Actualités Blu-ray/DVD « Une vie » : adaptation à l’ancienne d'un classique de la littérature

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

En 1819 en Normandie, à peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, il se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors peu à peu à s’envoler.

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• Titre original : Une vie
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2016
• Réalisation : Stéphane Brizé
• Casting : Judith Chemla, Jean-Pierre Darroussin, Swann Arlaud, Yolande Moreau, Nina Meurisse, Clotilde Hesme, Alain Beigel, Olivier Perrier
• Durée : 1 h 59 mn 05
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 monophonique français
• Bonus : Du roman au film, entretien en janvier 2017 avec Stéphane Brizé (25 mn 55) - Fabriquer Une vie, entretiens avec Antoine Héberlé, directeur de la photo, et Pascal Jasme, chef opérateur du son (18 mn 09) - bande annonce (1 mn 41)
• Éditeur : Diaphana édition vidéo

Commentaire artistique

Stéphane Brizé adapte « Une vie » de Guy de Maupassant, une histoire qui se déroule au 19e siècle loin des préoccupations de son film précédent. Ce premier roman de l’écrivain, publié en feuilleton en 1883, raconte la vie de Jeanne à partir de son mariage à l’âge de 17 ans et permet à l’auteur d’aborder de nombreux thèmes sur la condition humaine, amour, fidélité, filiation et vilenie, un rédit circonscrit à un milieu aristocratique provincial sous l’emprise de l’église. Ce classique de la littérature française, adapté plus d’une fois au cinéma, est structuré par la notion de durée et l’attention portée à Jeanne, tour à tour jeune fille, épouse, veuve et mère, grand-mère. Fasciné par ce personnage Stéphane Brizé nous propose sa version dont les partis-pris formels doivent exprimer une certaine modernité : format 1,33/1 signifiant selon le réalisateur l’enfermement de l’héroïne, photographie caméra à l’épaule transmettant la vibration de l’existence, maquillages discrets, tournage en décors naturels en Normandie étalé sur une année pour montrer les changements des saisons. Le choix des comédiens était essentiel : celui de Judith Chemla fut un atout, l’actrice composant avec une grande sobriété cette femme aux différents stades de son existence exposée aux tourments d’un destin peu amène. Les autres acteurs s’accordent parfaitement à leurs rôles, que ce soit les parents de Jeanne, interprétés par Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau, ou la servante Rosalie, protagoniste majeur subtilement joué par Nina Meurisse. Sur le plan narratif le cinéaste a décidé d’échapper à la contrainte du texte littéraire en imposant un point de vue unique, celui de Jeanne, omniprésente dans chaque plan, et de briser la linéarité du récit en jouant du flash-back et autres possibilités du langage cinématographique. La complexité de cette construction n’est pas sans danger pour la compréhension de l’histoire mais elle confère indéniablement un peu de dynamique à un récit languissant et sans grand suspense, surtout lorsque de nombreuses ellipses la privent de ses épisodes tragiques. Le rythme retenu plutôt contemplatif, fondé sur de longues scènes sans action, filmées en gros plan et de profil, et des dialogues souvent minimalistes, exige du spectateur une grande disponibilité. Mais pour qui sait savourer cette vision, à l’opposé du cinéma actuel souvent frénétique, les petits détails du quotidien et la banalité du déroulement de la vie de Jeanne jusque dans sa confrontation avec ses pires instants (adultère, deuil, départ du fils, vieillesse, etc.) finissent par émouvoir. Cependant, s’écartant volontairement de la qualité littéraire et de la narration propres au classique de Maupassant, Stéphane Brizé nous propose une vision très personnelle. Et si son film parvient à transmettre l’essentiel sur cette femme d’un autre temps, oisive, surprotégée par ses parents, passive et incapable de vivre hors de son monde, sa forme désuète et son atonie ont toutes les chances de désintéresser les jeunes générations.

Commentaire technique

Copie HD très précise, excellent contraste, colorimétrie et étalonnage plutôt naturalistes, teintes chaudes, tons nuancés en fonction des saisons ; mixage français monophonique (5.1 ou 2.0 identiques) clair, dynamique, équilibré avec préférence aux dialogues

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (3,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (2,5/5)