Actus Blu-Ray/DVD « Le Flic ricanant » : dans les bas-fonds de San Francisco…

Note artistique : (4/5)

Synopsis

San Francisco, dans les années 70, un inconnu pénètre dans un bus nocturne et en mitraille les passagers. Bilan : huit morts, dont un inspecteur de police. Son ami et partenaire, le cynique Jake Martin, mène l'enquête selon des méthodes très personnelles, secondé par une jeune recrue, l'arrogant Leo Larsen. L'œuvre d'un fou, d'un serial killer ? Plutôt que de suivre la piste officielle, Martin obéit à son instinct, convaincu que le carnage trouve son origine dans une vieille affaire…

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• Titre original : The Laughing Policeman
• Support : blu-ray
• Genre : policier
• Année : 1973
• Réalisation : Stuart Rosenberg
• Casting : Walter Matthau, Bruce Dern, Louis Gossett Jr., Albert Paulsen, Joanna Cassidy, Anthony Zerbe
• Durée : 1 h 47 mn 17
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : Le Paradis suédois selon Maj Sjöwall et Per Wahlöö raconté par François Guérif, directeur de la collection Rivages Noir (21 mn 51) - bande annonce (3 mn 35) - la restauration (2 mn 05)
• Éditeur : Rimini Editions

Commentaire artistique

Le scénario de Thomas Rickman adapte le roman « Le policier qui rit » (anciennement « Le massacre de l’autobus ») qui constitue la troisième enquête menée par Martin Beck. Ce policier est le héros du « Roman d’un crime », suite de dix volumes publiés entre 1965 et 1975 par Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Clairement expliqué par François Guerif (cf., supplément), ces auteurs engagés décrivent tout autant des crimes de droit commun que symboliquement celui de la société capitaliste contre les travailleurs. Le cycle des enquêtes confèrent à la trame policière la valeur d’une dénonciation des effets néfastes du libéralisme qui tout en engendrant une société « parfaite » n’a pas bannit le crime. « Le policier qui rit », publié en 1968, situait son intrigue dans la société suédoise de Stockholm ; le film de Stuart Rosenberg transpose (production oblige) l’action à San Francisco et change le nom de Martin Beck en Jake Martin. Malgré les libertés prises par l’adaptation, ce film policier respecte le fond du roman, insistant sur une société dont la dimension sordide est masquée par la banalité des apparences mais que les méandres de l’enquête vont révéler progressivement. La mise en scène très efficace de Stuart Rosenberg avec des scènes d’action mémorables (la tuerie dans l’autobus, l’assaut d’un immeuble…) possède, en dépit de son caractère hollywoodien, l’authenticité propre au documentaire qui explorerait les bas-fonds de la ville. De la banalité de la vie quotidienne du héros, Walter Matthau exceptionnel en flic désabusé et accablé, à la description clinique des évènements (la scène de crime, l’examen médical des blessés) et à la dimension annonciatrice d’une libération des mœurs, le naturalisme de la réalisation renforce l’âpreté du constat. La mécanique alambiquée de l’enquête est brillamment servie par un habile découpage et par le réalisme de la photographie de David M. Walsh. Il a su exploiter les décors urbains de San Francisco en valorisant la sensation étriquée suggérés par certains lieux (parking, couloirs, escaliers…) et métaphoriques des dessous de la société. Le casting est excellent, spécialement Bruce Dern en coéquipier inattendu. Dommage que le cinéaste ne développe pas plus la dissemblance (classique) entre les deux hommes. Cependant en dépit de la multiplicité des personnages, chaque caractère existe à l’écran, et confère au récit une vraie dimension humaine. Un polar remarquable qui a cependant plus favorisé la violence du film d’action que la dénonciation sociale du roman. À découvrir sans hésiter.

Commentaire technique

Nouveau master haute définition restauré (Technicolor Creative Services), copie HD assez bien définie, légère granulation, colorimétrie chaude, tons saturés, pas de défauts majeurs de pellicule ; mixage anglais 2.0 frontal, centré, dynamique, équilibré, sans distorsion, VF avec voix mixées trop en avant