Trois films noirs remarquables des années 40 (en Blu-ray et DVD)
Note artistique globale : 
(4/5)
Synopsis
Espions sur la Tamise : Londres, deuxième guerre mondiale. Stephen Neale sort d'un hôpital psychiatrique. Pour se persuader qu'il n'est pas fou et forcer son destin à s'éclaircir, il décide de se distraire dans une fête foraine. Il y gagne un gâteau dans lequel se cache un microfilm qui ne lui était pourtant pas destiné et que des agents secrets nazis vont tenter de récupérer par tous les moyens…
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La Vengeance d’une femme : Henry Maurier est marié à Emily, une femme faible et fragile qui ne l'attire plus. Il aime secrètement Doris, sa jeune et somptueuse maîtresse qu'il rêve d'épouser. Lorsqu'Emily meurt brutalement, Janet, la voisine esseulée qui convoitait le coeur d'Henry ne croit pas à ce hasard douteux. Elle sait des choses et pourrait s'en servir contre Henry qu'elle soupçonne à l'origine de l'empoisonnement d'Emily…
Pour toi j’ai tué : Steve Thompson est convoyeur de fonds à Los Angeles. Attristé par son récent divorce, il ne songe qu'à récupérer Anna, son ex-femme qui s'est pourtant remariée avec Slim Dundee, un gangster qui ne lui inspire guère confiance. Pour tenter de les séparer, Steve décide de tendre un piège à Slim en organisant le braquage de son propre fourgon, glissant progressivement lui aussi dans le grand banditisme…
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• Titre français : Espions sur la Tamise - La Vengeance d’une femme - Pour toi j’ai tué
• Titre original : Ministry of Fear - A Woman's Vengeance - Criss Cross
• Support testé : blu-ray (1, 3) - DVD (2)
• Genre : drame, policier, thriller
• Année : 1944, 1948, 1949
• Réalisation : Fritz Lang, Zoltan Korda, Robert Siodmak
• Casting : (1) Ray Milland, Marjorie Reynolds, Carl Esmond, Hillary Brooke, Percy Waram, Dan Duryea (2) Charles Boyer, Ann Blyth, Jessica Tandy, Cedric Hardwicke, Mildred Natwick, Cecil Humphreys (3) Burt Lancaster, Yvonne De Carlo, Dan Duryea, Stephen McNally, Esy Morales, Tom Pedi, Percy Helton, Alan Napier, Griff Barnett, Meg Randall, Richard Long, Tony Curtis (figurant)
• Durée : 1 h 26 mn 55 - 1 h 31 mn 59 - 1 h 27 mn 39
• Format vidéo : 16/9 (1, 3) - 4/3 (2)
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais (1, 3) - Dolby Digital 2.0 monophonique (2) anglais
• Bonus : (1, 3) présentation du film par Eddy Moine (13 mn 10, 14 mn 12) (2) présentation du film par François Guérif (20 mn 55) - (1-3) bandes annonces 1 et 3 (2 mn 23, 2 mn 42) - galerie de photographies (1 mn 36, 0 mn 50, 1 mn 16) - jaquette réversible avec affiche originale - DVD du film (1, 3)
• Éditeur : Elephant Films
Commentaire artistique
Espions sur la Tamise Note artistique : (4/5)
Voilà un petit bijou de film policier qui bénéficie de l’excellente prestation de l’acteur Ray Milland. Ce film hollywoodien réalisé par Fritz Lang est adapté du roman « Le ministère de la peur » de Graham Greene (édition française publiée en 1950). Le récit reprend le thème, cher au cinéaste, de la société secrète et de la conspiration : en effet l’argument de l’espionnage nazi avait déjà été traité dans ses deux films précédents. L’adaptation signée Seton I. Miller ne convaincra par Fritz Lang qui dut cependant la tourner sans modifications pour raisons contractuelles. Néanmoins bien qu’il dénigra son Espions sur la Tamise, son film est une belle réussite formelle : le réalisateur tenta plusieurs expériences visuelles hardies sublimées par un usage suggestif du noir et blanc et de la composition de l’image. Ces recherches plongent avec efficacité le spectateur dans un univers angoissant et fantasmé dans lequel se débat le héros qui, pour certains, ne vivrait ses aventures que dans son subconscient (n’oublions pas que le film démarre dans un asile psychiatrique…). Sur le sujet des fausses apparences, le cinéaste développa une brillante mise en scène qui utilisa avec bonheur les atouts d’un tournage en studio (extérieurs compris) : l’artificialité de la photographie et des situations renforcent considérablement la claustrophobe et la paranoïa qu’éprouve le héros. Les exégètes ont signalé les autocitations de l’auteur à ses œuvres allemandes célèbres (Docteur Mabuse le joueur de 1922 et M Le maudit de 1931) mais sa réalisation s’est en revanche partiellement éloignée de leur style expressionniste. Malgré un final « téléphoné » qui conclut piètrement l’aventure, Espions sur la Tamise recèle plusieurs séquences révélatrices de la maestria de mise en scène de Fritz Lang (scène d’exposition, atelier de couture ou recherche des restes du gâteau) et de ses habitudes créatrices. On aurait tort de bouder cette adaptation en clair-obscur tout à fait digne de son cinéaste.
La Vengeance d’une femme Note artistique : 
(3,5/5)
C’est une de ses courtes nouvelles intitulée « Le sourire de la Joconde » qui a inspiré Aldous Huxley pour écrire le scénario du film La Vengeance d’une femme réalisé par Zoltan Korda. Il est question d’un protagoniste injustement accusé du meurtre de sa femme et du mystère de l’identité (assez prévisible au vu du titre) du véritable assassin. Fort bien écrit, amenant à point nommé tous les éléments de l’enquête et assurant plus ou moins le suspense jusqu’au plan final, la réalisation classique joue habilement avec les nombreux atouts de la production. Le film est en effet somptueusement photographié en noir et blanc par le talentueux Russell Metty tandis que l’action est amplement dramatisée par la composition symphonique aux relents épiques de Miklós Rózsa. Mais c’est bien le casting qui démarque ce thriller noir de ses semblables : au cœur de l’histoire Charles Boyer compose un personnage charmeur et assuré et Jessica Tandy assure le rôle de la vieille fille énamourée mais subtilement ambiguë. Enfin troisième élément du trio Anne Blyth incarne une jeune femme charmante et sans mystère désorientée par cette ténébreuse affaire. La fascination exercée par cette intrigue essentiellement psychologique a aussi profité du talent indéniable de Cedric Hardwicke, véritable maestro du sous-entendu et de Mildred Natwick impeccable en nurse clairvoyante. Bien que ce drame aurait pu gagner à un meilleur équilibre entre ses trois temps forts (mort de l’épouse, condamnation/procès et révélation), La Vengeance d’une femme constitue une variation intéressante sur le thème classique du faux coupable. Un film méconnu à découvrir.
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Pour toi j’ai tué Note artistique : (4,5/5)
Le scénario de Daniel Fuchs adapte le roman noir « Criss Cross » (1935, « Tous des vendus ! » en VF) de Don Tracy dont il exploite adroitement la tension dramatique de l’intrigue décrivant un personnage prêt à tout par passion pour son ex-femme. Extrêmement bien construit, le film de Robert Siodmak ne cesse d’entrainer le spectateur dans les rouages psychologiques complexes qui animent tous les protagonistes et auquel le titre original fait allusion. Le montage combine subtilement le temps de l’action présente et celui des souvenirs (long flash-back sur les circonstances qui conduisent un honnête convoyeur à pactiser avec des gangsters et préparation du braquage). Entrainé par la superbe partition de l’inimitable Miklós Rózsa, éclairé et filmé avec classe par Franz Planer, Pour toi j’ai tué possède toutes les qualités dramatiques et esthétiques des meilleurs films noirs. Il faut dire que Robert Siodmak n’est pas un novice en la matière : deux ans auparavant il avait fait la preuve de la maestria de mise en scène dans le remarquable thriller Les Tueurs (The Killers, 1946) dont Burt Lancaster était déjà la vedette et Miklós Rózsa le compositeur. Il semble que le cinéaste reprenne dans ce film tout ce qui faisait la qualité de The Killers mais sans succomber aux facilités du remake. L’argument central de la passion amoureuse contrarié par des circonstances imprévues est suffisamment fort pour maintenir la tension dramatique au plus haut niveau servi par la qualité de la photographie dans Los Angeles omniprésente et l’excellence de la distribution qui exclue toute dérive mélodramatique. Burt Lancaster parvient à nouveau à composer avec force un héros frappé par le destin dont l’amour obscurci l’entendement. Yvonne de Carlo incarne subtilement l’objet de cette passion avec toute la subtilité requise et une douceur absente des personnages de vamps coutumières du genre. Enfin, outre toute une brochette de personnages secondaires attachants, tel le barman joué par Percy Helton ou la femme du comptoir sans oublier celle du danseur anonyme par Tony Curtis (sa première apparition à l’écran), on retiendra la prestation habitée de Dan Duryea en malfrat antipathique. Cet excellent film noir, dont Steven Soderbergh fera un remake A fleur de peau en 1996, est traversé de scènes admirables comme la fameuse scène de la chambre d’hôpital ou la scène finale éblouissante : il constitue un parfait exemple du genre dans les années 40 et doit être vu sans attendre.
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Commentaire technique
Espions sur la Tamise (Blu-ray)
Image : copie HD, restaurée, belle définition globale, excellent contraste, léger grain, étalonnage homogène, noirs denses, gamme de gris bien équilibrée
Son : mixage anglais monophonique clair, sans souffle marqué ni distorsion
La Vengeance d’une femme (DVD)
Image : copie SD, définition correcte mais perfectible, grain, bon contraste, noirs denses, bonne échelle de gris, nombreux défauts : rayures, taches et points blancs
Son : mixage anglais monophonique sans défaut particulier
Pour toi j’ai tué (Blu-ray)
Image : copie HD, restaurée, très belle définition sur les gros plans, léger grain, excellent contraste, échelle de gris équilibrée, noirs denses, pas de défaut particulier
Son : mixage anglais monophonique clair et dynamique, sans distorsion
Notre avis
Image Blu-ray : (4/5) Image DVD : (3/5)
Mixages sonores : 
(3/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb
Espions sur la Tamise : http://www.imdb.com/title/tt0037075/
La Vengeance d’une femme : http://www.imdb.com/title/tt0040002/
Pour toi j’ai tué : http://www.imdb.com/title/tt0041268/