Men of Honor : une attente insupportable (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

En mars 1918, la compagnie C de la British Army Infantry du Capitaine Stanhope va prendre son tour de garde de six jours dans les tranchées, près de Saint-Quentin. Dans cette guerre de position qui s'éternise, les Allemands s'apprêtent à lancer l'assaut de la dernière chance. Malgré l'imminence de la bataille, les officiers et leur cuisinier rêvent de bonne chère. Raleigh, jeune officier frais arrivé de l'école, a fait le voyage pour rejoindre son ami Stanhope, amoureux de sa sœur, devenu un homme sombre, dévoré par l'alcool et l'angoisse. Alors que le piège va se renferme, ces hommes vont devenir des frères d'armes et des héros anonymes au cœur des tranchées …

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• Titre original : Journey’s End
• Support testé : blu-ray
• Genre : guerre, historique
• Année : 2017
• Réalisation : Saul Dibb
• Casting : Sam Claflin, Asa Butterfield, Paul Bettany, Toby Jones, Tom Sturridge, Stephen Graham, Alaïs Lawson, Andy Gathergood
• Durée : 1 h 43 mn 36 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais, français - Dolby Digital 5.0 anglais, français
• Bonus : présentation du film (5 mn 23) - Beyond the tenches, Making of (1 mn 47) - interviews des acteurs Sam Claflin (5 mn 41), Asa Butterfield (3 mn 47) et Paul Bettany (5 mn 08), du réalisateur Saul Dibb (9 mn 38) et du scénariste Simon Reade (7 mn 11) - La grande Histoire : les grandes périodes de la guerre 14-18, par l'historien Jean-Yves Le Naour, Musée de la Grande Guerre de Meaux (7 mn 32) - bandes annonces VF (2 mn 21) et VO (2 mn 21)
• Bonus exclusifs au blu-ray « Spécial Centenaire »: Mars 1918, contexte historique et chronologie de l'Offensive du Printemps, par les historiens Philippe Nivet et Jean-Yves Le Naour, Historial de Péronne (40 mn 16) - les tranchées vues du ciel, parcours de mémoire par drone (5 mn 49) - la Mission Centenaire, par Alexandre Lafon, Conseiller historique (11 mn 07)
• Éditeur : Swift Productions

Commentaire artistique

Le scénario de Simon Read adapte une pièce de théâtre de Robert Cedric Sherriff de 1928, « Journey’s End » (qui a donné son titre original au film) dans laquelle le dramaturge dépeint ses personnages à l’image des vrais soldats qu’il avait côtoyés à la guerre en mars 1918. La pièce, jouée par Laurence Olivier, sera adaptée une première fois au cinéma par James Whale en 1930 avec Colin Clive dans le rôle principal du capitaine Stanhope. La nouvelle version réalisée par Saul Dibb renouvelle l’adaptation en cherchant à immerger le spectateur dans l’ambiance étouffante et angoissante des tranchées, une réussite qui s’explique par le soin méthodique à les reconstituer sous la forme de décors authentiques en plein air (Ipswich dans le Suffolk et au Pays de Galles) : le film parvient à simuler la claustrophobie et le stress permanent vécus par les poilus de la Somme. Comme indiqué à l’écran, le récit se passa au moment de l’offensive de printemps en mars 1918 à Saint-Quentin qui, débutée à 4 h 30, se soldera par 700 000 morts : on pourra en savoir plus grâce aux copieux bonus de cette édition blu-ray du Centenaire. Men of Honor n’est pas un film directement sur les affrontements mais décrit avec justesse la tension extrême que la perspective de l’offensive inéluctable fait peser sur le moral et la psychologie des six personnages principaux. Cette attente insoutenable révèle à la fois les failles et les grandeurs de chaque protagoniste, officiers ou simples soldats, et contribue à les réunir dans la confraternité du devoir et du sort tragique qui les attend. En marge de sa critique manifeste de l’absurdité de la guerre (quelle qu’elle soit) et des milliers de vies sacrifiées inutilement, Men of Honor analyse les conséquences effrayantes de la tension permanente vécue par ces soldats. Le stress post-traumatique subi par le capitaine Stanhope, interprété par Sam Clafin, est à ce point de vue exemplaire : brillant, posé et équilibré dans le civil, Stanhope sombre dans l’alcoolisme et l’autoritarisme arbitraire. L’évocation impressionnante de la vie dans les tranchées doit beaucoup à la conviction des acteurs, tous britanniques, qui se sont investis dans l’incarnation de leurs personnages, notamment Asa Butterfield, Paul Bettany et Toby Jones, au souci constant du détail minutieux et à l’efficacité de la mise en scène de Saul Dibb qui a su ménager un réel suspense du « temps suspendu » et rendre palpable la tragédie et l’horreur de la situation. Remarquable et instructif. Dommage que le film de James Whale (1930), toujours inédit en France, n’ait pas été inclus dans le coffret…

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition avec beaucoup de piqué dans les détails, une superbe gestion des contrastes et des éclairages limités (nombreuses scènes à la lumière des bougies), bonne compression sur les images difficiles (aube, fumées), étalonnage tirant vers les magentas évitant une colorimétrie trop moderne, tons saturés et chauds, palette chromatique nuancée

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Son : mixage anglais 5.1 en DTS-MA, clair et très dynamique, dialogues centrés bien équilibrés, spatialisation subtile de l’atmosphère sonore des tranchées et déchaînement des ambiances dans les séquences de combat, immersion totale avec tirs et explosions sur tous les surrounds, LFE costauds et très efficaces ; la VF soignée manque de crédibilité en nivelelant les dialogues clairement plus contrastés en VO