La Nuit est mon royaume : un mélo révélant le Gabin d’après-guerre (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Raymond, mécanicien de locomotive, a les yeux brûlés suite à un accident. Un médecin lui donne un espoir de guérison. Il devient pensionnaire d'un centre de rééducation pour aveugles où il fait la connaissance de Louise, jeune aveugle qui dirige la classe de Braille. Elle est fiancée à l'économe, qui, jaloux, révèle à Raymond qu'il est incurable…

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• Titre original : La Nuit est mon royaume
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1951
• Réalisation : Georges Lacombe
• Casting : Jean Gabin, Simone Valère, Gérard Oury, Marcelle Arnold, Robert Arnoux, Paul Azaïs, Suzanne Dehelly, Cécile Didier, Jacques Dynam, Georges Lannes, Marthe Mercadier
• Durée : 1 h 47 mn 55
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus HD: Entre le gris et le noir, documentaire inédit de Roland Jean Charna (Inser & Cut), avec Jean-Jacques Jelot-Blanc et Bernard Lonjon (44 mn 58) - bande annonce (4 mn 42)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Au sortir de la guerre, en 1946, Jean Gabin incarne Martin Roumagnac dans le film homonyme de Georges Lacombe, un succès public pour le comédien qui change de registre et abandonne son aura de jeune premier romantique des années 30. C’est avec le même réalisateur qu’il tourne La Nuit est mon royaume où il livre une magnifique composition de mécanicien de locomotive devenu aveugle. Ce rôle lui vaudra à Venise le prix d’interprétation masculine. Écrit par Marcel Rivet, admirablement dialogué par Charles Spaak et filmé avec maitrise par Philippe Agostini, ce drame puissant assumant son caractère intensément mélodramatique est aujourd’hui assez méconnu et ne figure pas parmi les œuvres majeures de l’acteur. Entouré d’excellents comédiens, Suzanne Dehelly en bonne-sœur exemplaire assez stérotypée, la jeune Simone Valère prêtant ses jolis traits à une jeune enseignante aveugle et Gérard Oury composant le « méchant » de service, Jean Gabin parvient à convaincre de sa cécité et use avec habileté de toute la palette des émotions concoctée par l’intrigue. Comme annoncé par la bande annonce d’époque, passion, courage et traitrise seront au rendez-vous de cette édifiante histoire qui renvoie à la France d’après-guerre où les trains étaient tractés par des locomotives et les nombreux instituts pour handicapés, conséquence du conflit (ici un centre pour aveugles), tentaient de réinsérer ceux-ci dans la société active. Quoique forcément démodé, La Nuit est mon royaume possède le charme nostalgique de son aspect documentaire sur le traitement d’alors des malvoyants et des aveugles (canne blanche, chien d’aveugle). Ce n’est pourtant pas avec ce film que Jean Gabin allait renouer avec le succès et assurer son statut de star : il faudra attendre 1954 (Touchez pas au grisbi) pour que Jacques Becker lui offre un rôle à la mesure de sa nouvelle personnalité, celle d’un homme mûr qui en impose. Néanmoins, si l’on veut bien admettre son caractère mélo et moralisateur, La Nuit est mon royaume atteste que l’immense talent déployé par Jean Gabin dans les années 30 était toujours intact à l’aube de sa nouvelle carrière.