Saint Jack : portrait codé d’un souteneur (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Dans les années 1970, Jack Flowers est un Américain déraciné à Singapour où il dirige une maison close avec un ami comptable. Pourtant, le proxénète doit se heurter à la colère de la pègre locale chinoise, mécontente de son succès, au moment même où la CIA lui propose d'ouvrir un autre bordel uniquement réservé aux soldats en permission, de retour de la guerre du Vietnam…

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• Titre français : Jack le magnifique
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1979
• Réalisation : Peter Bogdanovich
• Casting : Ben Gazzara, Denholm Elliott, James Villiers, Joss Ackland, Rodney Bewes, Mark Kingston, Lisa Lu, Monika Subramaniam, Judy Lim, George Lazenby, Peter Bogdanovich
• Durée : 1 h 54 mn 50 s
• Format vidéo : 16/9 (1,78/1)
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA monophonique 1.0 anglais, français
• Bonus : entretien avec Peter Bogdanovich (20 mn 02) - Souvenirs de Saint Jack, entretien avec certains membres de l'équipe du film (2009, 32 mn 29) - Splendeurs dormantes à l'aube, retour en photos sur les lieux de tournage (15 mn 45) - bandes annonces (6 mn 23) - DVD du film - 8 photos instantanées - affiche du film (40 x 60 cm) - 5 planches-contacts - 5 cartes postales
• Éditeur : Carlotta

Commentaire artistique

Ce coffret n° 6 da le collection édition prestige limitée à 2000 exemplaires propose l’édition restaurée du film réalisé en 1979 par Peter Bogdanovich, Jack le magnifique. Le titre original Saint Jack reprend celui du roman de Paul Theroux, à la base du scénario de cette production de Roger Corman : le sujet sulfureux, le quotidien d’un tenancier américain de maison close à Singapour, est édulcoré dans la version écrite remise aux autorités pour pouvoir être tourné sur place : le cinéaste sera interdit définitivement de séjour après la sortie du film. À l’origine, Orson Welles devait assurer la réalisation de ce film qui peint le tableau d’une société peu reluisante régie par l’appât du gain, unique motivation existentielle du proxénète paternaliste que joue admirablement Ben Gazzara. Ponctué par ses rencontres amicales avec un comptable sympathique et touchant, splendidement incarné par Denholm Elliott, l’existence de Jack se borne à vivre l’instant présent, à peine troublée par les représailles d’un gang rival et l’immixtion dans ses affaires d’un représentant cynique de l’Amérique de Nixon (un membre de la CIA) interprété avec placidité par Peter Bogdanovich. Le regard critique de son film est d’une grande acuité et sa vision sans fard sur les résultats néfastes de la politique des USA est évidente, compte tenu des innombrables allusions qu'il dissémine au cours de l’intrigue. Saint Jack ne prend sa réelle dimension qu'au-delà de ses apparences triviales : ce n’est pas juste la description des turpitudes sociales singapouriennes qui sont décrites mais une critique en profondeur de l’hypocrisie ambiante, conséquence des intérêts développés par la diplomatie américaine. Tout le challenge de la réalisation est d’avoir su développer cette analyse décapante dans un film à l’apparence bonhomme avec son héros flegmatique que rien ne semble toucher. La présence de Ben Gazzara, charmant exploiteur de cette société aux relents colonialistes, n’est pas sans rappeler sa prestation dans le film de John Cassevetes Meurtre d’un bookmaker chinois. Filmé efficacement en plans-séquences par Robby Muller, Saint Jack possède toute l’intensité d’un tournage en décors authentiques et l’efficacité d’une mise en scène virtuose d’une surprenante simplicité narrative : un film exigeant dont la compréhension est loin d’être immédiate et qui se révèle caractéristique du cinéma de son auteur.

Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master restauré HD, image précise avec une belle définition, excellent contraste, étalonnage lumineux, colorimétrie réaliste aux teintes nuancées, pas de défaut et compression sans faille

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Son : mixage monophonique anglais 1.0 clair et dynamique, bien équilibré, sans distorsion ni défaut ; VF claire et soignée mais voix trop présentes