Actualités DVD : le cinéma « calligraphique » de Mario Soldati

Note artistique globale : (3,5/5)

Synopsis

Mario Soldati, réputé pour ses nombreuses publications littéraires, débuta au cinéma en 1931 comme assistant et scénariste. Dans les années 40, il devint réalisateur et mit en scène Le Mariage de minuit et Malombra, inspirés de romans d’Antonio Fogazzaro. Ces deux films sont à la source du « calligraphisme », un courant cinématographique italien caractérisé par des films en costumes aux scénarios alambiqués inspirés directement de grandes œuvres littéraires et qui concrétise un rejet de la politique fasciste.

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Le Mariage de minuit : en Lombardie, durant la domination autrichienne, dans les années 1850, le jeune Franco Maironi, petit-fils d'une marquise tyrannique, épouse, contre la volonté de celle-ci, la fille d'un modeste fonctionnaire, Luisa. La vieille marquise persécute alors le couple, déshérite Franco, malgré l'existence d'un testament dont un ami, le professeur Gilardoni, a fort heureusement conservé une copie.

Malombra : la jeune marquise Marina di Malombra vit enfermée dans une villa du lac de Côme. Son oncle, le sévère comte Cesare di Ormengo, l'a recueillie orpheline et sans fortune et a décidé de ne la libérer que le jour de ses noces. Influencée par la solitude, Marina bascule peu à peu dans la folie lorsqu'elle découvre dans une épinette une mèche de cheveux, un gant, une épingle et une confession manuscrite ayant appartenu à sa grand-tante, la comtesse Cecilia, qui a vécu dans la même chambre et qui y a été séquestrée par un mari jaloux voulant lui faire expier une trahison.

• Titre français : Le Mariage de minuit - Malombra
• Titre original : Piccolo mondo antico - Malombra
• Support : DVD
• Genre : drame
• Année : 1941, 1942
• Réalisation : Mario Soldati
• Casting : (1) Alida Valli, Massimo Serato, Ada Dondini, Annibale Betrone, Mariù Pascoli, Giacinto Molteni (2) Isa Miranda, Andrea Checchi, Irasema Dilián, Gualtiero Tumiati, Nino Crisman, Enzo Biliotti
• Durée : 1 h 41 mn 57 - 2 h 09 mn 39
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : MPEG 2.0 monophonique italien
• Bonus : entretien avec Jean A. Gili (12 mn 56, 13 mn 13)
• Éditeur : Bach Films

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Commentaire artistique

Le Mariage de minuit Note artistique : (3,5/5)

Le scénario adapte le roman homonyme qu’Antonio Fogazzaro publia en 1895 et qui est devenu depuis un classique de la littérature italienne. Alida Valli qui interprète l’héroïne Luisa remporta pour ce rôle le prix de la meilleure actrice à Venise en 1941. Alberto Lattuada qui collabora au scénario et à la réalisation (tout comme Dino Risi) considérait ce film comme patriotique ayant réussi à échapper à la censure fasciste et dont le caractère frondeur expliquerait son immense succès populaire. Il faut donc revoir ce film en conséquence : au-delà de la minceur de l’intrigue mélodramatique, chargée néanmoins de lyrisme, il convient d’apprécier les allusions plus ou moins discrètes (Cavour est cité dans une scène…) à la montée de la réunification italienne ou Risorgimento, un pied-de-nez à l’Axe germano-allemand d’alors ! Il convient aussi d’apprécier la qualité de la mise en scène qui ne cesse de magnifier la beauté austère de ces lacs de Lombardie, spécialement celui de Lugano, au cœur de la révolution italienne. Le réalisateur a su faire graviter les destins des divers protagonistes autour de ce paysage lacustre photogénique, splendidement capté par un tournage en décor naturel (les intérieurs sont construits à Turin), et qui rythme chaque moment décisif (accostage, débarquement, départ…) vécu par tous les personnages, de la tragédie qui frappe Luisa à l’élan patriotique de son époux Franco en passant par la méchanceté impitoyable et inexcusable de la marquise Orsola. Si ces deux derniers sont incarnés avec conviction par Massimo Serato et Ada Dondini, c’est néanmoins la grâce et la beauté d’Alida Valli qui focalisent l’attention. Son interprétation bouleversante qui révéla ses talents dramatiques reste le meilleur atout d’un film qui a tout de même vieilli mais mérite d’être (re)découvert.

Malombra Note artistique : (4/5)

Fort du succès de son opus précédent Le Mariage de minuit, Mario Soldati entreprend de porter à l’écran un autre ouvrage d’Antonio Fogazzaro, « Malombra », le premier roman publié par l’auteur en 1881, et qui avait déjà été adapté par Carmine Gallone en 1916 (version muette). Ce nouveau film, produit par Dino de Laurentis, est réalisé dans les mêmes conditions que Le Mariage de minuit avec, cette fois-ci, le décor du Lac de Come et une partie du même casting dans les rôles secondaires. Cependant, malgré sa liaison avec Alida Valli, le cinéaste dut accepter Isa Miranda, une actrice plus âgée, tout aussi sublime et très populaire à l’époque. Tout regrettant ce choix « inapproprié » (selon lui), il parviendra à conférer à son héroïne, splendidement éclairée et photographiée par Aldo Forzano, une aura fantastique inoubliable. La complexité de l’intrigue, dans laquelle il n’est pas aisé de se retrouver, imposa un minutage exceptionnel pour l’époque (cf., bonus : une version de trois heures a peut-être existée). Composant habilement avec les paysages et les beaux décors de Gastone Medine, Mario Soldati dirige un film en avance sur son temps où il décrypte la personnalité complexe de cette marquise exaltée, partagée entre passé, mystère et réincarnation. Quoiqu’en disait Mario Soldati, l’incarnation de cette belle jeune femme rattrapée par la schizophrénie convenait parfaitement à la prestance et au charisme d’Isa Miranda. Cependant pour bien goûter au charme de ce film exemplaire, une dose d’indulgence sera nécessaire tant l’interprétation est parfois emphatique, le film a vieilli sur ce point, et sa mise en scène est beaucoup trop statique durant une bonne partie du métrage. Fascinant.

Commentaire technique

Le Mariage de minuit : copie SD à la définition correcte, légère instabilité du cadre, assez bon contraste mais variable, noirs relativement denses, blancs nuancés, échelle de gris assez uniforme, pas de défaut particulier ; mixage monophonique italien clair sans distorsion avec des bruits de fond et un niveau trop faible

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Malombra : copie SD assez bien définie, bon contraste, pas de défaut, noirs francs, gamme de gris équilibrée, pas de défaut notoire de pellicule ; mixage italien monophonique clair, sans distorsion, affecté d’un léger souffle, aigus limités