Skip to main content
PUBLICITÉ

Actualités Blu-ray/DVD Hommage à Seijun Suzuki, trois films des années 60

Blu ray Trois films Seijun Suzuki

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Seijun Suzuki, réalisateur iconoclaste du cinéma japonais, fut l’homme d’un seul studio, la Nikkatsu, où il réalisa une quarantaine de séries B. En 1964, le studio peu convaincu des audaces de ses films de yakuzas lui impose La Barrière de la chair, suivi en 1965 par Histoire d’une prostituée, deux films de genre qu’il s’empresse de traiter de manière très personnelle. Mais c’est avec Le Vagabond de Tokyo en 1966, un film inclassable, que la rupture avec la Nikkatsu est consommée.

LA SUITE APRÈS LA PUB

La Barrière de la chair : après la seconde guerre mondiale, dans un Japon meurtri, cinq prostituées vivent en groupe dans un ghetto de Tokyo. Telle une famille unie, elles défendent leur territoire et leurs intérêts communs. Mais l'arrivée d'une nouvelle fille et d'un ancien soldat blessé pourrait mettre en péril leur unité.

Histoire d’une prostituée : dans les années 30, Harumi est une prostituée dont l'amant vient de se marier à une femme qu'il n'aime pas. Dépitée, elle se rend en Mandchourie, en plein conflit sino-japonais, pour y travailler avec d'autres filles. Elle y devient vite le souffre-douleur d'un officier violent.

Le Vagabond de Tokyo : Tetsuya Hondo est un yakuza dont le clan vient récemment d'arrêter ses activités. Il est contacté par un clan rival mais décline l'offre. Comprenant qu'il met ainsi en péril sa vie ainsi que celles de ceux de son clan, son chef lui demande de quitter Tokyo et de devenir vagabond.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre français : La Barrière de la chair - Histoire d’une prostituée - Le Vagabond de Tokyo
• Titre original : Nikutai no mon - Shunpu den - Tôkyô nagaremono
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame, érotique, guerre, policier
• Année : 1964, 1965, 1966
• Réalisation : Seijun Suzuki
• Casting : (1) Tamiko Ishii, Satoko Kasai, Kayo Matsuo, Yumiko Nogawa, Jo Shishido (2) Yumiko Nogawa, Tamio Kawaji, Hiroshi Cho, Hideaki Esumi, Shigeyoshi Fujioka, Kotoe Hatsui, Tomiko Ishii (3) Tetsuya Watari, Chieko Matsubara, Ryuji Kita, Hideaki Nitani, Tsuyoshi Yoshida, Hideaki Esumi
• Durée : 1 h 30 mn 21 - 1 h 36 mn 04 - 1 h 22 mn 31
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 couleur (1, 3) noir et blanc (2)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
• Bonus : présentation du film par Stephen Sarrazin (22 mn 30, 10 mn 01, 13 mn 38) - interview de Seijun Suzuki par Yves Montmayeur (2001, 10 mn 04) - Seijun Suzuki, le surréalisme doux par Roland Letheim (16 mn 48) - bande annonce (4 mn 06, 4 mn 21, 2 mn 59) - galerie de photographies (1 mn 36, 1 mn 46, 1 mn 51) - DVD du film - livret collector rédigé par Bastian Meiresonne (20 pages) - jaquette réversible avec l'affiche japonaise originale au verso
• Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

La Barrière de la chair Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Adapté d’un roman de Taijirô Tamura, ce film fut longtemps le film le plus réputé du réalisateur hors du Japon, surtout en Europe. Cette série B, destinée à être projetée en complément d’un double-programme, avait été imposée au cinéaste jusque-là spécialiste des films de gangsters. Son intrigue nous plonge dans un quartier défavorisé de la capitale nipponne d’après-guerre sous contrôle de l’armée américaine dont les abus sont d’ailleurs pointés. Il est question d’une communauté de prostituées aux règles strictes : tout manquement à ces codes est passible des pires sévices (nudité, fouet, tailladage..) dont la violence affichée sur l’écran n’avait rien à envier aux pires films d’exploitation. Cependant malgré quelques scènes perverses (surtout celle du pasteur noir) et quelques images érotiques assez audacieuses à l’époque, La Barrière de la chair surprend plus par son esthétisme raffiné que par son sujet sulfureux. Seijun Suzuki nous régale de ses plans somptueux en écran large, de ses éclairages tarabiscotés, de sa mise en scène aux brillants mouvements de caméra et de son usage fascinant des couleurs : chaque prostituée possède sa teinte assortie à son caractère et à son humeur ! En prime le réalisateur se paye le luxe de fustiger l’occupation américaine et de livrer quelques solides portraits de femmes fortes et indépendantes même si parfois elles sont un peu surjouées. Le casting féminin essentiel au spectacle finit cependant par être éclipsé par la venue de Jô Shisido, l’inoubliable yakuza de La Jeunesse de la bête (1963) du même Seijun Suzuki

Histoire d’une prostituée Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)

LA SUITE APRÈS LA PUB

Remake d’un film que Senkichi Taniguchi réalisa en 1950 et également adapté de Taijirô Tamura, Histoire d’une prostituée de Seijun Suzuki se démarque nettement de La Barrière de la chair par sa relative sobriété visuelle et son classicisme formel avec le choix du noir et blanc. Méticuleusement documentaire, le film ne craint pas de détailler toute l’horreur de la guerre tant sur les âmes que sur les corps. Porté par le jeu quasi hystérique de Yumiko Nogawa et des partis-pris esthétiques pas toujours convaincants (image fixe, surexposition…), ce mélodrame sans concession dépeint les turpitudes de l’armée japonaise occupant le Japon et les ravages de l’humiliation et du fanatisme. Ce tableau terrifiant est toutefois proposé par le biais d’une improbable « romance » à trois entre une prostituée, un soldat subalterne et un officier abject. En focalisant son film sur cette passion incontrôlable, Seijun Suzuki ne fait que condamner les codes stricts de la société japonaise et de l’armée nipponne transposées en Mandchourie. Au-delà de cette tragique histoire d’amour, le message du cinéaste, bien plus politique que convenu, contraste nettement avec la propagande des films de guerre de l’époque. Splendidement photographié en CinemaScope et baigné d’éclairages suggestifs, Histoire d’une prostituée semble rompre avec la veine séditieuse chère au cinéaste mais, sous ses dehors « apaisés », ce brûlot antimilitariste n’a rien perdu de son intensité.

Le Vagabond de Tokyo Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Retour à la veine yakuza avec Le Vagabond de Tokyo, dernier film de Seijun Suzuki pour la Nikkatsu qui le congédie après la vision de cette œuvre expérimentale. Démarrant en noir et blanc, ce polar devient rapidement un cocktail inattendu de couleurs acidulées et de scènes insolites bercées par une rengaine chantée par Chiharu. Pour ce délire totalement baroque, le cinéaste ne mise pas sur la narration mais sur la surprise visuelle constamment déconcertante qui lorgne souvent vers le surréalisme. Il ne faudra donc pas s’attacher au déroulement factuel de l’histoire, plus ou moins expédiée, mais se laisser emporter par ce tourbillon artistique sans équivalent (un héritage que revendiquera Quentin Tarentino). Le Vagabond de Tokyo doit être compris comme le champ expérimental d’un réalisateur rebelle qui n’hésite pas à faire voler en éclats les stéréotypes, à commencer par l’intrigue, d’un genre, le film de yakuza, dans lequel il excellait ! Le montage hallucinant juxtapose les scènes sans continuité et saute d’un style à un autre, un parti-pris assumé qui risque au mieux de surprendre, au pire d’excéder : une curiosité qui mérite amplement d’être découverte même au prix d’une éventuelle déception.

Commentaire technique

La Barrière de la chair : copie HD bien définie, précision variable, excellent contraste, quelques défauts (points blancs, rayures), colorimétrie chatoyante, couleurs vives, tons saturés (robe des filles) ; mixage japonais monophonique 2.0 clair, souffle discret quelques léger défauts sonores, pas de distorsion
Histoire d’une prostituée : copie HD, définition correcte mais pas chirurgicale, granulation et quelques défauts, bon contraste, noirs francs, échelle de gris correcte ; mixage japonais monophonique 2.0 clair mais pas exempt de souffle
Le Vagabond de Tokyo : copie HD bien définie, excellent contraste, colorimétrie chatoyante, teintes chaudes et tons saturés, rares défauts ; mixage japonais monophonique 2.0 clair, dynamique, sans défaut particulier ni distorsion

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb :
La Barrière de la chair : http://www.imdb.com/title/tt0058409/
Histoire d’une prostituée : http://www.imdb.com/title/tt0059715/
Le Vagabond de Tokyo : http://www.imdb.com/title/tt0061101/

LA SUITE APRÈS LA PUB

 

Combo blu-ray/DVD et DVD disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ