Si tu voyais son cœur : fascinant mais sybillin (en DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Suite à la mort accidentelle de son meilleur ami, Daniel échoue à l'hôtel Métropole, un refuge pour les exclus et les âmes perdues. Rongé par la culpabilité, il sombre peu à peu dans la violence qui l'entoure. Sa rencontre avec Francine va éclairer son existence.

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• Titre original : Si tu voyais son cœur
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2017
• Réalisation : Joan Chemla
• Casting : Gael García Bernal, Marine Vacth, Nahuel Perez Biscayart, Karim Leklou, Mariano Santiago, Manuel « Manole » Munoz, Antonia Malinova, Patrick de Valette
• Durée : 1 h 22 mn 44 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 gitan andalou/français
• Bonus : courts-métrages de Joan Chemla : Mauvaise route (2008, 12 mn 04), Dr Nazi (2010, 15 mn), The Man with the Golden Brain (2012, 16 mn 18) - bande annonce (1 mn 38)
• Éditeur : Diaphana Vidéo

Commentaire artistique

Premier long métrage de Joan Chemla, Si tu voyais son cœur a été inspiré par le roman cubain «Mon ange» de Guillermo Rosales, dont l’univers original a fasciné la réalisatrice. Néanmoins, le scénario très distancié qu’elle a coécrit avec Santiago Amigorena transpose les références américaines en équivalents hexagonaux : le monde des gitans français se substitue à l’immigration cubaine et la pension de Miami devient un hôtel social dans la périphérie marseillaise. Après une scène d’exposition pleine d’allant, le film bifurque vers un récit plus sombre et plus confus, supposé plonger le spectateur dans les émotions de Daniel, le protagoniste central, qui emprunte les traits étonnamment innocents de Gael García Bernal. Entre tragédie et humour morbide, les errances de Daniel brouillent la narration tout en nous invitant à partager ses rencontres surréalistes (le gardien, le proprio, les clients) dans l’hôtel où il dort et la violence du milieu manouche. Seule l’irruption tardive de Francine, incarnée avec délicatesse par Marine Vacth, et une idylle improbable parviendront, momentanément, à repositionner Daniel dans un univers plus cohérent. Le ton si particulier du film, mélange de naturalisme sublimé et d’ambiance quasi fantastique, dénote un style très personnel qui pourra déplaire. L’intrigue laisse beaucoup de pistes en plan et ne cherche pas à expliciter les motivations des personnages : manifestement c’est le côté sensible des rapports humains qui intéresse la cinéaste en revendiquant une forme de lyrisme dans la création héritée de Kubrick. Filmé dans une frange du port de Marseille avec la participation de gitans authentiques, Si tu voyais son cœur, avec sa belle musique composée par Gabriel Yared, a du mal à capter l’attention : la mélancolie maladive et les états d’âme du personnage central de cette mécanique intellectuelle bien trop sophistiquée ne parviennent jamais à impliquer le spectateur. Un film d’auteur, témoignage d’un style si singulier (voyez aussi les courts-métrages donnés en bonus) qu'il ne fera pas l’unanimité.

Commentaire technique

Image : copie SD, définition moyenne avec un manque de piqué sur les contours, bon contraste sans excès, étalonnage et colorimétrie naturalistes, teintes réalistes nuancées

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Son : mixage 5.1 franco-gitan andalou, dialogues clairs et dynamiques, ambiances naturalistes, spatialisation maîtrisée subtilement immersive, sons bien répartis naturellement sur les surrounds