Untel père et fils : une saga patriotique (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

La saga d'une famille française sur quatre générations et trois guerres, entre le siège de Paris par les prussiens et la Seconde Guerre mondiale. En 1871, Pierre est tué pendant le siège de Paris. Il laisse trois enfants, la fille aînée élève alors ses deux frères : l'un se marie et a deux enfants, Alain et Marie, l'autre part pour les colonies…

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• Titre original : Untel père et fils
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1943
• Réalisation : Julien Duvivier
• Casting : Raimu, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Suzy Prim, Renée Devillers, Georges Biscot, Colette Darfeuil, Harry Krimer, René Génin, Louis Jourdan
• Durée : 1 h 46 mn 53 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : Destinée tragique d'une famille française, documentaire inédit de Pierre-Henri Gibert, avec la participation de Eric Bonnefille (31 mn 44) - prologue du film (3 mn 34) - Untel père et fils restauré (2 mn 44)
• Éditeur : Gaumont Vidéo

Commentaire artistique

Julien Duvivier réalise Untel père et fils en 1940, pendant la «drôle de guerre», mais l’Armistice et l’occupation repoussent la sortie française en 1945. Le film sera projeté dès 1943 aux USA sous le titre The Heart of a Nation avec un prologue explicatif tourné sur place et commenté par Charles Boyer (cf. bonus) plus une séquence (perdue) avec Michèle Morgan. Saga familiale au casting prestigieux, ce film a toujours été considéré comme très mineur dans la filmographie du cinéaste. Le scénario qu’il a co-écrit avec Marcel Achard et Charles Spaak est manifestement antinazi et le film sera, bien évidemment, interdit jusqu’à la Libération, mais il sera néanmoins sauvé par son auteur. Pour incarner le destin de cette famille française ordinaire, les Froment, auquel s’identifie la destinée de la nation, le cinéaste fit appel au gratin des stars du moment, chargées d’incarner des héroïnes et des héros empathiques et facilement reconnaissables par tous les spectateurs. Le grand acteur Raimu jouera l’oncle pittoresque qui traversera toutes les générations ; Louis Jouvet ne sera pas en reste en interprétant un bâtisseur sur deux génération,s tandis que la délicate Renée Devillers composera une jeune femme fascinante devenue une mère admirable. Deux jeunes comédiens de talent seront de la partie, Michelle Morgan, 23 ans, actrice déjà auréolée par plusieurs grands rôles durant la décennie précédente et qui s’apprêtait à s’exiler aux USA, et Louis Jourdan dans un de ses premiers rôles.
Pour pallier la complexité des changements d’époque et rendre la narration aussi limpide que possible, Untel père et fils reprend la structure d’un film à sketches découpé en séquences séparées par un calendrier déroulant. Tourné dans les studios de la Victorine à Nice, où les diverses évocations de Montmartre sont reconstituées avec ampleur et naturalisme par Guy de Gastyne, le film souffre de son propos ambitieux qui contraint les scénaristes à réduire chaque époque à un digest expéditif, limité à quelques instants privilégiés. À sa sortie en 1945, le film ne convainc guère : les critiques déplorent son aspect mélodramatique, son accumulation de clichés et se demandent quel impact réel aurait pu avoir ce film de propagande dont les protagonistes se contentent de subir les évènements. Avec le recul et la nostalgie du cinéphile, Untel père et fils n’a plus la même charge émotionnelle : à la description désastreuse d’une bourgeoisie française repliée sur elle-même et d’un tableau tragi-comique de l’entre-deux guerre se substitue la qualité d’une interprétation emblématique dont on peut apprécier l’abatage savoureux de Raimu et la délicatesse pathétique de Suzy Prim. Untel père et fils, film de propagande commandé par le commissaire général à l’information Jean Giraudoux, est assurément un film au patriotisme affirmé (plus encore dans la version américaine commentée) qui ne pouvait convenir à Julien Duvivier, auteur de tant de chefs-d’œuvre naturalises ; pourtant certaines séquences, qui trahissent son talent à dépeindre sans fard la société, encouragent à voir ce film si particulier enfin restauré.

Commentaire technique

Nouveau master restauré en 2K en 2017 pour Gaumont par les laboratoires numériques Éclair (image) et Le Diapason (son). L'éditeur informe que ce film comporte plusieurs plans sur plans (Jump Cut) conformes au négatif original

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Image : copie HD, restaurée, définition variable, parfois excellente, parfois perfectible, excellent contraste sauf rares images, bel étalonnage homogène, échelle de gris régulière, défauts de pellicule nettoyés (rayures, taches, pompages, instabilité)

Son : mixage monophonique français clair, spectre limité dans les aigus, pas de souffle ou de distorsion