Faut-il sauver Auschwitz ? : une question nécessaire (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

L’histoire d’Auschwitz après Auschwitz, le destin du site depuis 1945. Que faire du site d’Auschwitz ? Un musée, un sanctuaire, un cimetière ? Quel sens donner à ce lieu, théâtre depuis 70 ans de détournements, d’affrontements et de pillages ? Quand surgissent le danger du tourisme de masse, les menaces de l’urbanisme environnant, la tentation d’effacer un cauchemar, quel futur pour ce lourd héritage ?

• Titre original : Faut-il sauver Auschwitz ?
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire
• Année : 2016
• Réalisation : Jonathan Hayoun
• Casting : Marceline Loridan-Ivens, Richard Prasquier, Jean-Yves Potel, Raphaël Feigelson, Pioytre Cywinski, jan Gross, Robert Jan Van Pelt, Marcello Pezzetti, Raphaël Esrail, Serge Klarsfeld, Patrick Desbois
• Durée : 59 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,78/1 noir et blanc et couleur
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 français
• Bonus : l’église de Birkenau (3 mn 47) - premières visites (11 mn 21) - la valise de Michel Levi (4 mn 16)
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

Ce très intéressant documentaire pose une question qui pourrait paraître déplacée tant le site du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau est devenu un lieu de mémoire luttant contre l’oubli (que les nazis tentèrent d’obtenir en effaçant les traces compromettantes) et le symbole de la Shoah. Pourtant, en retraçant l’histoire de ce site depuis 1945 et en revenant sur des faits méconnus ou oubliés qui le concerne, le film témoigne du chemin chaotique parcouru par ces vestiges depuis la libération du camp par les troupes russes jusqu'à l’excursion obligatoire de tous les tour-operators programmant un voyage en Pologne de nos jours ! Entre les foules de touristes, mal encadrés et pas toujours très respectueux, qui piétinent allégrement le site et les habitants qui n’hésitent pas installer leurs demeures sur ce gigantesque mémorial de plein-air protégé (en apparence) par un classement au patrimoine mondial de l’Unesco (avec aménagement d’une zone de silence), la question doit être posée. Partagé entre les partisans de la sacralisation du lieu, avec sauvetage des vestiges encore en place, et les habitants polonais défendant leurs droits séculaires à habiter les lieux, Auschwitz ne cesse de soulever les passions. En fin observateur, documents d’archives à l’appui, Jonathan Hayoum rappelle que le sort du camp a fluctué avec les années au gré des récupérations politiques (actualités mis en scène par l’armée rouge en 1945, gouvernement communisme au discours orienté sur le martyr polonais), idéologiques (tentative de nier les preuves flagrantes sur le terrain) et religieuses (affaire du Carmel). Il ne faut pas mésestimer non plus le désintérêt à conserver les vestiges souvent dégradés (étonnant informations sur les chercheurs/pillards de « trésors ») jusqu’à une époque assez récente quand le site assume son statut de musée fort de deux millions de visites par an avec toutes les dérives du tourisme de masse (buvette, selfies…) dans un lieu banalisé. Le film s’interroge sur le sens de ces visites focalisées sur le mécanisme de l’exécution mais qui ignore qu’Auschwitz est fondamentalement un gigantesque cimetière qui devrait imposer le respect et l’humilité. Outre la saturation actuelle du site, le documentaire montre que sa muséographie est déficiente, limitée à Auschwitz 1, et qu’il y aurait urgence autant à mieux informer les générations à venir avec plus d’explications sur le terrain que de restaurer les vestiges et mettre en place un monument listant le nom des disparus. Avec les nombreuses implications éthiques et pragmatiques que conjecture son titre, Faut-il sauver Auschwitz pose intelligemment la question de la responsabilité, collective et individuelle, de la préservation et de l’usage de ce lieu de mémoire.

Commentaire technique

Image : copie SD, image bien définie pour les interviews récentes, plus granuleuse et imprécise sur les documents d’archives, bon contraste, colorimétrie chaude

Son : mixage stéréo 2.0 avec des commentaires et interviews clairs, bonne dynamique, ampleur avec répartition de certains éléments sonores sur les voix latérales

Notre avis

Image : (3,5/5)
Mixage sonore : (3,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (2,5/5)

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