La Vie privée de Sherlock Holmes : un chef-d’œuvre mutilé (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Dans leur appartement de Baker Street, Holmes et Watson voient arriver une jeune veuve sauvée des eaux de la Tamise. Se nommant Gabrielle Valladon, cette dernière semble amnésique mais va vite retrouver la mémoire. Le fin limier et son équipier vont être entrainés dans une enquête hors du commun, où ils croiseront Mycroft Holmes, le frère de Sherlock, la reine Victoria et le monstre du Loch Ness.

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• Titre original : The Private Life of Sherlock Holmes
• Support testé : blu-ray
• Genre : policier, espionnage
• Année : 1970
• Réalisation : Billy Wilder
• Casting : Robert Stephens, Colin Blakely, Geneviève Page, Christopher Lee, Tamara Toumanova, Clive Revill, Irene Handl
• Durée : 2 h 05 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
• Bonus : scènes coupées dont « La Terrible affaire des mariés dénudés » (50 mn 03) - Christopher Lee : Mr. Holmes, Mr. Wilder (2003, 15 mn 17) - Élémentaire mon cher Wilder par Jérôme Wybon (2018, 13 mn 09) - entretien avec le monteur Ernest Walter (28 mn 40) - fin alternative inédite : bande son de la scène (1 mn 24) - Making of inédit : Billy Wilder Bericht über einen Hollywood -Regisseur (1969, 51 mn 40, réalisation de Peter Gehrig) - présentation d'Eddy Mitchell dans La dernière séance (1 mn 54) - bande annonce originale (2 mn 59)
• Éditeur : l’Atelier d’images

Commentaire artistique

Grand admirateur des aventures du célèbre détective anglais, Billy Wilder projetait, dès 1957, de monter une comédie musicale à Broadway avec Rex Harisson, puis en 1963 d’en faire un film. Il concrétisera finement son idée sous la forme d’une comédie piquante au ton résolument bienveillant à une époque où Sherlock Holmes devint le sujet de plusieurs films satiriques. Conçu initialement comme une superproduction avec entracte, La Vie privée de Sherlock Holmes, écrit par Billy Wilder avec son complice I.A.L. Diamond, était organisé en une succession de quatre enquêtes. Hélas le résultat final fut irrémédiablement amoindri par des coupes drastiques qui enlevèrent une heure environ au montage final en supprimant plusieurs longues séquences (cf., bonus) : « La Terrible affaire des mariés dénudés » (intégralement offerte en bonus), « La Curieuse étude de la chambre à l’envers » et un flash-back sur un amour de jeunesse du détective. Si ces mutilations irrécupérables (puisqu’opérées sur le négatif original) désappointèrent le réalisateur qui ne les avait pas pratiqué lui-même, on reconnaît encore sa patte inimitable malgré ces coupes dévastatrices. Tout en se moquant gentiment du duo formé par le détective et de son acolyte le Dr. Watson dans plusieurs scènes et allusions coquines, le cinéaste lui conserva une réelle sympathie. Peter O’Toole et Peter Sellers, envisagés initialement, furent écartés à cause de leur renommé et ce sont deux excellents acteurs de théâtre, Robert Stephens et Colin Blakely, qui incarnèrent avec une grande classe le célèbre tandem. Le casting bénéficia également de la présence de deux interprètes de talent, la subtile Geneviève Page jouant la séduisante Gabrielle et le toujours remarquable Christopher Lee, parfait en Mycroft Holmes, le frérot de Sherlock ! Partiellement prévu en extérieur, le tournage devait avoir lieu dans le vrai Loch Ness mais le modèle du « monstre » tracté par un bateau coula à pic (il a été retrouvé par sonar en 2016 à 180 m de profondeur !). Une grande partie du film a bénéficié des magnifiques décors victoriens construits en studio par Alexandre Trauner, notamment la célébrissime Baker Street, reconstituée grandeur nature à Pinewood, et la non moins fameuse « chambre à l’envers » (de la séquence enlevée au montage). Autre artiste qui contribua à la qualité du film, Miklós Rózsa écrivit une de ces musiques expressives dont il avait le secret et, à la demande de Billy Wilder, adapta pour Sherlock Holmes son Concerto pour violon composé en 1956. Inégal en raison des coupes qui détruisirent la cohérence de l’ensemble, La Vie privée de Sherlock Holmes n’est plus aujourd’hui qu’un pâle reflet du film imaginé par son réalisateur. Conçu dans la dernière partie de sa carrière, loin d’Hollywood où il avait connu ses plus grands succès, ce pastiche bienveillant réunissait quatre histoires qui s’enchevêtraient et qui proposaient une analyse psychologique fascinante de la personnalité du fin limier. Malgré tout ce qui reste du métrage laisse deviner l’attachement pour le personnage qui fut doté d’une fragilité et d’une humanité qui lui manquaient chez Conan Doyle : Sherlock Holmes sera donc un être soumis au diktat des écrits du Dr. Watson et un homme complexé par les femmes et son frère Mycroft, bref un être humain enfin révélé sous le masque du mythe. Il n’est que temps de redécouvrir, même dans une version irrémédiablement tronquée, La Vie privée de Sherlock Holmes, cet hommage affectueux et plaisant non dénué de séquences burlesques qui porte la marque d’un authentique auteur. Les plus cinéphiles apprécieront les suppléments copieux qui accompagnent cette édition haute-définition.

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Commentaire technique

Image : copie HD, version restaurée, bonne définition mais souvent adouci par des effets de voile et de brume avec une compression pas toujours impeccable et des fluctuations de contraste, grain modéré mais présent, étalonnage homogène, colorimétrie chatoyante avec des teintes vives et nuancées, défauts enlevés

Son : mixage monophonique anglais clair et sans distorsion avec un bel équilibre mais un niveau et une dynamique bien trop faibles, c’est dommage pour la superbe partition de Miklós Rózsa ; VF correct mais à éviter pour son manque de naturel dans ce film typiquement british