La Garçonnière : une comédie admirable signée Billy Wilder (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (5/5)

Synopsis

C.C. Baxter, anonyme employé d'une gigantesque société d'assurances, prête son appartement comme garçonnière à son supérieur. Ce geste lui vaut une promotion mais aussi des ennuis. En effet, le soir de Noël, il découvre chez lui la charmante liftière d'ascenseur de la comédie qui a tenté de se suicider par désespoir…

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• Titre original : The Apartement
• Support testé : blu-ray
• Genre : comédie, romance
• Année : 1960
• Réalisation : Billy Wilder
• Casting : Jack Lemmon, Shirley MacLaine, Fred MacMurray, Ray Walston, Jack Kruschen, David Lewis, Hope Holiday, Joan Shawlee, Naomi Stevens
• Durée : 2 h 05 mn 28
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais, DTS-HD MA 2.0 mono français
• Bonus : conversation entre Mathieu Macheret et Fréderic Mercier, journalistes (46 mn 14) - entretien avec Didier Naert, peintre et architecte à propos d’Alexandre Trauner et des décors (23 mn 42) - interview de la comédienne Hope Holiday (13 mn 21) -Le couple imparfait, essai de David Cairns, critique et réalisateur (20 mn 24) - L'art de Jack Lemmon (2007, 12 mn 48) - à l'intérieur de La Garçonnière (2007, 29 mn 37) - film annonce (2 mn 20)
• livret « La clef de la réussite » sur le tournage du film par Marc Toullec (32 pages)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Avec ses acteurs exceptionnels et son scénario ciselé par Billy Wilder et I.A.L. Diamond, La Garçonnière est une valeur sûre de la filmographie du cinéaste du film oscarisé l’année précédente Some Like it Hot. Les atouts sont d’ailleurs les mêmes : la présence de Jack Lemmon, l’intrigue concoctée par les deux compères Wilder et Diamond, la musique enlevée et romantique d’Adolph Deutsch et Charles Williams. En revanche ni Marylin Monroe (à laquelle une allusion est directement faite dans une scène avec Joyce Jameson), ni Tony Curtis, ni le directeur photo Charles Lang n’ont été reconduits mais la délicieuse Shirley MacLaine, l’excellent chef opérateur Joseph LaShelle et le talentueux décorateur Alexandre Trauner contribuent à la qualité de cette comédie prodigue en sensations. Suggéré par un film de David Lean (Brève Rencontre, 1945) et un scandale hollywoodien de 1950 (le producteur Walter Wanger a tiré sur un homme qu’il croyait amoureux de sa femme et actrice Joan Bennett), l’argument de l’appartement constitue le ressort imparable à cette splendide mécanique comique alternant subtilement l’humour et l’émotion. La critique sociale n’est jamais très loin et l’on savoure les portraits de personnages confrontés à leurs ambitions et à leurs ambiguïtés. Jack Lemmon excelle à jouer C. C. Baxter, cet employé d’assurance à la recherche pathétique de reconnaissance hiérarchique qui va se transformer progressivement en un amoureux transi bouleversant, tandis que Shirley MacLaine, une Fran épatante, joue les jeunes femmes bafouées par une quête d’amour improbable. Entre eux, l’obstacle à leur romance prévisible vient du patron affreux, machiste, cynique et lâche joué avec prestance par Fred MacMurray. Bien que tous les éléments du trio classique soient en place, Billy Wilder va s’ingénier à miner la banalisation de l’histoire en déployant son incontestable génie de la mise en scène. Si le cinéaste a su recruter des acteurs hors pair, y compris dans les seconds rôles tels que Jack Kruschen inénarrable en médecin juif et Hope Hollyday en femme délaissée attachante, il a aussi fait confiance à des « techniciens » dignes d’éloge. La qualité esthétique et dramatique de La Garçonnière est redevable notamment au couple Trauner-LaShelle : le décorateur a su donner à chaque décor une échelle significative, la salle gigantesque du bureau en open-space (en fait une combinaison d’ingénieux trucages avec enfants et silhouettes animées dans le lointain !) de la compagnie d’assurance où l’anonymat règne en maître et l’appartement exigu reflétant la personnalité assez peu épanouie de son proprio. La photographie en Scope noir et blanc par Joseph LaShelle complète à merveille les impressions suggérées par les décors tout en nous gratifiant de quelques rares gros plans des comédiens contre l’avis du réalisateur. Un des films préférés de son auteur, La Garçonnière a charmé tous ses publics et récoltera en 1961 cinq Oscar (mais hélas aucun pour les acteurs) : bien écrit, superbement dialogué, maniant habilement les émotions et les détails qui marquent (scène du passage de la clé ou de la raquette à spaghettis), ce film conserve toute sa saveur romantique, son humour étincelant et son ton satirique finalement pas si désuet qu’il n’y paraît (scène de la vision impossible du film Grand-Hôtel diffusé à la télévision parce qu’entrecoupé de publicités). Avec sa restauration, ses bonus consistants et son livret riche en informations, voilà une édition blu-ray digne de ce chef-d’œuvre à voir absolument.

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Commentaire technique

Négatif original scanné en 4K ; certaines sections du négatif original manquent : depuis longtemps elles ont été retirées et remplacées par un second négatif et n’ont pas été retrouvées : la restauration a conservé les meilleurs éléments par comparaison avec un positif à grain fin. Énorme travail pour réparer l’image, la stabiliser et supprimer la plupart de ses défauts.

Image : copie HD, nouveau master haute définition, image bien définie, excellent contraste, gamme de gris régulière (malgré les sources disparates), fine granulation, pas de défaut particulier, aucun dégât de pellicule n’est plus visible, noirs francs, blancs nuancés

Son : mixage 5.1 anglais issu d’un remixage de la bande sonore originale monophonique, dialogues clairs et parfois spatialisées (suivent les acteurs), peu d’effet de profondeur, le son étant surtout mixé vers l’écran et frontalement, belle mise en valeur de la musique, rares ambiances usant des voix arrières ; la VF mono est claire et proche de l’original mais moins convaincante question sonorités des dialogues