Actus Blu-Ray/DVD « Le Voleur de bicyclette » : un classique du néo-réalisme…

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Chômeur depuis deux ans, Antonio Ricci trouve un emploi de colleur d'affiches, mais, alors qu'il pose une affiche de Rita Hayworth, il se fait voler sa bicyclette, outil indispensable dans le cadre de ce métier. Il porte plainte et se lance, accompagné de son jeune fils Bruno, sur les traces du malfaiteur...

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• Titre original : Ladri di biciclette
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1948
• Réalisation : Vittorio De Sica
• Casting : Lamberto Maggiorani, Enzo Staiola, Lianella Carell, Gino Saltamerenda, Vittorio Antonucci, Giulio Chiari
• Durée : 1 h 28 mn 37
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : PCM 2.0 monophonique italien
• Bonus : aucun
• Éditeur : Films sans frontières

Commentaire artistique

Oscar du meilleur film étranger en 1949, ce classique du 7e Art a été réalisé par Vittorio de Sica, acteur et metteur en scène, un des artistes qui a inventé le « néo-réalisme ». Ce terme indique l’intention du cinéma postfasciste de montrer crûment la réalité occultée par le régime mussolinien et la détresse de la société italienne d’après-guerre. Le néo-réalisme est caractérisé par une réalisation qui se donne l’allure d’un documentaire avec un tournage en décors naturels sans éclairage sophistiqué et avec des acteurs généralement non professionnels. Le récit de Cesare Zavattini, scénariste attitré de De Sica, se voulait une peinture sociale sans fard de l’économie italienne au sortir du conflit par le biais d’une histoire simplissime qui raconte les conséquences incalculables d’un banal vol de bicyclette. Le propos de cette intrigue sans action est de partager, le temps du film, la vie d’un homme ordinaire qui sera traitée comme un reflet de la réalité sans la déformation habituelle de la dramaturgie. L’acteur principal Lamberto Maggiorani, d’une saisissante vérité, est d’ailleurs un ouvrier authentique qui n’avait jamais fait de cinéma, pas plus que le jeune Enzo Staiola, bouleversant, qui fut recruté dans la rue comme tous les autres interprètes. Évitant toute affèterie, la caméra de De Sica saisit les acteurs avec la véracité d’un tournage « sur le vif » dans la ville. Malgré son intention, le récit est loin d’être lénifiant et multiplie les péripéties avec une logique naturaliste incroyablement captivante : le sort inexorable qui s’acharne sur le protagoniste, un perdant broyé par le système, fascine d’autant que la présence de son fils, symbole de l’innocence plongée dans cette misère généralisée, constitue un contrepoint émotionnel émouvant. L’habileté du scénario et l’intelligence de la mise en scène hissent le fait divers au rang d’œuvre universelle, chacun pouvant ressentir la prise de conscience du héros dépossédé de son outil de travail et poussé à devenir lui-même un voleur de bicyclette : la question du bien et du mal est abordée sans ambigüité. Cet engrenage diabolique apparait comme le résultat du poids inexorable de la société sur l’individu et résume un constat social cruel et sans concession. Le film possède une complexité que son intrigue ne laisse pas imaginer et brasse de nombreux sujets sur le chômage et la désillusion, sur les rapports générationnels, sur la crise économique, etc. L’histoire possède la sècheresse d’un reportage, servi par une interprétation qui ne verse jamais dans le pathos et capté presque sur le vif au sein de la population romaine, un aspect qui s’est d’ailleurs amplifié avec le recul. En revoyant ce chef-d’œuvre, on apprécie tout autant son caractère d’archive, véritable témoignage visuel sur l’Italie des années 40, que son importance cinématographique, avec cette description sociale, féroce et intemporelle, fleuron du courant néo-réaliste.

Commentaire technique

Copie HD en version restaurée, très bien définie, excellent contraste, gamme de gris nuancée, noirs profonds, léger grain, rares défauts ; mixage PCM monophonique italien homogène, léger souffle, pas de saturation, dialogues clairs tirant vers le grave.