Artavazd Pelechian Cinéaste et poète du réel : un maestro du montage (en DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Artavazd Pelechian, arménien et cinéaste soviétique, est l’auteur de treize films découverts en Occident dans les années 90. Son style singulier mélange les images d’archives et les vues faites souvent au téléobjectif, l’absence de commentaire étant remplacée par la musique et les effets sonores. Le DVD réunit 7 de ses films documentaires inédits.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Au Début : essai questionnant, cinquante ans après, l’influence de la Révolution d’Octobre sur le XXe siècle, par l’alternance d’images d’archives et de prises de vues réelles.
Nous : un montage alternant images préexistantes et fabriquées, qui composent une lyrique inquiète, d’un humanisme vibrant, où les regards succèdent aux visages, où le peuple arménien semble résister à toutes les blessures…
Les Habitants : une volée d’oiseaux, des bruits de fusils : les relations entre la nature et l’humain sont questionnées par un vibrant poème cinématographique.
Les Saisons : glissades à flanc de montagne sur des traîneaux de paille, brebis égarées dans un torrent bouillonnant, Pelechian et sa caméra se laissent emporter par une ronde de la vie menée par les bergers arméniens
Notre siècle : une méditation sur la conquête de l’espace, les mises à feu qui ne vont nulle part, le rêve d’Icare encapsulé par les Russes et les Américains, le visage des cosmonautes déformés par l’accélération, la catastrophe imminente...
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Fin : dans un mouvement contemplatif, des visages de voyageurs du train Moscou-Erevan se diluent par le montage, se mêlant aux paysages qui filent derrière les vitres.
Vie : ode à la vie, à la nature et à l’humain, ce film explore la symbolique de la naissance d’un enfant, la douleur physique, l’émotion et les premières perceptions
• Titre français : Au Début - Nous - Les Habitants - Les Saisons - Notre siècle - Fin - Vie
• Titre original : Natcalo ou Skisb - Menk - Obitateli - Tarva Yeghanaknère - Nach Vek - Konec ou Vertch - Kiank ou Zizn’
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire
• Année : 1967, 1969, 1970, 1975, 1993, 1994
• Réalisation : Artavazd Pelechian
• Casting : gens de Russie et d'Arménié
• Durée : 90 mn 39 (mn 8 mn 21 - 25 mn 19 - 8 mn 46 - 28 mn 50 - 5 mn 40 - 8 mn 11 - 6 mn 32)
• Format vidéo : 4/3
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc sauf Les Habitants en 2,35/1 Noir et Blanc, Notre siècle 1,33/1 colorisé en bleu et Vie 1,33/1 couleurs
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique musique et sons - LPCM 2.0 monophonique musique et sons (Notre siècle)
• Bonus : aucun
• Éditeur : Films sans Frontières
Commentaire artistique
Malgré la piètre qualité technique de certains films, le programme proposé sur ce DVD mérite largement la vision : découvrir la presque totalité du travail « documentaire » d’Artavazd Pelechian, c’est accéder à une conception très singulière du genre et apprécier un jalon majeur dans la grande Histoire du 7e Art. Le cinéaste, né en Arménie lorsque son pays était soviétique, nous donne lui-même le mode d’emploi : « Dans mes films, il n’y a pas de travail d’acteur, et ils ne présentent pas de destins individuels. C’est là le résultat d’une option dramaturgique et de mise en scène consciente. Le film repose pour sa structure compositionnelle sur un principe précis, sur le montage audiovisuel sans aucun commentaire verbal ». En effet s’appuyant à la fois sur des images d’opérateurs officiels et sur ses propres tournages, l’artiste documentariste joue avec maestria de toutes les ficelles du montage, juxtaposant séquences au rythme échevelé et savantes répétitions, jouant de plans fixes et d’accélérés, afin de susciter la sidération du spectateur, saisi par la puissance du rythme et le lyrisme du spectacle au potentiel émotionnel prodigieux. Il faudra avoir été abasourdi par le tourbillon visuel de Nous, Les Habitants ou Fin pour bien comprendre le brio avec lequel Artavazd Pelechian use du langage cinématographique et envoûte son public par la « simple » magie du montage. Et pour sublimer ses courts et moyens métrages, le cinéaste n’a besoin d’aucun dialogue ou de commentaire : la bande sonore de ses films est aussi savamment travaillée que son montage visuel, lui ajoutant une dimension épique et affective fascinante. Dans Les Saisons, son plus beau film, il livre une magnifique vision de la vie des bergers en Arménie : le son travaillé du tumulte des flots, des grondements des troupeaux et la musique virevoltante qui accompagne les extraordinaires descentes de meules de paille sur des pentes vertigineuses ne peut laisser indifférent : d’ailleurs pas un des sept films présentés qui ne soit construit sur l’émotion et sur la transcendance ! Excellence d’un cinéaste qui affirmait ainsi sa conception du cinéma : « Dans mes films, l’image se trouve du côté du son et le son du côté de l’image », une singulière approche de son œuvre qualifiée de cinéma « non-parlant » ou l’image et le son sont indissociables. Un travail incroyable sur la dilation du temps et de l’espace transposé par le mouvement et par une dextérité technique accomplie dans le rendu de l’expressivité. Du très grand art !
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Image : copie et définition SD, qualité variable selon les films avec du très mauvais, Au début est à peine regardable (contraste maxi, image sans gradation, zéro détail) aux meilleurs, nets et sans défaut majeur, bien contrastés comme Les Saisons ou Notre siècle colorisé en bleu sans excès ; la copie 2,35/1 de Les Habitants est au format 4/3 et issue d’un enregistrement sur bande vidéo avec les défauts visuels inhérents
Son : mixage monophonique, musique et effets sonores, très dynamique, avec des défauts sporadiques et un bruit de fond appuyé, le spectre est limité dans les aigus
Notre avis
Image : (3/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (0/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/name/nm0670784/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|