Actus Blu-Ray/DVD « Heimat 1 Une Chronique allemande 1919-1982 » : un chef-d’œuvre restauré…

Note artistique : (5/5)

Synopsis

En 1919, dans le village de Schabbach, en Rhénanie, Maria s’éprend de Paul tout juste rentré de la guerre. Mais il la quitte subitement pour les États-Unis tandis que Maria, restée au village, élève seule leurs deux fils. Le XXe siècle, ses progrès techniques et ses grands drames – la montée du nazisme, la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide – emportent dans leur sillage les destinées individuelles de la petite communauté rurale…

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Liste des épisodes

La Nostalgie du vaste monde (1919-1928) (Fernweh 1919-1928) 1 h 59 mn 37
Après la guerre, Paul revient dans son village de Schabbach. Il tombe amoureux de Maria et l'épouse. De leur union naissent deux enfants : Anton et Ernst. Un jour, Paul disparaît sans laisser de trace.

Le Centre du monde (1929-1933) (Die Mitte der Welt 1929-1933) 1 h 29 mn 49
Personne ne sait que Paul est en Amérique. À Schabbach, Maria élève seule leurs deux fils. Eduard, le frère de Paul, part à Berlin où il rencontre Lucie, la patronne d'un bordel. Il l'épouse. De retour à Schabbach, Eduard devient membre des S.A.

Un Noël extraordinaire / Sur les routes du Reich (1935-1938) (Weihnacht wie noch nie 1935 / Reichshöenstrasse 1938) 1 h 53 mn 49
Eduard est devenu maire de Schabbach et Lucie le pousse à taire carrière au parti nazi. Wilfried, le frère de Maria, rentre de Berlin pour Noël en uniforme d'officier SS. En 1938, des centaines d'hommes viennent travailler à une nouvelle route. Maria fait alors la connaissance d'Otto Wohlleben et Martina, une ancienne« employée» de Lucie arrive à Schabbach ...

Fuite et retour / A l’Arrière comme au front (1938-1943) (Auf und davon und zurück 1938/39 / Heimatfront 1943) 1 h 52 mn 50
Une idylle de courte durée se noue entre Maria et Otto, car Paul réapparaît. En 1939, la guerre éclate. Lors d'une mission, Otto rencontre Ernst, le fils de Maria, qui lui apprend que sa mère vient de donner le jour à un petit garçon dont il est le père. Wilfried évoque un soir l'extermination des juifs.

L’Amour des soldats / L’Américain (1944-1947) (Die Liebe der Soldaten 1944 / Der Amerikaner 1945-1947) 2 h 36 mn 21
Otto est de passage à Schabbach et fait la connaissance de son fils, Hermann. La guerre s'achève et Lucie fraternise rapidement avec les GI. Paul, qui a fait fortune en Amérique, revient au village. Maria lui réserve un accueil glacial. Anton, qui avait été fait prisonnier en URSS retrouve enfin les siens.

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Le Petit Hermann (1955-1956) (Hermännchen 1955/56) 2 h 18 mn 46
Anton et Ernst développent l'un et l'autre leur entreprise, avec plus ou moins de succès. Maria nourrit de grands espoirs et souhaiterait qu'Hermann devienne ingénieur, comme son père. Il ne rêve que de littérature, de poésie, de musique ... et de Klarchen, de onze ans son aînée. La famille d'Hermann découvre cette liaison et réagit violemment. Plus rien ne retient le jeune homme au village.

Les Fières années / La Fête des vivants et des morts (1967-1982) (Die stolzen Jahre 1967-1969 / Das Fest der Lebenden und des Toten Herbst 1982) 2 h 38 mn 15
Anton, Ernst et Hermann poursuivent leur entreprise. Hermann sollicite l'aide de Paul à la veille du concert de sa première œuvre électroacoustique. Née au début du siècle, Maria meurt à 82 ans. Toute la famille, Paul compris, assiste à ses funérailles. Ses trois fils se retrouvent dans la maison de leur enfance et sont submergés par les souvenirs.

Titre original : Heimat - Eine deutsche Chronik
Support : DVD
Genre : série télévisée, drame
Année : 1980-1984
Réalisateur : Edgar Reitz
Casting : Marliese Assmann, Eva Maria Bayerwaltes, Helga Bender, Gabriele Blum, Gudrun Landgrebe, Arno Lang, Zarah Leander
Durée : 14 h 49 mn 27
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,66/1 noir et blanc et couleur
Sous-titrage : français
Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique allemand
Bonus : entretien avec la productrice Margaret Ménégoz (8 mn 48)
Éditeur : Potemkine & agnès b.

Commentaire artistique

Le titre Heimat, presque intraduisible en français, possède de nombreux sens. Ce terme, perverti par l’idéologie nazie, resurgira dans les années 50 pour désigner les Heimatfilme, des films de terroir dont l’intrigue manichéenne se déroule dans un contexte provincial. Le réalisateur, en lui redonnant sa dimension universelle, s’autorisera à utiliser le mot comme titre global de son ambitieuse série. Cette trilogie monumentale illustre l’évolution d’une notion si complexe qu’Edgar Reitz dut inventer Schabbach, un village situé dans le Hunsrück, pour en matérialiser les différentes étapes : le passage de la région de résidence (série 1) à l’ouverture au monde (série 2) et enfin à l’Europe (série 3). La force de cette saga, devenue culte en Allemagne, réside cependant dans sa portée qui outrepasse largement son ancrage germanique et qui s’applique à bien des pays européens. Filmée entre 1981 et 1982, cette première série nécessita des moyens colossaux : 28 interprètes, 5000 figurants, une année de montage pour aboutir à plus de 15 heures de film ! Le fil directeur de la série est le récit de la vie à Schabbach de Maria Wiegand depuis son mariage avec Paul Simon jusqu’à sa mort. Edgar Reitz, par ce biais, pouvait aborder le sujet crucial de l’Allemagne d’après-guerre et son émergence comme une nation du vingtième siècle. Destinée à la télévision, la série suscitera un engouement populaire sans précédent et sera projetée à Venise et Nanterre. Outre son réalisme documentaire (filmé en décors naturels, parlé en dialecte local) et la qualité irréprochable de l’interprétation d’acteurs peu connus et de non-professionnels, la beauté artistique de l’ensemble dépasse le simple produit formaté. Les images, tournées en 35 mm, possèdent un esthétisme indiscutable ; adepte du film d’art, le cinéaste a aussi choisi l’expérimentation en filmant son histoire en noir et blanc tout en réservant la couleur aux scènes capitales, une démarche que l’on retrouvera chez Wenders et Tarkovski. La série se caractérise, contrairement à l’habitude, par un minutage variable des épisodes afin de correspondre à une approche chronologique plus réaliste de l’histoire. Victime du temps, les négatifs originaux avaient subi des transformations chimiques, qui les avaient décolorés, et un vieillissement différentiel selon les bobines ; le réalisateur a dirigé la numérisation restauration de cette version en sept épisodes selon le montage destiné à sa projection en salles. Cette jeunesse technique retrouvée encourage à voir et revoir un fleuron de la télévision mondiale, un authentique chef-d’œuvre.

Commentaire technique

Copies SD, remastérisées en 2K, très bien définies, très bon contraste, grain de pellicule contenu, excellentes nuances de gris, noirs francs, couleurs chaudes et saturées ; mixage monophonique allemand très clair et sans défaut.

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