Derrière le miroir : de la dépendance à la clairvoyance (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

À la suite de plusieurs malaises, Ed Avery entre à l'hôpital pour y subir plusieurs examens. Les médecins diagnostiquent une maladie mortelle, et proposent à Ed un nouveau médicament, la cortisone. Si les premiers résultats sont bénéfiques, peu à peu des effets secondaires semblent affecter son comportement. Ed, repoussant toutes ses limites, se met à terroriser sa femme et son fils, et sombre lentement dans la folie.

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• Titre original : Bigger Than Life
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1956
• Réalisation : Nicholas Ray
• Casting : James Mason, Barbara Rush, Walter Matthau, Robert F. Simon, Christopher Olsen, Roland Winters, Rusty Lane, Rachel Stephens, Kipp Hamilton
• Durée : 1 h 35 mn 08 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,55/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : Hollywood Legends (1 mn 59) - Derrière le miroir. Critique d'une Amérique sous traitements par Mathieu Macheret (19 mn 42)
• Éditeur : ESC Editions

Commentaire artistique

Le scénario de Derrière le miroir, écrit à plusieurs mains dont celles du réalisateur Nicholas Ray et de la star masculine (également producteur) James Mason, est basé sur un article du New Yorker, « Ten Feet Tall », paru le 10 septembre 1955 à propos d’un instituteur de Forrest Hill à New York ayant réellement subi les effets secondaires, mal maîtrisés à l’époque, d’un traitement à la cortisone. En effet, l’article point les dangers de l’usage de cette hormone en cas de mauvais dosages tels que la paranoïa et la psychose maniaco-dépressive. Le scénario suit les péripéties fictionnelles inventées par le journaliste et que James Mason va intégrer à son incarnation fascinante du malade : égocentrisme et mégalomanie, emprise tyrannique sur son entourage, passion pour le shopping (excellente scène des robes) et pour la nourriture, comportement professionnel aberrant, déprime, etc. Nicolas Ray et James Mason dressent un portrait singulièrement effrayant des conséquences de ce nouveau traitement (à l’époque) combinant l’étonnante composition de l’acteur, aux réactions aussi incohérentes que changeantes, et le talent de mise en scène du cinéaste, un maître du cadrage en Scope et un artiste de la colorimétrie, chaque couleur saturée du Technicolor étant mise à profit pour exprimer allégoriquement ses idées. Toute l’intrigue est fondée sur l’incommunicabilité entre les divers protagonistes et sur une critique non déguisée du modèle idéalisé de la société américaine dont la cortisone semble venir à bout comme si le traitement rendait le professeur clairvoyant ! Ses diatribes éloquentes contre l’éducation, la religion et la famille sont autant de bombes lâchées sur l’American Way of Life tant brocardée par Nicholas Ray. Si le film est parfois un peu trop exalté à la limite du mélodrame, en particulier avec le jeu juste mais larmoyant de Barbara Rush et le stéréotype du copain bienveillant joué par Walter Matthau, la vision sans fard de Nicolas Ray imprègne chaque scène dont plusieurs, rageuses à la violence contenue, resteront mémorables (rapports du père et du fils qui deviennent exacerbés avec l’allusion au sacrifice d’Isaac). Et cette noirceur qui envahit le film aura du mal à se dissiper malgré un final optimiste qui semble bien artificiel. Ce film étonnant, qui ne trouva pas son public à sa sortie, mérite d’être apprécié : typique du cinéma de Nicholas Ray, Derrière le miroir est assurément l’un de ses drames tourmentés les plus emblématiques.

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition globale, texture cinéma conservée, belle compression (peu de fourmillement), contraste bien maîtrisé, étalonnage homogène, colorimétrie à la palette chatoyante et aux tons saturés, pas de défaut

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Son : mixage anglais monophonique clair (le film disposait d’un mixage stéréo sur 4 pistes magnétiques à sa sortie), dialogues bien équilibrés avec les ambiances et la musique, pas de souffle appuyé ou de distorsion, spectre aigu limité ; VF ancienne plus caverneuse