Actus Blu-Ray/DVD « Le Cousin Jules » : une superproduction intimiste…

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Dans la campagne bourguignonne, vit un couple d'octogénaires. Jules est forgeron et passe ses journées à créer des objets en fer. Sa femme, Félicie, s'occupe du potager, prépare leurs repas et partage avec lui le café dans la forge. La simplicité de leur routine quotidienne nous immisce dans l'intimité d'une relation de toute une vie…

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Titre original : Le Cousin Jules
Support : blu-ray
Genre : documentaire et fiction
Année : 1972
Réalisateur : Dominique Benicheti
Casting : Jules et Félicie Guiteaux, Claude et Adrienne Chaudat, Paul Rabut, Marie Cordelier
Durée : 1 h 31 mn 52
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,35/1 (Techniscope)
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 stéréo français - PCM 2.0 stéréo français
Bonus HD : Le temps scellé, entretien exclusif avec le directeur de la photographie Pierre-William Glenn (20 mn 11) - À l'origine d'une restauration, filmé en 2008, Dominique Benicheti explique les techniques de son film et la restauration qu’il a entreprise (11 mn) -
rushes et archives du tournage : images inédites avec la majorité de l’équipe (10 mn 49) - bande annonce 2015 (1 mn 13)
Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Filmé entre avril 1968 et mars 1973 à Torpes près de Pierre-en-Bresse en Bourgogne, ce film ne ressemble à aucun autre : ce n’est pas une fiction car il décrit précisément le quotidien d’un forgeron et son épouse (et quelques voisins), en l’occurrence un cousin éloigné du réalisateur, mais ce n’est pas non plus un documentaire car chaque scène a été minutieusement réfléchie avec une photographie préalable, puis écrite, « storyboardée » et éventuellement rejouée par ces "acteurs" non professionnels. Pour cette « fiction réaliste », à laquelle il travaille dès sa sortie de l’IDHEC, Dominique Benicheti fait des choix techniques inattendus et progressistes : l’écran large, procédé italien Techniscope à 2 perforations et la prise de son stéréo ; on sait qu’il aurait aimé tourner son film en relief (ce qu’il tentera partiellement en 2010) ! Le film décrit la vie régulière de Jules, avant et après la mort de sa femme Félicie, et le montage final correspond à un tournage étalé sur cinq années. Le parti pris est singulier : filmer la vie d’un forgeron dans sa banalité quotidienne avec les moyens d’une superproduction ! Mais, grâce à ces choix techniques ainsi qu’à l’exaltation «autoritaire» de son auteur et au sens artistique des deux directeurs photos, Paul Launay et Pierre William Glenn, ce film sans aucun dialogue (ou presque) et sans commentaire transcende la réalité. Les longs plans, fixes ou mobiles, offrent au regard fasciné du spectateur une plongée dans une vie d’un autre temps avec ce rythme si particulier qui s’impose par la seule efficience du tournage et du montage. Les travellings sophistiqués et l’ampleur des moyens techniques retenus confèrent à ce « documentaire » la dimension épique d’un grand film hollywoodien, ce que l’on n’espérerait pas du décor naturel campagnard, de ce coin de Bourgogne avec sa faune et sa flore ! Il est temps de redécouvrir cet étonnant constat d’une fin d’époque qui conserve, intacte, l’émotion d’un authentique spectacle, loué et récompensé partout où il projeté. La superbe restauration de 2012 a parfaitement transmise la beauté picturale de cette description paysanne filmée comme les tableaux des grands maitres et l’on applaudit sans réserve les partis pris de réalisation. Espérons qu’un jour, une version relief apporte le degré de technicité supplémentaire tant souhaité par son auteur.

Commentaire technique

La restauration entreprise par le réalisateur (bonus) mais arrêtée par sa mort inopinée a été faite par le Laboratoire Arane-Gulliver avec l’aide de la Film Society of Lincoln Center et du soutien de la Gould Family Foundation de New York. La copie HD en version 2K possède une image très bien définie, sans aberration, avec une colorimétrie naturelle, un étalonnage bien contrasté en intérieur et plus diffus en extérieur (dû à l’émulsion Kodak retenue), un grain léger et la disparition des défauts ; le mixage français stéréo offre une image très réaliste qui respecte bien la prise directe à deux micros (stéréo de phase) et cette impression de naturel si particulier à ce procédé. Si Dominique Benicheti avait eu le temps de mener à bien son projet de transformer son film en relief, nul doute qu’il aurait aussi choisi un procédé sonore multicanal…