dramatique. On le voit très bien dans ces concerts publics où une foule importante de flics, en uniforme et en civil, est plantée debout entre les musiciens et le public. Les phénomènes de transes, aussi bien du public que des musiciens, qui sont pris à leur propre jeu, est tout bonnement époustouflant.

Commentaire artistique

Ce document, très bien filmé et monté par Ahmed El Maanouni, montre à quel point est irrésistible le besoin d’expression d’un peuple sous n’importe quelle oppression. Reprenant des mélodies, des rythmes, des mélopées ancestrales, le groupe Nass El Ghiwane a su, en jouant d’instruments traditionnels (bendirs, derboukas, guembris, qarqabous, flûtes traditionnelles, banjos sans frettes) et en chantant une langue, le marocain, compréhensible par le public, est entré en communion complète avec le peuple jusque là abreuvé de musiques en arabe classique (Oum Qaltsoum, Fairouz, Farid El Atrache) qui lui étaient foncièrement étrangères. C’est un peu la même démarche qui avait inspiré Abdelkader Alloula, le dramaturge algérien assassiné au début des années de plomb. Les paroles, même largement codées pour éviter la répression, trouvaient un écho chez ses auditeurs pour qui la transe était une traduction corporelle. On voit dans ce film superbe des gens littéralement ivres de cette expression qu’ils jugent leur. La liberté, l’authenticité, la vérité, dans leur langue, avec leur musique, les saoulent complètement, hommes et femmes, jeunes et vieux, sans distinction. Entendre et dire à haute voix le malheur des gens a été un soulagement, une véritable catharsis, dans le pays d’Hassan II, où chaque famille comptait quelqu’un qui avait été torturé, emprisonné ou assassiné. La caméra d’Ahmed El Maanouni qui filme les visages, au lieu de filmer les mains des instrumentistes, qui incorpore des images d’archives (les transes de chagrin lors des funérailles Mohamed VI), qui montre la réalité de la vie dans les quartiers pauvres de cette époque, est une caméra intelligente, qui n’oublie pas les côtés sombres de la tradition (superstitions, situation des femmes) et les limites du phénomène Nass El Ghiwane. Elle montre également, comme sans le vouloir, l’omniprésence de la flicaille, interposée entre le peuple et les musiciens, et donc sa fragilité extrême car on voit bien que le régime ne tenait que par sa brutalité. Ahmed El Maanouni, avec « Transes » est un témoin.

Bonus

  • Transes, c’est toute une histoire (Durée : 21’)
    Trois intervenants du film, le metteur en scène lui-même, Ahmed El Maanouni, la productrice Izza Génini et l’un des acteurs-musiciens-chanteurs, Omar Sayed, racontent comment s’est développée l’aventure du groupe Nass El Ghiwane, né dans l’un des quartiers les plus pauvres de Casablanca. Et la chance qu’il a obtenue d’avoir été remarqué par le grand Martin Scorsese lui-même, dont l’un des premiers soucis a été de sauver ce film de la disparition.
  • La restauration du film (Durée : 4’)

Plus d'infos sur : www.carlottavod.com

DVD et coffret disponibles su Amazon

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