Actualités Blu-ray/DVD « Rusty James » : pour son esthétisme assumé…

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Dans une petite ville de l'Oklahoma, Rusty James, jeune délinquant, rêve de devenir comme son frère, le légendaire chef de bande « Motorcycle Boy ». Quand celui-ci revient de Californie après trois mois d'absence, il cherche à empêcher son frère cadet de suivre le même chemin…

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Rumble Fish
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1983
• Réalisation : Francis Ford Coppola
• Casting : Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane, Dennis Hopper, Diana Scarwid, Vincent Spano, Nicolas Cage, Chris Penn, Laurence Fishburne
• Durée : 1 h 34 mn 29
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 noir et blanc et couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais, français
• Bonus (VOST) : commentaire audio de Francis Ford Coppola - six scènes coupées (19 mn 27) - Making of à Tulsa (2005, 11 mn 43) - Au rythme des percussions, Making of de la bande originale signée Stewart Copeland (2005, 11 mn 56) - bande annonce d'époque du film (2 mn 17) - livre exclusif « L'ombre du frère » écrit par Adrienne Boutang sur le genèse du film avec documents et photos d'archives rares (234 pages) - DVD du film
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Ce coffret collector limité (23 x 24 x 3,5 cm, 1,5 kg) reprend tous les éléments du blu-ray anglais de 2012 tout en omettant néanmoins de proposer la musique expérimentale de Stewart Copeland (batteur chez Police) sur une piste isolée alors que le bonus sur la musique est conservé ; en revanche le collector est accompagné d’un beau livre bourré de photos et d’informations enrichissantes qui surpasse le livret maigrichon du blu-ray britannique ! Alors qu’il est entrain de réaliser Outsiders adapté d’un roman de Susan Eloise Hinton, Francis Ford Coppola décide de transposer, presque simultanément, quasiment avec le même casting et les mêmes techniciens, un autre livre du même auteur, « Rumble Fish ». Le choix de ce sujet est discrètement signalé au générique de fin (film dédié à August Coppola, le grand frère admiré) et les deux films relèvent d’une nécessité du cinéaste de privilégier des productions indépendantes sans gros budget après l’échec d’Apocalypse Now. Pour raconter les aventures d’un jeune homme déboussolé qui ne souhaite qu’une chose, ressembler à son grand frère chef de gang, le réalisateur va jouer délibérément la carte de l’esthétisme, choisissant de filmer en noir et blanc avec des cadrages vertigineux (jouant sur la profondeur de champ) et des éclairages alambiqués : plus que l’histoire, somme toute banale sur la dérive des jeunes, d’ailleurs ancrée dans l’Amérique profonde (Tulsa) avec ses codes bien balisés (moto, bandes, conflits familiaux), son film est un véritable choc visuel et émotionnel. Saluons le lyrisme avec lequel Stephen H. Burum capte les décors, façon West Side Story, et les jeunes acteurs promis à une carrière starisée à Hollywood ; touche d’ingéniosité supplémentaire, l’intégration de la couleur souligne la présence symbolique des « rumble fishes », ces poissons tropicaux agressifs, et le daltonisme du grand frère incarné par Mickey Rourke ! Dynamisé par la musique d’avant-garde de Stewart Copeland, balançant entre onirisme et spectacle débridé, zébré d’éclairages et noyé de brouillard artificiel (genre concert de Rock), Rusty James n’est pas qu’un simple film dramatique sur la jeunesse mais s’érige en spectacle d’art grandiose et tragique : Francis Ford Coppola n’a jamais caché sa volonté de faire « un film d’art et d'essai pour adolescents ». Très en avance sur son époque, le cinéaste n’a pas forcément convaincu son public qui lui préféra Outsiders mais, en dépit du manque d’enjeu dû à une histoire peu inspirée et le malin plaisir d’un cinéaste à diriger une œuvre cinématographique archétypale, son film demeure une référence de cinéphiles, toujours admiratifs pour la splendeur visuelle et les audaces formelles symptomatiques de cet excellent exercice de style propre au cinéma virtuose des années 80.

Commentaire technique

Nouveau master HD issu d'une restauration 4K, résultat garanti : une netteté impressionnante et un contraste spectaculaire, une granulation très « 35 mm », les noirs sont profonds, les blanc et les gris bien balancés, excellent étalonnage, défauts invisibles ; mixage anglais 2.0 (Dolby Stéréo à l’origine) nerveux, dynamique, avec une belle ouverture frontale qui restreint la scène sonore par sa spatialisation limitée mais délivre des bruitages spectaculaires ; on se demande pourquoi n’avoir pas aussi proposer la version 5.1 disponible depuis 2012.

Notre avis

Image : (5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (4,5/5)
Packaging : (4/5)