Coffret Rivette restauré HD : Céline et Julie vont en bateau - Le Pont du Nord (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Céline et Julie vont en bateau : Céline est magicienne et mythomane. Julie est bibliothécaire perdue dans ses souvenirs d'enfance. Elles se rencontrent fortuitement, se lient, se confient et, fuyant le réel, se mettent à imaginer une autre existence rocambolesque et pleine de péripéties qui auraient pour cadre une vieille et calme maison. Chaque fille se prend peu à peu à son propre jeu et, dérapant de plus en plus volontiers hors de la réalité, rivalise dans ses fabulations nourries de rêves, de souvenirs, de souhaits. Ce sont la joie de vivre, la fantaisie, le plaisir d'inventer qui les animent et leur font monter des bateaux…

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Le Pont du Nord : Marie sort de prison et ne supporte plus de vivre entre quatre murs. Baptiste arrive, d'ailleurs, et entend bien rester en marge de tout circuit établi. Par trois fois en quelques heures, leurs trajets se croisent. Ceci est pour Baptiste un signe du destin : elle se croit tenue maintenant d'accompagner Marie, de la protéger. Mais les périls qui guettent celle-ci ne sont pas de ceux que la vigilance de Baptiste peut déjouer…

• Titre original : Céline et Julie vont en bateau - Le Pont du Nord
• Support testé : blu-ray
• Genre : comédie dramatique, fantastique
• Année : 1974, 1981
• Réalisation : Jacques Rivette
• Casting : (1) Juliet Berto, Dominique Labourier, Marie-France Pisier, Bulle Ogier, Barbet Schroeder (2) Bulle Ogier, Pascale Ogier, Pierre Clementi, Jean-François Stevenin
• Durée : (1) 3 h 13 mn 34 (BRD) 3 h 05 mn 49 (DVD) - (2) 2 h 08 mn 49
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1
• Sous-titrage : aucun
• Pistes sonores : DTS-HD MA monophonique 2.0 français
• Bonus sur Blu-ray 2 : Paris s’en va (29 mn 46, réalisation Jacques Rivette)
• Bonus sur DVD 1 : présentation du film par Pacôme Thiellement, essayiste (27 mn 43) - interview de Jacques Rivette (19 mn 53), des actrices (33 mn 45) - hommage à Juliet Berto (6 mn 59) - entretien avec Bertrand Mandico, cinéaste (15 mn 48) et avec Lucile Hadzihalilovic (13 mn 08)
• Bonus sur DVD 2 : interviews de Martine Marignac, productrice (26 mn 13) - Bulle Ogier, actrice, et Caroline Champetier, assistante du chef opérateur (24 mn 08) - Georges Prat, ingénieur du son (15 mn 30) - Catherine Quesemand, assistante monteuse (12 mn 40) - Pierre Wallon, régisseur (16 mn 23) - entretien avec Jean Narboni, critique, et Bamchade Pourvali, critique et universitaire (26 mn 57)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

Céline et Julie vont en bateau Note artistique : (4,5/5)

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Ex-critique de cinéma passé à la réalisation en 1958, Jacques Rivette est un des cinéastes emblématiques de la Nouvelle Vague reconnu pour ses expérimentations cinématographiques et son art de l’improvisation. Auteur en 1970 de Out 1. Noli me tangere dans lequel, avec un malin plaisir, il se jouait des conventions narratives et de l’étirement de l’intrigue, il applique ces recettes à Céline et Julie vont en bateau extraordinaire fantaisie mêlant la trivialité d’un récit d’aventures féminines aux surprenantes citations surréalistes. Ne s’embarrassant d’aucun préjugé, il filme ses héroïnes, les craquantes Juliet Berto et Dominique Labourier, dans des situations invraisemblables où le burlesque se mêle au fantastique. Cette comédie, qui se substitue à Phoenix un projet de film de terreur abandonné faute de financement, est écrite à plusieurs mains avec la collaboration quotidienne de ses actrices (Ogier, Pisier, Labourier et Berto) et improvisé au jour le jour. Le résultat est étonnamment fascinant avec sa mise en scène à l’ancienne ne perdant jamais une occasion de contrefaire jusqu’à l’absurde les codes d’un cinéma de genre : quelle délectation d‘observer Marie-France Pisier et Barbet Schroeder jouant les fantômes dans une maison énigmatique ! Plutôt déroutant par ses ellipses et pour ses décalages incessants des dialogues et de l’interprétation, Céline et Julie vont en bateau, « film de filles » comme le qualifiait Juliet Berto, est un pur divertissement filmé dans la quiétude d’un Paris estival, ce qui ne l’empêche nullement d’aborder des thèmes forts de la liberté féminine et de l’innocence enfantine tout en dynamitant le carcan d’un cinéma désuet. Étonnamment moderne, se prêtant à des explications multiples, souvent considéré comme le modèle du Mullohand Drive de David Lynch, ce chef-d’œuvre est à voir et à revoir, séance tenante.

Le Pont du Nord Note artistique : (4/5)

Après l’expérimentation de Céline et Julie vont en bateau, Jacques Rivette réitère pour Le Pont du Nord le principe de l’écriture collective et ses actrices, Bulle Ogier, Pascale Ogier et Suzanne Schiffman, collaborèrent au scénario. Moins décalé, ce film, sous la forme d’un jeu de l’oie urbain dans un Paris de science-fiction quasi désert en 1980, ne renonce ni à la féerie, ni au mystère du complot énigmatique. Centré sur l’actrice Bulle Ogier, qui reprend son personnage de terroriste incarné pour Rainer Werner Fassbinder dans La Troisième génération (1979), le film donne à la fille de l’actrice, Pascale Ogier, l’opportunité d’incarner avec extravagance un Don Quichotte à Mobylette. Tout n’est qu’inventions dans ce faux film naturaliste qui ne cesse de se dérober à la réalité d’un tournage dans la capitale en décors réels. Comme toujours chez Jacques Rivette, plusieurs lectures du film sont possibles et l’exploration labyrinthique de la métropole, associant un tournage fauché et la spontanéité d’une improvisation constante, invite à considérer cette fable organisée en quatre journées comme le témoignage insensé, non dénué de cinéphilie, sur une époque évolue au tournant des années 80. Enfin restauré, ce brillant hymne mélancolique à la liberté et son approche surréaliste sur la disparition de l’utopie sociale de mai 68 pourra être apprécié à juste mesure, celle d’une œuvre exceptionnelle.

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Commentaire technique

Céline et Julie vont en bateau
Image : copie HD, assez bien définie malgré la granulation de l’image, très bon contraste maîtrisé, étalonnage régulier, colorimétrie chaude naturaliste, pas de dominante, défauts effacés
Son : mixage français monophonique aux dialogues très clairs et bon équilibre avec les sons d’ambiances, pas de défaut ni de distorsion

Le Pont du Nord
Image : copie HD, restauration 2017 sous la direction de Caroline Champetier, assistante du chef opérateur du film en 1981, belle définition pour un tournage en 16 mm, étalonnage et colorimétrie chaude, teintes réalistes, tons nuancés, défauts nettoyés
Son : mixage français monophonique dynamique, bon équilibre dialogues ambiances, pas de défaut