Actualités Blu-ray/DVD « Mademoiselle » : esthétique de la manipulation…

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Pendant les années 30, dans une Corée sous domination japonaise, Sookee est engagée comme domestique au service d'une héritière japonaise, qui vit dans un beau manoir sous la domination de son oncle tyrannique. Mais la jeune femme a un secret : pickpocket experte depuis l'enfance, elle a été embauchée par un escroc qui se fait passer pour un comte japonais. Sookee est en effet chargée de l'aider à séduire l'héritière afin de la délester de sa fortune. Mais les sentiments s'en mêlent…

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• Titre original : Ah-ga-ssi
• Support testé : blu-ray version longue
• Genre : drame, thriller
• Année : 2016
• Réalisation : Park Chan-Wook
• Casting : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Jo Jin-woong, Kim Hae-suk, Moon So-ri
• Durée : 2 h 24 mn (version cinéma) - 2 h 47 h 51 mn (version longue)
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 coréen et japonais
• Bonus : Making of (4 mn 53) - présentation de Park Chan-Wook (1 mn 39) - le film à Cannes (1 mn 28) - version longue et version cinéma
• Éditeur : M6 Video SND

Commentaire artistique

Reparti du festival de Cannes 2016 sans la Palme mais avec le prix Vulcain de l’artiste technicien pour Ryu Seong-Hee (décors), Mademoiselle, brillante intrigue sur la manipulation et l’amour saphique, est le premier film en costumes de Park Chan-Wook. Ce thriller est inspiré du roman « Du bout des doigts » (Fingersmith) de Sarah Waters, auteure réputée pour ses intrigues sur le lesbianisme. L’intrigue, située en Angleterre à l’époque victorienne, emprunte aux codes du roman historique policier et deviendra le sujet d’une minisérie d’Aisling Walsh pour la BBC en 2005. Pour sa version cinéma, Park Chan-Wook a transposé le récit dans les années 30 en Corée sous domination japonaise réunissant une japonaise et une coréenne, ce qui explique une version originale mêlant les deux langues. Surpris et séduit par le roman, le réalisateur de Old Boy (2003) a cherché à trouver une équivalence aux traits de l’époque victorienne, telles que la différentiation sociale de classes, les mœurs et le passage vers la modernité, ce que la Corée occupée du début du 19e siècle matérialise avec justesse. Mise en scène avec une maestria un peu roublarde, Mademoiselle fascine avant tout pour son histoire diaboliquement ingénieuse. La triple arnaque et les faux semblants ne cessent de dérouter le spectateur et de le balader dans les méandres d’une série de rebondissements parfaitement amenés par une réalisation sophistiquée et un découpage machiavélique. Park Chan-Wook excelle à déployer, dans un écrin feutré et raffiné, les rouages de ce thriller intellectuel en proposant une narration virtuose capable de constamment mystifier le spectateur ! Combinant une esthétique recherchée et une sensualité délicate, la construction en trois temps de Mademoiselle, façon Akira Kurosawa, invite à ne pas se laisser berner mais nous révèle trop tard les clés de l’imposture : un film brillant qui assume pleinement sa mystification intégrale. Kim Min-Hee, actrice coréenne réputée, et Kim Tae-Ri, non professionnelle, prêtent leur minois délicat et leur jeu sensuel à l’interprétation des deux amantes. Le reste du casting est tout aussi charmeur. Soucieux de l’aspect formel de son film, le cinéaste a confié à Ryu Seong-Hee, la construction des décors de la magnifique demeure, où se passe l’essentiel du récit, associant les styles anglais et japonais autour de la bibliothèque, lieu symbolique et secret. C’est dans cet espace complexe que la caméra ne cesse de capter les mouvements des protagonistes, leurs gestes, leurs regards. Le réalisateur, qui a failli tourner son film en 3D, a réussi à obtenir une belle subtilité de la photographie en montant un objectif anamorphique classique sur une caméra numérique. Le résultat esthétique somptueux et la fourberie d’une intrigue absolument convaincante sont les atouts majeurs de Mademoiselle : quelle que soit la version choisie, version longue ou version cinéma, c’est un vrai plaisir de se laisser berner par cette sulfureuse histoire d’amour au maniérisme assumé.

Commentaire technique

Copie HD précise (tournage avec Arri Alexa XT) avec une image d’une grande finesse, superbe contraste, étalonnage et colorimétrie chaleureux, couleurs chaudes et nuancées, tons saturés ; mixage 5.1 aux dialogues centrés clairs, bien équilibré, spatialisation naturaliste avec une répartition ample des bruitages (orage…) et de la musique (partition symphonique de Cho Young-Wuk) sur les surrounds, recourt ponctuel efficace au LFE

Notre avis

Image : (4,5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)