The Last Family : au cœur de la famille du peintre surréaliste polonais Zdzisław Beksiński (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Il s’agit du portrait incisif d'une famille singulière : Zdzisław Beksiński (1929 -2005), peintre surréaliste polonais, sa femme bienveillante Zofia, et leur fils impulsif et suicidaire Tomasz, devenu célèbre animateur radio dans les années 1980. S'appuyant sur un travail visuel mêlant véritables et fausses archives vidéographiques, cette chronique intime d'une famille hors norme témoigne des changements de la société polonaise dans la deuxième moitié du XXème siècle.

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• Titre original : Ostatnia rodzina
• Support testé : DVD
• Genre : biopic, drame
• Année : 2016
• Réalisation : Jan P. Matuszyński
• Casting : Andrzej Seweryn, Dawid Ogrodnik, Aleksandra Konieczna, Andrzej Chyra, Zofia Perczynska, Danuta Nagórna, Alicja Karluk, Magdalena Boczarska
• Durée : 1 h 57 mn 22 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1 et 1,37/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 polonais
• Bonus sur DVD bonus : entretien avec le réalisateur Jan P. Matuszyński (24 mn 20) - entretien avec l’acteur Andrzej Seweryn qui joue Zdzisław Beksiński (17 mn 26) - Les Beksiński : album de sons et d'images, documentaire réalisé à partir des archives du peintre (80 mn 11)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

The Last Family n’est pas un film consacré au grand peintre surréaliste polonais Zdzisław Beksiński, même si il montre l’artiste au travail et une partie de ses peintures, mais à sa famille proche, sa femme Zofia, son fils Tomasz et, dans une moindre mesure les aïeules au foyer, durant une période allant de 1977 à 2005. Le choix de cette famille repose sur son histoire ponctuée de drames et sur l’extraordinaire documentation disponible. En effet, Zdzisław Beksiński était aussi fasciné par la technique de l’image et du son : il a donc enregistré quotidiennement l’activité familiale d’abord sur bandes et cassettes dès 1957, puis plus tard au caméscope VHS ! Ce comportement singulier et discutable a donc produit un monceau d’archives (voir absolument le montage donné en bonus) permettant une approche inégalée en profondeur de la famille Beksiński. C’est à partir d’un scénario de Robert Bolesto que Jan P. Matuszyński a conçu The Last Family comme la reconstitution fictionnelle d’une vérité documentaire avec le parti pris du quasi huis clos (mais on sait que l’artiste vivait cloîtré) à peine aéré par quelques vues de sorties d’immeubles et une étonnante scène de crash aérien. La réalisation se cantonne à filmer les acteurs dans deux appartements, celui de l’artiste et celui du fils, en plans séquences rigoureux avec une palette chromatique réaliste et des passages filmés en VHS pour de fausses archives. Le récit, rythmé par les (fausses) dates incrustées dans les documents, n’est pas linéaire et le choix d’une construction documentaire avec ses impératifs temporels structure l’intrigue. La progression chronologique est discrètement évoquée à la fois par le changement physique de l’allure des personnages et par l’évolution du matériel dans les mains de Zdzisław Beksiński (magnétophones, caméras). Le résultat, confondant, plonge le spectateur dans une chronique familiale qui conjugue la sécheresse d’une (fausse) captation «sur le vif» et l’émotion qui naît des aléas dramatiques de ce clan perturbé par les morts en série et les crises de démence du fils suicidaire. Ce découpage sophistiqué est servi par une troupe de comédiens polonais remarquables et d’une totale crédibilité : l’intensité de leur jeu est sidérante et chacun sait rendre son personnage attachant en dépit de ses défauts manifestes, un habile cocktail d’humanité et de morbidité. L’exposition de cette vie de famille qui semble frappée par la fatalité alterne la trivialité du quotidien et des passages d’une extrême sensibilité : le tableau qui en résulte est à la fois bouleversant et d’une grande noirceur, mais la forme inhabituelle de ce biopic d’artiste n’est finalement que le reflet sans fard de la vraie vie de l’artiste dont il faut mesurer l’influence sur sa peinture dystopique peu rassurante. Observation captivante sur trente années d’une famille polonaise, fondement d’une société en voie de changement, où la folie et la mort sont omniprésents, The Last Family, est un biopic existentiel troublant qui ne cesse d’entremêler la vérité et l’illusion. Totalement fascinant.

Commentaire technique

Image : copie SD, définition d’un DVD manquant de piqué, contraste variable selon les séquences, étalonnage jouant sur les séquences de fausses archives filmées en VHS au format 1,37/1 et les images modernes en 2,39/1, colorimétrie froide diversifiée, tons peu chatoyants, dominante dans les bleu-vert, ou très saturés (VHS) selon les «sources»

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Son : mixage polonais 5.1 clair et dynamique, dialogues centrés, spatialisation naturaliste, ambiances réalistes avec une grande énergie consacrée à la musique qu’écoutent tous les personnages virant parfois à une cacophonie réaliste, surrounds et LFE efficacement utilisés (scène du crash)