Actus Blu-Ray/DVD « Une Histoire immortelle » : un téléfilm d’auteur…

Blu ray Une Histoire immortelle

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

En 1880, Charles Clay, un riche marchand américain de Macao, décide de donner vie à une vieille légende : un marin aurait reçu cinq guinées d'un vieillard pour passer la nuit avec sa jeune et belle épouse. M. Clay trouve alors une jeune fille de « 17 ans » pour jouer le rôle de sa femme, et il l'offre à Paul, un matelot de passage…

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Titre original : Une Histoire immortelle - The Immortal Story
Support : blu-ray
Genre : drame
Année : 1968
Réalisateur : Orson Welles
Casting : Jeanne Moreau, Orson Welles, Roger Coggio, Norman Eshley, Fernando Rey
Durée : 57 mn 32 (version anglaise) - 50 mn 27 (version française)
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,66/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
Bonus : Orson Welles ou le pouvoir de l'illusion, documentaire réalisé par Dominique Maillet, avec les témoignages de Françoise Garnault, Olivier Gérard, Willy Kurant et François Thomas (HD, 46 mn 25) - Bande-annonce (2 mn 32)
Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Tournée en coproduction avec l’ORTF, produite par Jeanne Moreau, cette adaptation d’une nouvelle de Karen Blixen « L’Éternelle histoire » a été filmée en deux versions, anglaise, la plus longue, et française, plus courte destinée à la télévision. Sous l'apparence anodine d’un récit imbriqué, Orson Welles, pour son premier film en couleurs, transpose le récit en multipliant les indications allusives afin de mieux traiter du rapport entre mythe et réalité. L’analyse peut en effet aisément pointer des références littéraires (Paul et Virginie, Robinson Crusoé, Le Juif errant), mythologiques (le Golem) et même cinématographiques (le coquillage qui renvoie au Rosebud de Citizen Kane) qui parsèment le film. Comme à l’habitude, le cinéaste avait une conception très personnelle de la mise en scène dont l’unique but était de faire ressentir au spectateur l’intemporalité de cette histoire éternelle par un quasi ascétisme visuel. Insatisfait de son chef-opérateur et de son cadreur, il congédie son équipe après quelques jours de tournage et fait appel à Willy Kurant. Ce dernier, free-lance ayant travaillé avec Jean-Luc Godard, change radicalement la méthode de tournage (cf., bonus) jouant essentiellement sur l’éclairage (technique légère déjà utilisé sur Citizen Kane) afin d’obtenir une apparence de profondeur de champ par un jeu savant de lumières et en « bricolant » la technique (caméra portée…). L’illusion de Macao est donnée par un tournage… à Rueil Malmaison qu’Orson Welles va filmer à l’économie en obtenant une austérité visuelle impressionnante, en particulier par l’omniprésence de son énorme siège bergère (ce qui lui permettra de se filmer indépendamment pour les plans rapprochés) dans un décor sévère. L’exigence et la rigueur chères au cinéaste sont de mise pour ce téléfilm ambitieux : ce qui à l’écran parait un montage classique exigera plusieurs mois de travail avec de savants changements de plans, voire d’images, et de faux-raccords (comme l’explique dans le bonus la monteuse Françoise Garnault) et il aurait réalisé plusieurs dizaines de versions avant d’être satisfait. D’un simple téléfilm, le réalisateur tire une œuvre plus complexe que ne le suggère sa forme dépouillée, abordant le thème fondamental de la maîtrise du créateur sur ses personnages (Charles Clay et/ou Orson Welles) et de son corollaire, la mort. Outre l’intérêt de sa restauration, cette édition HD nous offre la possibilité de comparer les montages différents des deux versions linguistiques.

Commentaire technique

Copie HD restaurée, bonne définition mais pas exceptionnelle, granulation, bon contraste respectant les jeux d’éclairage de Willy Kurant, parfois images plus douces presque surexposées à signification onirique, colorimétrie chaude, ton saturés ; mixages anglais et français clairs, dynamiques, équilibrés.