Wajib L’invitation au mariage : retrouvailles à Nazareth (en DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l'aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du « wajib ». Tandis qu'ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l'épreuve leurs regards divergents sur la vie.

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• Titre original : Wajib
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2017
• Réalisation : Annemarie Jacir
• Casting : Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Tarik Kopty, Monera Shehadeh, Lama Tatour, Samia Shanan, Jalil Abu Hanna, Ossama Bawardi
• Durée : 1 h 33 mn 14 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 arabe
• Bonus : entretien avec Annemarie Jacir (19 mn 32) - bandes annonces Wajib L’invitation au mariage (1 mn 44) et Le Sel de la mer (1 mn 38)
• Éditeur : Pyramide Vidéo

Commentaire artistique

Film palestinien réalisé par Annemarie Jacir, Wajib L’invitation au mariage utilise un usage social, la distribution des faire-part de mariage par les hommes de la famille, le wajib, pour nous faire partager les retrouvailles plus ou moins compliquées entre un père et son fils, palestiniens de Nazareth. Ce road-movie social ne quitte jamais la ville parcourue avec la vieille Volvo familiale et permet à la réalisatrice d’évoquer la tension permanente que vivent ces palestiniens demeurés volontairement dans leur cité devenue israélienne. Le huis clos est encore plus appuyé par le parti pris de montrer les deux hommes dans la voiture : cette intimité, coupée de l’environnement social des séquences de visites, révèle la vraie personnalité de chacun débarrassée du rôle imposé par la société. La tournée est aussi très enrichissante puisque tour à tour, la famille, les amis et les relations diverses rencontrées composent le tableau d’une société multiconfessionnelle et d’une topographie singulièrement tortueuse, dominée par la colonie juive, où les tensions sont constamment palpables. Au fil des visites, la complexité de la situation politique vécue par les palestiniens est révélée par une foule de petits détails, de la méfiance suscitée par une société sous surveillance à la détestation des autorités de tous bords, et à la fracture entre un fils expatrié en Italie et resté rebelle et un père qui avec sagesse cède au compromis, condition sine qua non pour continuer de vivre dans sa ville natale. La longue journée qui occupe le film est entièrement vouée à une possible entente entre les deux hommes, la cinéaste, qui se garde de prendre parti et de porter un quelconque jugement, laissant la porte ouverte à toutes les suppositions. Filmé sur place en décors naturels Wajib L’invitation au mariage dispose d’un casting local d’une grande justesse mais son principal atout et sa grande force résulte dans son duo principal. Les acteurs palestiniens, Mohammad et Saleh Bakri, réellement père et fils, font preuve d’une intensité de jeu qui bien évidemment, outre leur talent mutuel, résulte de cette parenté qui nourrit leur interprétation exceptionnelle. La mise en scène d’Annemarie Jacir, jouant sur la sobriété et le naturel, a su dépeindre, avec talent, des personnages attachants d’une grande humanité tout en évitant les écueils d’une diatribe militante qui aurait dévoyé son récit et du mélodrame qui l’aurait travesti. Un très beau film dont le microcosme, évoqué par son récit et sa localisation bien circonscrits, révèle les contradictions d’une situation difficilement supportable héritée de l’Histoire récente mais avec laquelle il faut composer. Éclairant et admirablement interprété.

Commentaire technique

Image : copie SD, définition standard d’un DVD, pas assez de piqué sur les détails, bon contraste, étalonnage et colorimétrie naturalistes, teintes nuancées réalistes

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Son : mixage arabe 5.1 dynamique, dialogues clairs au centre, spatialisation naturaliste aux ambiances réalistes sans excès, surrounds et LFE mesurés