Vivre sa vie : un des plus beaux films de Jean-Luc Godard (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Nana fréquente depuis quelques années Paul, un journaliste raté. Nana s'ennuie et voudrait changer de vie, même si elle éprouve encore de la tendresse pour Paul. Elle aimerait surtout résoudre ses problèmes d'argent. Un soir, elle accepte de suivre à l'hôtel un inconnu rencontré sur les Champs-Élysées et se livre à la prostitution…

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• Titre original : Vivre sa vie Film en douze tableaux
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1962
• Réalisation : Jean-Luc Godard
• Casting : Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe, Guylaine Schlumberger, Peter Kassovitz, Jacques Florency, Brice Parain, Henri Atal, Dimitri Dineff, Jean Ferrat
• Durée : 1 h 23 mn 39
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : commentaire audio de Jean Douchet, historien du cinéma - courts métrages de Jean-Luc Godard : Tous les garçons s'appellent Patrick avec Jean-Claude Brialy et Anne Colette (1959, 19 mn 38), Charlotte et son Jules avec Jean-Paul Belmondo et Anne Colette (1960, 12 mn 41), Une histoire d'eau de Jean-Luc Godard et François Truffaut, avec Jean-Claude Brialy (1961, 11 mn 45) - bande annonce (2 mn 23) - livret de 24 pages avec textes et photos par Laurent Bourdon
• Éditeur : M6 Video SND

Commentaire artistique

Prix spécial du jury et prix de la critique italienne à Venise, Vivre sa vie « dédié aux films de série B » est un des fleurons tournés entre 1960 et 1966 par le duo Anna Karina et Jean-Luc Godard alors en pleine déprime. Le film est indubitablement une possible solution cathartique au malaise existentiel qui divisait le couple. Jusque-là jamais édité en haute définition en France, le film a été récemment restauré, permettant de découvrir ou de revoir dans d’excellentes conditions techniques cette œuvre mémorable de la Nouvelle Vague. Splendidement photographié au « format académique » par Raoul Coutard, le visage de Nana (anagramme d’Anna et référence à Zola), envahit l’écran à l’instar de Falconetti dans le film de Dreyer qu’elle va voir au cinéma. Les références au 7e Art sont d’ailleurs multiples avec le découpage en tableaux comme chez Rossellini et la coiffure courte d’Anna façon Louise Brooks. Le sujet à l’époque est scabreux, le scénario de Jean-Luc Godard s’inspirant de l’ouvrage de Marcel Sacotte sur la prostitution. Le cinéaste, qui ne cache pas sa volonté de critiquer les dérives de la société, ne cherche pas vraiment à offusquer visuellement (rares nus féminins) mais insiste sur les aspects choquants de ce commerce charnel qui entraine Nana vers l’abîme. Vivre sa vie est porté par des sons d’ambiances omniprésents complétés par la musique de Michel Legrand et l’insert d’une chanson de Jean Ferrat qui apparaît brièvement à l’écran. Suite de séquences sans progression dramatique, le film est extrêmement dépouillé, voire austère. Jean-Luc Godard manie avec dextérité les plans-séquences et les gros plans et applique le tempo rapide des films noirs de série B. Omniprésente, radieuse, Anna Karina incarne avec délicatesse cette jeune femme intègre, en quête de bonheur, capable de soutenir une discussion inattendue et en partie improvisée avec le philosophe Brice Parain mais qui est toujours consciente de la précarité de sa situation et des conséquences de ses choix, un rôle magnifique magistralement interprété. Outre son formidable portrait féminin, Vivre sa vie, photographié sur le vif dans divers coins de la région parisienne, selon les codes de la Nouvelle Vague, est de surcroît un excellent témoignage documentaire sur la France des années De Gaulle. Dans le dernier tableau Jean-Luc Godard souligne le portait magnifique de son actrice/épouse par la lecture en voix off d’une citation d’Edgar Allan Poe sur l’artiste qui érige sa femme en modèle, puis conclut son film par une fin mélodramatique abruptement artificielle. Assorti, à sa sortie, d’une interdiction aux moins de 18 ans, Vivre sa vie, divisera la critique et ne mobilisera pas les spectateurs : une nouvelle vision s’impose donc, autant pour son actrice fascinante que pour son langage cinématographique singulier qui influencera significativement par la suite de très nombreux cinéastes.

Commentaire technique

Image : copie HD, remastérisé et restauré en 4K par Hiventy, image d’une extrême précision avec une définition appuyée sur les gros plans, très fine granulation conservée de la pellicule 35 mm, excellents contraste et étalonnage, noirs profonds, échelle de gris harmonieuse, défauts nettoyés

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Son : mixage monophonique français, dialogues clairs, dynamique, équilibré, sans distorsions ou bruit de fond