Marie Madeleine : les Évangiles féminisés (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Ce biopic biblique raconte l'histoire de Marie, une jeune femme en quête d'un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l'époque, Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth. Elle trouve rapidement sa place au cœur d'un voyage qui va les conduire à Jérusalem.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Mary Magdalene
• Support testé : blu-ray
• Genre : biopic biblique, drame
• Année : 2018
• Réalisation : Garth Davis
• Casting : Rooney Mara, Joaquin Phoenix, Chiwetel Ejiofor, Tahar Rahim, Ariane Labed, Denis Ménochet, Lubna Azabal, Tchéky Karyo
• Durée : 1 h 59 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,20/1
• Sous-titrage : français, arabe, allemand, italien, néerlandais, norvégien, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais - DTS 5.1 français, allemand, italien, espagnol
• Bonus : les acteurs (2 mn 30) - le tournage (1 mn 58) - copie digitale du film
• Éditeur : Universal Pictures Video

Commentaire artistique

Avec son film Marie Madeleine, Garth Davis a clairement souhaité donner sa vision de cette figure si particulière du Nouveau Testament tantôt interprétée comme une pécheresse repentie, tantôt comme un apôtre féminin, premier témoin clé de la Résurrection. Ce personnage singulier, femme dans une société patriarcale, a été accaparé autant par l’église que par les mouvements d’émancipation. Sa perception a été biaisée par des siècles d’assimilation entre les diverses Marie de l’évangile, Marie Madeleine, la prostituée, Marie de Béthanie, sœur de Lazare et Marie, la mère du Christ. Ces confusions volontaires, édulcorant l’approche christique des femmes, ont laissé libre-court aux interprétations les plus triviales telles que La Dernière tentation du Christ (1988). Le film de Garth Davis, cinématographiquement référencé par son tournage à Puglia et Matera en Sicile, sites admirables où Pasolini réalisa son chef-d’œuvre L’Évangile selon Saint-Mathieu (1964), bénéficie d’une lecture modernisée du personnage et de la décision papale de définir Marie Madeleine comme « l’apôtre des apôtres ». Surfant sur ce renouvellement fondamental, les scénaristes ont brodé une interprétation très libre du personnage, puisant aussi bien dans les textes canoniques que dans les évangiles apocryphes, pour faire de Marie Madeleine, sous les traits graciles de Rooney Mara, une femme « libérée » qui abandonne son clan et qui va suivre Jésus, présentée comme comme un disciple solitaire qui se tient à l’écart des apôtres masculins. Cette émancipation très actuelle éloigne le film du péplum biblique « fidèle » et propose une vision orientée d’auteur : avec une pondération doublé d’un fort esthétisme, Marie Madeleine est un film d’acteurs choisis pour servir le propos du cinéaste plus que pour incarner des personnages réalistes. Joaquin Phoenix compose ainsi un Christ accablé qui semble subir les événements tandis que la délicate Rooney Mara, moteur de l’histoire, peine à convaincre de sa légitimité de femme ayant grandie sur les rives du lac de Tibériade, même si des deux acteurs sont par ailleurs remarquables ; parmi les apôtres, Chiwetel Ejiofor, Pierre, Tahar Rahim, Judas et Denis Ménochet, Daniel, créent la surprise dans ce casting éclectique. Cultivant l’allégorie plus que la reconstitution archéologique, Marie Madeleine est un film (quasi) sans action superbement filmé en Sicile par Greig Fraser : ce parti pris de l’esthétisme ésotérique tend à brouiller la compréhension en impliquent une connaissance minimale de l’évangile censée suppléer aux surprenantes ellipses scénaristiques qui escamotent les miracles, les romains et autres opposants à Jésus. Bien trop épuré, allusif et bienveillant, le film de Garth Davis capte difficilement l’attention : un exercice de style, plus lénifiant qu’exaltant, qui échoue à proposer une lecture contemporaine de l’Évangile selon une vision universelle qui parviendrait à réconcilier la tradition patriarcale avec la réhabilitation féministe.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition sur les visages et les détails (costumes, accessoires, paysages siciliens), superbe contraste même en basse lumière, étalonnage lumineux et chaud, colorimétrie naturaliste et délicate, teintes nuancées parfois froides, tons réalistes, compression sans faille

Son : mixage anglais 5.1 clair, dialogues centrés dynamiques, spatialisation ample et profitant aux ambiances (nature, foule) et à la belle partition symphonique d’Hildur Guðnadóttir et Jóhann Jóhannsson, surrounds et LFE très efficaces ; VF moins convaincante et moins aérée