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Actualités DVD « La Trilogie de la guerre » : les trois premiers films controversés de Roberto Rossellini

DVD La trilogie dela guerre Rossellini

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Avant d’aborder l’après-guerre par une trilogie en 1945-1947 avec Rome ville ouverte, Paisa, Allemagne année zéro, sur les villes détruites, Roberto Rossellini réalisa, sous le régime de Mussolini, ses trois premiers long-métrages, aujourd’hui méconnus et controversés, consacrés aux forces de l'armée fasciste, la marine, l’aviation et l’armée de terre. Souvent ignorés dans la carrière du cinéaste, ces films ne sont pas simplement de pure propagande : par leur réalisme et leur fonds humaniste, ils annoncent le néoréalisme de sa future trilogie.

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Le Navire blanc : un jeune marin italien tombe amoureux d'une institutrice avant de reprendre son service sur un navire de guerre. Il est blessé durant la bataille de Cape Teulada et transporté sur un navire-hôpital. Il y retrouve sa bien-aimée qui travaille comme infirmière. -

Un Pilote revient : pendant la guerre contre la Grèce, un avion italien est touché, et son jeune pilote est fait prisonnier dans un camp britannique. Il tombe alors amoureux de la fille d'un des médecins.

L'Homme à la croix : en Ukraine sur le front de l'Est durant l'été 1942, un régiment de chars de retour d'une action de guerre reçoit l'ordre de déplacer son camp de base pour favoriser une manœuvre militaire. Les hommes et les véhicules se mettent en mouvement selon le plan établi à l'exception de l'aumônier du régiment qui reste pour assister un conducteur de char blessé et intransportable.

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• Titre français : Le Navire blanc - Un Pilote revient - L’Homme à la croix
• Titre original : La Nave bianca - Un Pilota retorna - L’Uomo dalla croce
• Support testé : DVD
• Genre : drame, guerre
• Année : 1941, 1942, 1943
• Réalisation : Roberto Rossellini
• Casting : (1) Augusto Basso, Elena (2) Massimo Girotti, Michela Belmonte (3) Alberto Tavazzi, Roswita Schmidt
• Durée : 1 h 09 mn 04 - 1 h 20 mn 41 - 1 h 11 mn 18
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : MPEG 2.0 monophonique italien
• Bonus : La Trilogie de la guerre par Jean A. Gili (23 mn 51) - Roberto Rossellini par Jean A. Gili (10 mn 05)
• Éditeur : Bach Films

Commentaire artistique

Le Navire blanc Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Ce film, commandé et produit par le centre cinématographique du ministère de la marine du régime mussolinien, fut commencé par Francesco de Robertis qui en écrivit le scénario. Tombé malade, il est remplacé par Roberto Rossellini dont ce serait le premier long métrage, bien que non crédité puisque les films de la marine n’avaient pas de générique. Les acteurs sont non professionnels et le récit est surtout concentré sur les activités du vrai navire-hôpital « apatride » Arno géré par la Croix-Rouge italienne. Même si on peut déceler un petit relent propagandiste, surtout dans les premières scènes exaltant la puissance de la marine de guerre fasciste et la valorisation des marins se sacrifiant pour la patrie, la mise en scène classique présente deux des spécificités futures du cinéma de Roberto Rossellini, son attention à la condition humaine avec des portraits individualisé et empathiques (le marin, l’infirmière) et sa capacité à mêler la fiction à un film documentaire des plus réalistes. Ainsi, par exemple, toutes les opérations dans la machinerie ou sur les canons sont extrêmement détaillées afin d’immerger le spectateur dans l’action, fasciné par la méticulosité des activités, l’authenticité des interprètes avec leurs accents locaux et la grande qualité de la photographie (Mario Bava était opérateur sur ce film), inspirée d’Eisenstein, qui participe à l’intensité de la narration. La mise en scène est rigoureuse, précise et sans digression, insistant sur la camaraderie et le sens de l’entraide. Sur l’ambiguïté éthique d’un tel film, le cinéaste dira plus tard avoir adopté la même position morale que celle de ses futurs films néoréalistes dont il revendique la probité.

Un Pilote revient Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)

Le scénario de Un Pilote revient est cosigné par un certain Tito Silvio Mursino, anagramme de Vittorio Mussolini, le second fils du duce qui dirigeait alors le cinéma italien. Couronné par le Prix national cinématographique à Venise, le film a bénéficié de la participation de vrais aviateurs de l’armée fasciste et de prisonniers anglais, une interprétation non-professionnelle comme l’affectionnera plus tard le cinéaste. Une fois encore, Roberto Rossellini évite de réaliser un film de simple propagande, d’ailleurs muet sur les déboires italien de 1940 en Grèce, et de glorification des militaires fascistes. Il parvient à dépeindre, avec un réalisme efficace, le versant obscur du conflit et préfère insister sur la souffrance qui résulte de la guerre. Son tableau est effroyable et d’une rigoureuse exactitude s’affranchissant de la benoite apologie du pilote héroïque, joué sans esbroufe par Massimo Girotti. Et bien que financé par Vittorio Mussolini, qui sera déçu du résultat, Un Pilote revient réussit l’exploit de ne prendre clairement parti pour aucun des belligérants. Privilégiant l’action sur la subtilité psychologique, Roberto Rossellini a dirigé un spectacle dont la dimension épique n’a rien perdu de sa dynamique mais qui pêche par son incapacité à brosser des portraits nettement individualisés, une des spécificités de ses futures réalisations.

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L’Homme à la croix Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Délibérément anticommuniste, ce film est tout à la gloire du catholicisme et de l’abnégation des prêtres, comme plus tard Rome, ville ouverte, avec le dévouement sans faille de cet aumônier au cœur des combats et héroïque intercesseur entre les ennemis. L’essentiel de l’action, filmée en décors réels, se situe dans une ferme isolée en plein champ de bataille, microcosme où se côtoient les ennemis, les athées, les civils, ce qui n’empêche pas Roberto Rossellini de montrer des scènes saisissantes de combats si contrastée avec l’ouverture bucolique et trompeuse de son film. Le cinéaste, fidèle à son appréciation humaniste des personnages, ne se contente pas de dépeindre l’altruisme de l’aumônier, joué par Alberto Tavazzi et inspiré par la vie du père Reginaldo Giuliani qui accumule les miracles (confession, accouchement et baptême, conversions). Il se permet, en effet, de présenter le portrait nuancé d’une combattante soviétique interprétée subtilement par Roswita Schmidt, à l'époque la femme du cinéaste. Malgré son ton résolument prosélyte, qui témoigne aussi de l’engagement religieux du réalisateur, L’Homme à la croix ne manque pas de souffle épique et ne se présente pas comme un documentaire politique sur le front russe, la guerre servant ici de toile de fond pour fustiger l’athéisme russe et exalter le sacerdoce. La mise en scène classique, parfois efficace, est inégale, ne parvenant pas toujours à éviter un certain académisme, aujourd’hui passé de mode. On aurait cependant tort d’ignorer ce film, et toute la trilogie « fasciste », qui, par-delà ses enjeux discutables, est précurseur des futurs chefs-d’œuvre du « père du néoréalisme ».

Commentaire technique

Les copie SD des trois films sont assez bien définies, avec un bon contraste, de rares défauts de pellicule (taches, rayures), des échelles de gris homogènes ; les mixages monophoniques italiens sont dynamiques, clairs, sans distorsion, avec des bruits de fond et du souffle plus ou moins prononcés, surtout sur Le Navire blanc

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb :
Le Navire blanc : http://www.imdb.com/title/tt0033941/
Un Pilote revient : http://www.imdb.com/title/tt0035191/
L’Homme à la croix : http://www.imdb.com/title/tt0036483/

 

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