Le Prisonnier d’Alcatraz : un très beau rôle de détenu pour Burt Lancaster (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Après deux meurtres de sang-froid, Robert Stroud est incarcéré en isolement à la prison de Laevenworth dans le Kansas. Un jour, il trouve dans la cour un moineau blessé et décide de le recueillir. Il finit par le soigner et l'apprivoiser. Étudiant dès lors sans relâche, il passe maître en ornithologie et devient peu à peu l'homme aux canaries. Jusqu'au jour où son transfert immédiat vers Alcatraz lui est annoncé…

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• Titre original : Birdman of Alcatraz
• Support testé : blu-ray
• Genre : biopic
• Année : 1962
• Réalisation : John Frankenheimer
• Casting : Burt Lancaster, Karl Malden, Thelma Ritter, Edmond O'Brien, Telly Savalas, Neville Brand, Betty Field, Hugh Marlowe
• Durée : 2 h 28 mn 41 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : Une illusion de liberté, entretien avec Richard H. Kline, cameraman sur le film (28 mn 26) - bande annonce (3 mn 03) - DVD du film - livre « Au-delà des grilles » écrit par Doug Headline, illustré de photos d'archives rares (200 pages)
• Éditeur : Wild Side Vidéo

Commentaire artistique

Sous les mains expertes du maquilleur Robert Schiffer, Burt Lancaster va vieillir de 50 ans pendant la durée de ce film consacré à Robert Stroud, le «birdman» du titre original, c'est-à-dire un prisonnier d’exception condamné à perpétuité et qui va progressivement trouver une raison de vivre en compagnie des oiseaux dont il deviendra un expert international. Ce destin peu commun a été scénarisé (et dramatisé) par Guy Trosper à partir du livre de Thomas E. Gaddis. Tout le film tourne autour de la forte personnalité de Burt Lancaster, acteur principal et producteur, voire réalisateur ou presque (cf., bonus) de ce biopic attachant. Véritable tour de force, le tournage essentiellement en studio, avec la star et des dizaines d’oiseaux dressés par un certain Mr. Canard, débuta avec Charles Crichton, qui fut vite remercié et remplacé par John Frankenheimer… plus «docile». Quelle que soit l’ego de Burt Lancaster, sa performance est digne d’éloges, même si son incarnation est bien éloignée du vrai Stroud, un homme plutôt violent, psychopathe et antipathique, mais la prestation admirable de l’acteur provoqua des demandes de libération, hélas inutiles puisque Robert Stroud mourut en prison le 21 novembre 1963 à le veille de l’assassinat de JFK, après 54 ans d’emprisonnement dont 42 en isolement. Pour l’essentiel, l’évocation présentée se déroule non pas à Alcatraz mais à la prison de Leavenworth, seul endroit où le prisonnier fut autorisé à avoir des oiseaux. La narration prend de nombreuses libertés avec la réalité et présente un portrait faussé du personnage le transformant - c’est tout l’art du cinéma - en un individu brutal qui évolue et s’humanise avec le temps et l’étude des volatiles. Cette magnifique rédemption cinématographique, délibérément romanesque, est d’une telle puissance émotionnelle que le film est devenu un plaidoyer exemplaire sur la condition des prisonniers tout en hissant Robert Stroud au rang des détenus célèbres du niveau d’Al Capone !
Outre la composition sidérante de Burt Lancaster, le reste du casting est tout à fait remarquable : Karl Malden en directeur ambigu, Telly Savalas en codétenu mémorable et Thelma Ritter en maman envahissante ; Betty Field et Nevillle Brand sont tout aussi excellents dans leurs rôles secondaires fortement empathiques. Le Prisonnier d’Alcatraz bénéficie de la magnifique photographie en clair-obscur de Burnett Guffey et de la partition inspirée d’Elmer Bernstein. La réalisation efficace, sinon novatrice, de John Frankenheimer réussit à combiner habilement la claustrophobie du récit, les contraintes inhérentes à la taille et l’imprévisibilité des canaris et le discours sur la privation de liberté et les bienfaits de la recherche scientifique. On aura plaisir à revoir en HD ce très beau film à l’ancienne offert dans un superbe coffret mediabook proposant un copieux livre de Doug Headline qui analyse le film et fait toute la lumière sur les libertés artistiques prises avec la réalité. Un biopic saisissant à voir pour son acteur d’exception.

Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition globale sur les nombreux gros plans mais parfois manquant de piqué sur certains plans extérieurs, granulation modérée, excellent contraste respectant les clairs obscurs chers à Burnett Guffey, échelle de gris homogène, noirs francs, défauts en grande partie effacés

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Son : mixage anglais monophonique clair et dynamique sans distorsion ou bruit de fond élevé, belle mise en valeur de la musique d’Elmer Bernstein ; VF ancienne bien réalisée mais nettement moins convaincante