Actualités Blu-ray/DVD « Ben-Hur » : un remake sans âme…

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Judah Ben-Hur, un prince juif, est accusé à tort de trahison par Messala, son frère adoptif et officier de l'armée romaine. Déchu de son titre, séparé de sa famille et de la femme qu'il aime, Judah est réduit à l'esclavage jusqu'au jour où, proche de la mort, il est sauvé par Ilderim, un mystérieux marchand et organisateur de courses de chars. Judah décide alors de revenir sur sa terre natale pour accomplir sa vengeance et défier son frère dans l'arène…

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• Titre original : Ben-Hur
• Support : blu-ray
• Genre : épique, péplum biblique
• Année : 2016
• Réalisation : Timur Bekmambetov
• Casting : Jack Huston, Toby Kebbell, Rodrigo Santoro, Morgan Freeman, Nazanin Boniadi, Pilou Asbaek, Ayelet Zurer
• Durée : 2 h 03 mn 19
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,40/1
• Sous-titrage : français, allemand, danois, espagnol, finlandais, italien, japonais, néerlandais, norvégien, suédois, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 7.1 anglais - Dolby Digital 5.1 français, allemand, espagnol, italien, japonais
• Bonus : Ben-Hur l'héritage (10 mn 37) - un casting épique (12 mn 10) - une histoire contemporaine (15 mn 25) - la course de chars (10 mn 37) - un récit du Christ (11 mn 32) - scènes coupées et versions longues : discussion, autorisation, adieu, réunion, Juda espionne Messala, sers-toi, la vie est pire que la mort (10 mn 23)
• Éditeur : Paramount MGM

Commentaire artistique

On ne félicitera pas les scénaristes Keith R. Clarke et John Ridley d’avoir charcuté et déformé « Ben-Hur. A Tale of the Christ », ouvrage célèbre du général Lewis Wallace, dont cette troisième version cinématographique s’avère un remake inutile. Publié en 1880, best-seller en 1900, le roman fut adapté à plusieurs reprises ; outre les deux grands films réalisés à la MGM en 1925 par Fred Niblo et en 1959 par William Wyler, « Ben-Hur » aura été porté à l’écran sous la forme d’un digest muet de Sidney Olcott en 1907, d’un film d’animation de Bill Kowalchuk en 2003 et d’une minisérie de Steve Hill en 2010. La version la plus fameuse reste néanmoins celle de 1959 où Charlton Heston et Stephen Boyd interprétaient Ben-Hur et Messala ; relativement fidèle au roman, elle se distingue par deux moments de bravoure, la bataille navale et, surtout, la course de chars. À une époque où la facilité numérique était inconnue, Ben-Hur fut filmé à Cinecitta en 70 mm en décors grandeur nature (complétés de Matte Painting) et peuplés de figurants réels qui excluaient la texture digitale dont souffrent souvent les films actuels et qui amochent de nombreux plans de la nouvelle version cinématographique. Tout l’intérêt d’un remake, outre le souhait flagrant de profit financier, est de dépoussiérer son modèle et de tenter de le surpasser. C’est raté ! La liberté des scénaristes avec l’intrigue imaginée par Lewis Wallace est critiquable. Ils nous privent du sauvetage de Quintus Arrius après la bataille navale avec ses conséquences scénaristiques c'est-à-dire la célébrité et la richesse de Ben-Hur à Rome. Cet élément essentiel du roman, retenu dans la version de William Wyler, explique comment Judah peut assouvir sa vengeance. L’intrigue du nouveau Ben-Hur ne respecte pas non plus le roman et invente une happy-end non-conforme et catastrophique. Hormis Morgan Freeman très cabotin, le casting de jeunes acteurs est loin d’avoir le charisme attendu ; l’interprétation souffre de dialogues et d’attitudes étonnamment contemporains. Ce parti-pris, destiné à moderniser l’histoire en insistant sur le pardon plus que sur la vengeance, invente un décalage très préjudiciable avec le récit de Lew Wallace clairement situé dans l’antiquité. La mise en scène manque franchement de dimension épique, peu soutenue par une musique sans envergure (loin de la partition grandiose de Miklós Rosza dans la version 59). Timur Bekmambetov se contente, malgré une caméra virevoltante, de filmer banalement cette histoire tragique, traversée de passion et de violence. Ce beau livre d’images est assez peu convaincant, trop apprêté pour un péplum qui n’implique jamais le spectateur et dont le style reste déconcertant avec ses costumes anachroniques (Morgan Freeman) et certains de ses décors extérieurs. Ainsi le tournage à Matera en Italie s’accommode mal de sa configuration topographique sans rapport avec celle de Jérusalem même si ce splendide village avait su séduire Pier Paolo Pasolini pour L’Évangile selon saint Matthieu (1964), Catherine Hardwicke pour La Nativité (2006) et à Mel Gibson pour La Passion du Christ (2004). Clou de tout film sur Ben-Hur, la course de chars manque ici de crédibilité, filmée plus comme une course de Formule 1 que comme un exploit dans le cirque, elle cherche à surpasser la longue et mémorable séquence de la version 1959, 11 minutes sans dialogue et sans musique. Mais en accumulant les accidents, comme dans un jeu de massacre, afin de réduire la confrontation aux seuls deux héros, en augmentant par trucage la vitesse des attelages et en multipliant les cascades, aussi spectaculaires qu’improbables, cette course perd tout son sens et s’apprécie comme une prouesse visuelle dépourvue d’émotion. Dans la lignée des productions modernes d’aventures, cette relecture sans âme du mythe se fera vite oublier tandis que le classique Ben-Hur avec Charlton Heston restera insurpassable.

Commentaire technique

Copie HD précise, aspect très numérique sur certains plans, bon contraste, colorimétrie chatoyante, tons saturés ; mixage anglais 7.1 aux dialogues centrés dynamiques, spatialisation ample mais parfois trop modérées (course de char), bruitages et musique bénéficient de surrounds efficaces, canal LFE sous-exploité, VF moins expansive en Dolby Digital 5.1

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)