Actualités Blu-ray « An American Trilogy » : tragédies nationales et amours impossibles…

Note artistique globale : (3,5/5)

Synopsis

Cyril Morin, compositeur reconnu internationalement pour ses nombreuses musiques de films, a décidé de passer à la réalisation en 2012. Après son court-métrage The Application Cafe, il dirige The Activist qui sort en 2014 et qui sera suivi par Hacker’s Game en 2015 et par NY84 en 2016. Ces trois films, inspirés de trois tragédies américaines (révolte indienne, manipulation des médias et SIDA) constituent une trilogie qui vient d’être éditée en blu-ray, accompagnée d’un documentaire donnant des pistes sur la conception de ces films.

The Activist : Fin février 1973, pendant l'insurrection de Wounded Knee, Marvin et Bud, deux activistes indiens, sont mis en détention. Anna, la femme de Marvin, est morte quelques mois plus tôt dans un accident. Marvin est dévasté et Bud soutient son ami dans cette épreuve. Mais en prison, ils doivent faire face à la menace des deux policiers qui les surveillent et collaborer avec la jeune avocate chargée du dossier. Pour quelles raisons reçoivent-ils la visite d'un conseiller de Nixon ? D'un sénateur ? D'une star hollywoodienne ? Quel est le rôle du président dans cette affaire ? Et quel est ce secret que détenait Anna avant de mourir ? En ces années 70, où le monde bouge, la tension monte petit à petit dans ce poste de police éloigné de tout...

NY84 : c’est l’histoire de trois jeunes artistes, vivant à Downtown New York au début des années 80. Kate, Anton et Keith sont jeunes et libres. Ils font la fête, écrivent des chansons, prennent des photos, font de la peinture, et se frayent un chemin à travers les clubs d’Alphabet city. La fête se termine en 84, quand Anton et Keith contractent une mystérieuse maladie appelée le « cancer gay ». Nous les suivons dans leur intimité et leurs émotions, au moment où le trio perd sa jeunesse et son innocence.

Hacker’s Game : comme d’autres hackers, Soyan est engagé par la société qu’il vient de pirater. Cette firme de “sécurité online” couvre les activités de personnalités à travers le monde. Loise est une cyber-détective qui cherche des preuves de crimes de guerre pour une organisation humanitaire. Elle est dans une quête de vérité. Loise et Soyan vont se rapprocher grâce à un jeu d’échec virtuel imaginé par Soyan… Mais l’employeur de Soyan, Russel Belial, va lui demander de couvrir les actions d’un vendeur d’arme que Loise doit contribuer à arrêter. Quel est le but de Soyan? Qui va manipuler l’autre?

• Titre original : An American Trilogy (The Activist, NY84, Hacker’s Game)
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2017 (2014, 2016, 2015)
• Réalisation : Cyril Morin
• Casting : (1) Chadwick Brown, Tonantzin Carmelo, Michael Spears, Ron Roggé, Circus-Szalewsk, Alena von Stroheim, Anthony Palermo, Henry LeBlanc (2) Sam Quartin, Chris Schellenger, Davy J. Marr, Ray Field, Drew M. Gardner, Chad Brown, Jessica Ruane, Jeanette Hektoen, Rose Fiore, Jeff Sharkey (3) Pom Klementieff, King Orba, Gayla Johnson, Chris Schellenger, Alena Von Stroheim, Circus-Szalewski
• Durée : 1 h 29 mn 06 - 1 h 19 mn 56 - 1 h 28 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1
• Sous-titrage : français, espagnol
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 anglais
• Bonus : bandes annonces (1 mn 24, 1 mn 40, 2 mn 05) - documentaire An American Trilogy en VOST (21 mn 51)
• Éditeur : Media in Sync

Commentaire artistique

Les trois films de la trilogie ont en commun le désir de présenter, sous la forme d’une histoire d’amour impossible, de jeunes personnages engagés dans une juste cause et capables d’aller jusqu’au bout de leur conviction, y compris jusqu’au sacrifice.

The Activist Note artistique : (2,5/5)

Sous la forme d’un huis clos dans un poste de police du Dakota, The Activist évoque la lutte qui opposa de février à mai 1973 des militants de l’American Indian Mouvement aux forces fédérales dans la région de Wounded Knee, ce même lieu où, en 1890, furent massacrés de nombreux indiens Lakota. Si l’intention du cinéaste de dénoncer les collusions politiques de l’administration Nixon et de soutenir la cause indienne est plus que respectable, le film peine à convaincre. Le scénario est pourtant astucieux, allégeant au maximum le budget limité du film en restreignant l’action à un lieu quasi unique (les cellules du poste de police) et en limitant l’interprétation à une dizaine d’acteurs, un parti pris qui n’a pour autant pas fait l’économie d’un message fort sur la revendication des Indiens dont la cause est soulignée par de nombreuses allusions et sous-entendus. Mais, malgré l’ingéniosité dramatique de ce récit en forme de thriller et le louable objectif de révéler des faits souvent méconnus, la mise en scène manque de conviction, desservie par une interprétation approximative dépourvue de vraisemblance. Hormis Michael Spears, Chadwick Brown et Tonantzin Carmelo, dont le jeu nuancé est plutôt crédible, le reste des protagonistes, condamné à des apparitions maladroites, verse dans le cliché, ce qui n’empêche pas le sujet traité d’être très fort et toujours d’actualité : un récent décret de Donald Trump vient d’autoriser le Dakota Access Pipeline à traverser le territoire des Sioux de Standing Rock contraignant les militants à quitter les lieux…

Hacker’s Game Note artistique : (3/5)

Pour le deuxième volet de son exploration des tragédies américaines, Cyril Morin souhaitait un sujet plus contemporain et s’est tourné vers la manipulation de l’information mettant en jeu internet, les médias et les hackers. Son sujet a trouvé une large résonnance à la suite de diverses affaires récentes qui ont conforté son scénario dont l’enjeu dramatique, l’espionnage et la falsification mondiale des renseignements, est renforcé par la description d’une romance entre deux férus de technologie et de virtualité. Pour mieux évoquer ce monde numérique, l’esthétique du film a été soigneusement travaillée avec une recherche de tons saturés et une caméra très mobile : on appréciera l’habileté de la mise en scène malgré un budget limité. Tout naturellement le réalisateur, et compositeur, s’est investi dans la musique en incluant des morceaux du groupe Seven Saturday. Le choix des deux jeunes comédiens, Pom Klementieff et Chris Schellenger, interprétant Loise et Soyan s’avère judicieux, le casting incluant aussi Alena Von Stroheim et Circus-Szalewski, déjà aperçus dans The Activist. Dans l’air du temps (affaires Sony et Snowden entre autre), Hacker’s Game est aussi séduisant par son sujet, le danger planétaire de l’information virale, que par l’intensité de son histoire d’amour décrivant la passion qui unit deux cybercriminels par-delà l’artificialité de leur univers virtuel. Indéniablement Cyril Morin a su dépasser les maladresses de son opus précédent et nous livre un produit qui ne manque ni d’atouts, ni d’intérêt.

NY84 Note artistique : (3,5/5)

Avec ce troisième film, Cyril Morin aborde un thème majeur de l’époque contemporaine, l’épidémie du SIDA aux effets dramatiques décimant une génération d’artistes. Bien que dédié aux 35 millions de victimes, le scénario n’est cependant pas consacré à ce désastre humain mais à sa conséquence politico-sociale : le retour à l’éthique traditionnelle. L’histoire se concentre sur un trio, une fille et deux gars, étroitement soudé par la passion de leurs choix artistique, musique, photographie et graffiti, mais dont les puissants liens sentimentaux sont rendus utopiques par les circonstances. Le cinéaste ne cache pas que les ombres de Patti Smith et Robert Mapplehorpe planent sur son film dont le récit se déroule dans les années 80. Le choix de cette époque, qui marque un changement de génération, la fin d’une totale liberté artistique et de l’insouciance amoureuse, n’a pas été facile à montrer à l’écran, impliquant, dans un souci de réalisme, que les décors, les costumes et même les attitudes soient « vintages », une intention d’autant plus compliquée que le budget était serré ! Le résultat à l’écran est finalement très vraisemblable grâce aux talents de l’équipe technique, notamment la virtuosité des cadrages de Romain Wilhelm, et à la qualité de l’interprétation, spécialement celle de Sam Quartin qui compose une musicienne à la forte la personnalité, tout à fait convaincante en inspiratrice privilégiée du trio. L’authenticité de l’évocation doit aussi beaucoup à la personnalité du réalisateur qui a été le témoin direct de ces années fastes où l’on pouvait tout se permettre. S’il a injecté dans son long-métrage de nombreuses réminiscences personnelles, par exemple l’insertion de pseudo interviews à la manière des documentaires d’époque, il a préféré proposer à son public une modernisation de la musique et des chansons afin de rendre sa réalisation plus réceptive. Le film, enchainant des séquences quasi autonomes, fonctionne d’ailleurs plus sur un mode impressionniste que comme une intrigue fortement narrative. Intéressant.

Commentaire technique

Copies HD très bien définies, excellent contraste, bons étalonnages, colorimétries sans dominante, teintes naturelles à chaudes en lumière artificielle, tons parfois très saturés (Hacker’s Game) ; mixage anglais 5.1 non lossless, dialogues clairs, spatialisons efficaces, répartition sonore amples et impressionnantes sur les surrounds, belle mise en valeur des bandes musicales

Notre avis

Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3,5/5)
Packaging : (3/5)

IMDb :
The Activist : http://www.imdb.com/title/tt2631072/
Hacker’s Game : http://www.imdb.com/title/tt3140724/
NY84 : http://www.imdb.com/title/tt3952614/
An American Trilogy : http://www.imdb.com/title/tt5545256/

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