Actualités Blu-ray/DVD « Le Ciel attendra » : sur la radicalisation des adolescentes…

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Sonia, 17 ans, a failli commettre l'irréparable pour « garantir » à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d'un « prince » sur internet. Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l'embrigadement… Pourraient-elles en revenir ?

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• Titre original : Le Ciel attendra
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2016
• Réalisation : Marie-Castille Mention-Schaar
• Casting : Noémie Merlant, Naomi Amarger, Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau, Zinedine Soualem, Yvan Attal, Ariane Ascaride, Dounia Bouzar
• Durée : 1 h 44 mn 11
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 français et arabe
• Bonus : conversation avec Marie-Castille Mention-Schaar (26 mn 23) - scènes coupées (9 mn 15)
• Éditeur : UGC

Commentaire artistique

Concernée par un inquiétant problème contemporain, la radicalisation des adolescentes, dont elle veut témoigner, la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar obtient de Dounia Bouzar la permission de s’intégrer à son équipe afin de comprendre le mécanisme de l’embrigadement et l’espoir de la « déradicalisation » afin d’enrichir le scénario, co-écrit avec Emilie Frèche, de données réalistes, un travail complété par une documentation sur les outils de la propagande djihadiste (vidéos, vocabulaires spécialisés, gestuelle, vêtements). Afin de rendre compte dans le détail du processus d’enrôlement, le choix de la fiction s’est avéré indispensable et a pris la forme d’une histoire simple qui décrit la radicalisation de deux jeunes filles « emblématiques » (synthèse de nombreux cas réels) et les réactions de leur entourage familial. Le point de vue adopté par le film est celui de la société civile et son ambition était d’évacuer les idées préconçues et les préjugés grâce à l’enquête. Ainsi les adolescentes radicalisées sont souvent issues de « bonne famille » et elles croient sincèrement, bien que manipulées avec habileté, à la possibilité qu’on leur fait miroiter de rendre le monde meilleur. La difficulté était de traduire à l’écran le basculement de ces jeunes filles en plein émoi de l’adolescence et fragilisées par une quête d’idéal que la propagande islamique, championne de la communication (portable, réseaux sociaux) sait parfaitement flatter en pointant les dérives bien réelles de nos sociétés. Pour incarner les deux ados, la réalisatrice a repris Noémie Merlant et Naomi Amarger, actrices de son film précédent, qui se révèlent tout à fait émouvantes et parfaitement crédibles. Elles sont bien entourées par leurs « mères » que Sandrine Bonnaire et Clothilde Courau incarnent avec une intensité sidérante. L’évocation des séances de « déradicaliastion » s’appuie sur la forte présence de Dounia Bouzar et sur une certaine improvisation laissée aux acteurs. Rattrapé par les faits, le tournage débute au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 mais, malgré un sujet « casse gueule » (selon Sandrine Bonnaire dans le dossier de presse), le film de Marie-Castille Mention-Schaar parvient à maitriser partiellement son sujet et à le traiter avec perspicacité tout en évitant le l’écueil du mélo réaliste. Bien mis en scène, excellemment interprété et bénéficiant d’une certaine esthétique formelle, Le Ciel attendra pourrait paraître exemplaire. Mais si sa qualité cinématographique ne fait guère de doute, son contenu suscite des réserves qui méritent d’être signalées tant l’enjeu est important. En effet ce film est en grande partie fondé sur la vision controversée du terrorisme de Dounia Bouzar qui le définit comme une secte dont l’Islam serait le prétexte. Or cette vision ne tient pas compte des résultats collectés par d’autres enquêtes qui modifient son interprétation. Selon ces recherches, la conversion des mineures demeure un phénomène minoritaire, la radicalisation touche surtout les familles issues de l’immigration, les jeunes convertis ne basculent pas uniquement sous la pression d’Internet, la thèse du malaise occidental poussant la jeunesse déboussolée vers le radicalisme est peu convaincante (puisque le djihadisme touche tous les pays, y compris les pays musulmans) et le profil fréquent du djihadiste est plutôt celui d’un jeune déconnecté de la société française qui vit la guerre sainte comme un salut. Pour toutes ces raisons, si ce film fonctionne comme un avertissement efficace sur certaines pratiques et sur l’apparition de certains signes, il ne faudra pas oublier qu’il s’agit d’une fiction : or une œuvre issue de choix artistiques subjectifs ne peut avoir la rigueur d’un documentaire, ce qui limite sa portée didactique et impose une indispensable vision critique. Un film poignant et discutable.

Commentaire technique

Copie HD précise et détaillée, excellent contraste, étalonnage naturaliste, colorimétrie sans dominante, teintes réalistes et nuancées ; mixage franco-arabe 5.1 très bien spatialisé avec dialogues clairs au centre, ouverture sonore pour les bruitages et la musique avec une excellente répartition sur les surrounds

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (2,5/5)