Le Cuirassé Potemkine : le chef-d’œuvre soviétique en haute définition (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(5/5).
Synopsis :
Le 14 juin, pendant la Révolution russe de 1905, l'équipage du cuirassé Potemkine refuse de manger de la viande avariée : la révolte est menée par Vakoulintchouk qui est assassiné à bord. Son corps est présenté à terre à Odessa où la foule, qui vient lui rendre hommage, se fait massacrer par les soldats de la garde impériale…
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• Titre original : Bronenosets Potyomkin (Броненосец «Потёмкин)
• Support testé : blu-ray
• Genre : historique, drame, muet
• Année : 1925
• Réalisation : Sergueï M. Eisenstein
• Casting : Aleksandr Antonov, Vladimir Barsky, Grigori Aleksandrov, Ivan Bobrov, Mikhail Gomorov, Aleksandr Levshin
• Durée : 1 h 08 mn 45
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,25/1 Noir et Blanc (sauf le drapeau coloré en rouge)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 musique : bande-son originale réorchestré de Edmund Meisel - DTS-HD MA 2.0 bandes sons modernes : Del Rey & The Sun King + Zombie Zombie
• Bonus : Le cuirassé Potemkine, version sonore allemande de 1930 (49 mn 13) - L'utopie des images de la révolution russe (88 mn 13) - Sur les traces du Cuirassé Potemkine à propos de l'histoire du film et sa restauration (2007, 42 mn 20) - Naissance d'un cinéma révolutionnaire de Luc Lagier (2008, 17 mn 15) - Survivances et antécédents du Cuirassé Potemkine (2018, 10 mn 25) - entretien avec François Albera, professeur d'histoire et esthétique du cinéma : Eisenstein avant Potemkine (21 mn 33), analyse du film (27 mn 51), les différentes versions du film (20 mn 21) - DVD du film et bonus
• Éditeur : Potemkine et MK2
Commentaire artistique
Longtemps banni des pays européens où il était considéré comme une incitation à répandre le communisme, le film Le Cuirassé Potemkine est unanimement considéré comme un chef d’œuvre du 7e Art. Il constitue désormais une référence absolue, largement étudiée et analysée (cf., bonus), et la séquence de l’escalier est un modèle de mise en scène en scène enseigné dans les écoles de cinéma. C’est en 1925, soit vingt ans après les faits, que le jeune Sergueï M. Eisenstein, 27 ans, qui avait démontré son savoir-faire avec son premier long-métrage La Grève (1924), reçoit la commande étatique d’un film destiné à célébrer la Révolution de 1905, considérée comme annonciatrice de la Révolution d'octobre. Filmé sur place à Odessa sur un cuirassé de remplacement, le Potemkine ayant été détruit en 1922, Le Cuirassé Potemkine, composé de cinq actes, doit la beauté de sa photographie au talent d’Eduard Tissé et de Gregoire Popov et la maestria de son traitement au brio de Sergueï M. Eisenstein qui porte à leur apogée ses expérimentations sur l’art du montage. Le cinéaste, pressé par le temps car il ne dispose que de quatre mois de tournage, concentre son éloge de la Révolution de 1905 dans l’unique épisode de la mutinerie. Il scénarise son film dans un souci de symboliser la détermination populaire contre la noirceur du régime tsariste, en usant habilement des plans larges et de gros plans, de diagonales et de mouvements de foule, et imagine, dans cet esprit, la fameuse scène des escaliers même si celle-ci ne repose sur aucun fait historique réel (elle sans doute inspirée du massacre de janvier 1905 à Saint-Saint-Pétersbourg). Cette séquence mythique influencera durablement les cinéastes du monde entier et on ne compte plus le nombre de citations et d'allusions identifiables dans des longs métrages.
Outre la version sonorisée allemande de 1930, curieuse et peu convaincante, présente en supplément sur le blu-ray, le film en haute définition de cette nouvelle édition pose tout le problème de ses innombrables variantes. Le Cuirassé Potemkine a connu plusieurs états et l’histoire de son négatif est extrêmement compliquée (cf., bonus) puisqu’on dénombre, pour l’instant, 11 versions différentes du chef-d’œuvre ! La version originale présentée au Bolchoï de Moscou le 24 décembre 1925 (inédite) est ensuite montrée à Berlin en avril 1926 avec 14 coupes (30 m) censurées et accompagnée par la musique composée par Edmund Meisel (avec l’assentiment d’Eisenstein). En 1930 une version sonorisée avec voix humaines, sons d’ambiance et sans intertitre (donc nettement plus courte) satisfait les autorités nazies. En 1950 la version montrée en URSS est basée sur le négatif coupé en Allemagne mais avec une musique de Nikolaï Krioukov. L’ajout de plans manquants (notés par le réalisateur) aboutie à la version soviétique restaurée par la Mosfilm en 1976 qui nécessite une modification de rythme pour coller à la musique empruntée à Chostakovitch. En 2005, Enno Patalas (décédé en août 2018) du Filmmuseum de Munich, après deux tentatives de restaurations, établit un contretype argentique sans trucage numérique d’excellente qualité, malgré le refus par la Russie d’accès au négatif original. Les plans censurés en Allemagne ont été réintroduits, les intertitres retrouvent leur typographie de 1925, la citation de Trotski (censurée en 1930), la couleur rouge du drapeau du bateau et la musique de Meisel complètent la reconstitution. Il faut souligner que si le montage image est celui de 1925, la musique ayant été écrite pour la version de 1926, il aura fallu l’adapter (arrangement d’ Helmut Imig). Cette version, qui peut être considérée comme « définitive » - voir néanmoins les réserves de François Albera (cf., bonus) - a les honneurs de cette belle édition Steelbook qui, par sa qualité technique et ses suppléments exhaustifs¸ est à la hauteur de ce chef-d’œuvre considéré comme le « meilleur film de tous les temps ». Fascinant et inoubliable.
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Commentaire technique
Image : copie HD, version restaurée en 2005, incroyable netteté globale y compris dans les détails même si les défauts subsistent (rayures, taches blanchâtres, coins assombris) mais qui s’incommodent jamais la vision, belle fluidité et stabilité du cadre honorable (film cadencé à 18/20 i/s), grain de pellicule conservé, contraste étonnamment bon avec des noirs denses et une gamme de gris plutôt homogène
Son : mixage musical 5.1, composition d’Edmund Meisel (1926, réorchestrée en 2005), spatialisation plutôt frontale mais brillante et spectaculaire ; compositions en 2.0 stéréo de Del Rey & The Sun King et Zombie Zombie, également ouvertes et dynamiques mais qui relèvent plus de la création artistique que de l’hommage archéologique
Notre avis
Image : (5/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (5/5)
Packaging : (4/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0015648/
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