Becket : une magistrale adaptation de Jean Anouilh (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

En Angleterre, au XIIème siècle, en conflit avec l'Église, le Roi Henry II, nomme son vieil ami Thomas Becket archevêque de Canterbury. Il espère ainsi régner en maître sur son royaume et le clergé. Mais Becket se prend au jeu, s'investissant totalement dans sa nouvelle mission ; l'opposition entre les deux hommes sera de plus en plus violente.

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• Titre original : Becket
• Support testé : blu-ray
• Genre : historique, biopic
• Année : 1964
• Réalisation : Peter Glenville
• Casting : Richard Burton, Peter O'Toole, John Gielgud, Gino Cervi, Paolo Stoppa, Donald Wolfit, David Weston, Martita Hunt, Pamela Brown
• Durée : 2 h 28 mn 23 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 stéréo anglais - DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : commentaire audio de Peter O'Toole (VO) - interview d'Anne V. Coates, monteuse (2007, 6 mn 54 mn) - interview de Laurence Rosenthal, auteur de la musique (11 mn 52) - film annonce (4 mn 49)
• Éditeur : Rimini Editions

Commentaire artistique

«Becket ou l’Honneur de Dieu», adapté dans ce film est une pièce de 1959 de Jean Anouilh qui est inspirée de l'ouvrage «Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands» d’Augustin Thierry (1856) et qui fut jouée et récompensée à New York en 1961. Remarquée pour la qualité de son écriture, la pièce traite de la complicité puis de l’affrontement entre le roi d’Angleterre Henri II et son confident et chancelier Thomas Becket. Ce puissant drame historique est très fidèle aux sources au point que Becket est présenté faussement comme un saxon, ce que Jean Anouilh a appris trop tard et conserva afin de renforcer la tension dramatique de son œuvre. L’auteur était évidemment plus concerné par la psychologie de ses personnages que par la véracité des faits et s’est autorisé à la licence artistique allant jusqu'à transformer certains personnages - idée reprise dans le film - comme le pape, la reine ou le roi de France. Toute la verve d’Anouilh, avec ses dialogues ciselés, a été bien transposée dans ce film Becket par la grâce d’une mise en scène raffinée et de l’interprétation exceptionnelle d’Henri II par Peter O’Toole et de Becket par Richard Burton. Quelques ajustements, dont l’argument du prêtre tué par Lord Gilbert, ont cependant éloigné le film de l’esprit de la pièce. Le film, d’ailleurs moins statique, reste cependant plus éloquent qu’actif, à l’exception de quelques scènes grandioses à Cantorbéry ou en France et insiste, avant tout, sur la relation quasi homosexuelle et la personnalité attachante et tranchée des deux hommes, faisant de Becket un intellectuel investi par sa mission et du roi un jeune monarque plein de fougue. Tous les ingrédients d’un grand film ont été réunis, de la réalisation rigoureuse à la magnifique photographie de Geoffrey Unsworth et à la splendeur des costumes et des décors : on appréciera la somptuosité de la basilique de Cantorbéry reconstituée par John Bryan au studio de Shepperton ! Exalté par la superbe musique de Laurence Rosenthal et monté par Anne V. Coates (Oscar pour Lawrence d’Arabie) qui a su conserver les longs échanges entre les deux comédiens (cf., bonus), Becket est plus qu’une superproduction historique ordinaire : le scénario d’Edwards Anhalt (Oscar), la direction par Peter Glenville, qui avait monté la pièce à Londres et New York, et la parfaite harmonie entre les deux stars aboutiront à ce film singulier qui récoltera douze nominations aux Oscar ! Thomas Becket (1117-1170) sera assassiné puis sanctifié par Henri II : une intrigue captivante sublimée par la plume de Jean Anouilh et un grand moment de cinéma. Peter O’Toole, dont les anglophiles pourront apprécier les commentaires audio non sous-titrés (cf. bonus), continuera d’exceller à incarner le roi Henri II dans une autre adaptation de pièce de théâtre, toute aussi remarquable, Le Lion en hiver (1968).

Commentaire technique

Image : copie HD, restauration image par TCS, très bonne définition (tournage en 35 mm) mais le piqué, souvent excellent, varie selon les plans, légère granulation, excellent contraste avec des noirs profonds, étalonnage et colorimétrie chatoyants, couleurs chaudes, tons saturés, pas de défauts particuliers

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Son : mixage anglais 2.0 stéréo (il existe un mixage 5.1 sur le blu-ray américain MPI sorti en 2008), dialogues clairs et centrés, scène sonore frontale mais ample avec une belle restitution de la musique et des chœurs, quelques effets d’ambiances (cloche, cavaliers, foule, consécration) ; VF soignée mais mono avec voix mixées trop en avant, donc nettement plus artificielles et moins convaincantes