L’Île mystérieuse + Jason et les Argonautes : pour les nostalgiques de la stop-motion à l’ancienne (en Blu-ray et DVD)
Note artistique globale : 
(3,5/5)
Synopsis
L’Île mystérieuse : Pendant la guerre de Sécession, lors du siège de Richmond, le capitaine Cyrus Harding, prisonnier des Confédérés, réussit une spectaculaire évasion en ballon en compagnie de deux soldats, Herbert Brown et Neb, et du journaliste Gideon Spilett. Mais le ballon est piloté par un soldat rebelle…
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Jason et les Argonautes : Pour reconquérir le royaume dont son demi-frère a usurpé le trône, Jason se lance dans la quête de la Toison d'Or. À bord de l'Argos dans lequel embarquent les meilleurs marins et guerriers, il met le cap sur une terre lointaine et dangereuse d'accès. S'il bénéficie de l'aide de certains dieux de l'Olympe, d'autres, par contre, dressent devant lui des créatures et monstres qui défient l'imagination : des squelettes encore très vivants, un titan de bronze, des harpies, un dragon a sept têtes…
• Titre original : Mysterious Island
• Support testé : blu-ray
• Genre : aventure, fantastique
• Année : 1961, 1963
• Réalisation : Cy Enfield, Don Chaffey
• Casting : (1) Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom, Beth Rogan, Percy Herbert, Dan Jackson (2) Todd Armstrong, Nancy Kovack, Gary Raymond, Nigel Green, Laurence Naismith, Niall MacGinnis, Michael Gwynn, Douglas Wilmer, Jack Gwillim, Honor Blackman
• Durée : 1 h 40 mn 51 - 1 h 43 mn 55
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 (en « Dynarama » et « Superdynamation »)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais - DTS-HD MA 2.0 français
• Bonus L’Île mystérieuse : Les Chroniques de Ray Harryhausen narrées par Leonard Nimoy (1997, The Ray Harryhausen Chronicles, 55 mn 36, réalisé par Richard Schickel) - L’Île mystérieuse, featurette (9 mn 08) - galerie de photographies (1 mn 23) - bande annonce (2 mn 41) - DVD du film
• Bonus Jason et les Argonautes : Jason et les Argonautes - De la mythologie au cinéma, entretien avec Michel Eloy, spécialise du péplum (35 mn 12) - deux bandes annonces d’époque du film (4 mn 28) - huit spots TV (3 mn 08) - Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux, documentaire de Gilles Penso (2011, 93 mn 06) - le livre de 152 pages écrit par Marc Toullec - DVD du du film
• Éditeur : Sidonis Calysta
Commentaire artistique
L’Île mystérieuse Note artistique : (3/5)
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
« L’île mystérieuse » publié en 1875, treizième roman des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne, est conçu comme une suite de « Vingt Mille lieues sous les mers » (1869-1870). L’intention de l’auteur est d’étudier les comportements d’un groupe de naufragés sur une île : tout en s’inspirant du modèle imaginé par Daniel Defoe, il s’en démarque en imposant à ses héros une débrouillardise liée à la connaissance scientifique, en développant une réflexion sur la part animale qui peut ressurgir en l’homme dans ses conditions et en faisant intervenir le capitane Nemo, archétype de la misanthropie. Lorsqu’on revoit la version de Cy Enfield sortie en 1961, on mesure l’appauvrissement de l’intrigue (déjà passablement modifiée dans la version de 1929 réalisée par Lucien Hubbard et carrément délirante dans le serial de Spencer Gordon Bennet de 1951), des relations entre les personnages et de leurs attitudes : le scénario ne conserve en effet que les éléments basique du récit (ile déserte, naufragés, Nemo, volcan) pour servir de trame à une aventure fantastique dont les séquences (crabe monstrueux, abeilles géantes, poulet préhistorique démesuré, sorte de poulpe gigantesque) en stop-motion de Ray Harryhausen restent aujourd’hui les seuls motifs de revoir ce film daté. Manifestement l’intérêt économique, faire un film peu onéreux, et surfer sur le fantastique, absolument absent chez Jules Verne, ont conduit à la production de cette version de L’Île mystérieuse trahissant les ambitions du romancier malgré la présence du Nautilus et de son capitaine : reste un film d’aventures de série B qui ne devrait satisfaire que les nostalgiques du stop-motion à l’ancienne, les jeunes spectateurs étant nourris de films aux effets spéciaux largement supérieurs. D’ailleurs Ray Harryhausen était conscient de la faiblesse des trucages visuels (Matte Painting, caches et contre-caches, dessins animés) pas assez réalistes qui créent une chute spectaculaire de qualité dans la belle photographie de ce film tourné à Benidorm en Espagne. Heureusement l’énergie communicative des séquences d’action est magnifiée par la partition épique de Bernard Herrmann qui, à elle seule, suffit à recommander la vision du film.
Jason et les Argonautes Note artistique : (3,5/5)
Contrairement à L’Île mystérieuse qui avait déçu Ray Harryhausen, Jason et les Argonautes était, selon lui, l’un de ses meilleurs films auquel il consacra beaucoup de temps et d’énergie. Si le mythe de Jason et de la Toison d’or est malmené (cf., bonus avec Michel Eloy) pour licence artistique par les scénaristes Jan Read et Beverley Cross qui se sont inspirés des « Argonautiques » d’Apollonios de Rodes, les séquences en stop-motion sont parmi les plus emblématiques et les plus réussies du maître du genre, excellemment servies par la réalisation aguerrie de Don Chaffey, un tournage extérieure en Italie (dont le temple de Paestum) et la splendide partition de Bernard Herrmann qui « s’autocite » sans scrupule pour notre plus grand plaisir. Ray Harryhausen s’est surpassé et se paye le luxe de distancer son chef-d’œuvre reconnu, Le Septième voyage de Sinbad (1958) ! Si Jason et les Argonautes continue d’exercer sa fascination c’est parce que, contrairement à d’autres films similaires, il combine très habilement la tension dramatique d’un péplum captivant et la parfaite intégration des scènes fantastiques à effets spéciaux. Ce cocktail d’une efficacité redoutable n’a pas pris une ride et l’on suivra avec plaisir - même si on est habitué aux stupéfiants SFX numériques actuels - le voyage sur l’Argo et les aventures extraordinaires de Jason et de ses compagnons. La casting n’est pas en reste : si Todd Armstrong qui joue Jason (et dont la voix sera doublée par Tim Tuner) ne possède qu’un charisme limité et peu d’ardeur au travail (Don Chaffey le traitait de « branleur »), que Nigel Green surprend en Hercule et que les dieux mâles de l’Olympe semblent bien réservés (Niall MacGinnis en Zeus et Michael Gwynn en Hermès), la charmante Honor Blackman (future James Bond Girl) interprétant Héra et la sculpturale Nancy Kovack incarnant Médée sont plutôt attirantes sans négliger la composition par Gary Raymond d’Acaste, le vilain du récit et parfait fourbe. Film haut en couleur, splendidement photographié par Wilkie Cooper, Jason et les Argonautes continue d’émerveiller par ses trouvailles qui ont marqué les esprits dans les années 60 : le mémorable géant de bronze Talos (clin d’œil au film Le Colosse de Rhodes), l’emprisonnement des harpies, l’intervention de Triton (un nageur expérimenté Bill Gudgeon) pour empêcher les rochers de broyer l’Argo (la reconstitution du bateau sera vendue pour le tournage de la bataille d’Actium dans le Cléopâtre de Joseph Mankiewicz !), la lutte contre l’Hydre de Lerne (un casse-tête pour animer les sept têtes) suivie par le magistral combat (quatre mois de tournage) contre les sept squelettes issus de la créature. Le charme opère toujours, voire encore plus si l’on appartient à cette frange de spectateurs nostalgiques ayant découvert le film dans les années 60 ! Fiasco à sa sortie, avant de devenir un film culte, Jason et les Argonautes est devenu un modèle inspirant pour de nombreux cinéastes. Flanqué d’un ouvrage conséquent sur Ray Harryhausen, le film de Don Chaffey possède désormais son édition française de référence.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
L’Île mystérieuse
Image : copie HD, nouveau master restauré, très belle définition y compris sur les gros plans (tournage en 35 mm) avec une légère granulation, en revanche dans les séquences à effets spéciaux le piqué chute considérablement et les surimpressions ne sont pas discrètes, excellent contraste, étalonnage lumineux, colorimétrie chaude aux tons saturés, image propre sans défaut
Son : mixage anglais 5.1 très dynamique, dialogues clairs, pas de distorsion, la spatialisation n’est guère probante hormis sur la musique splendide de Bernard Herrmann tout en restant assez frontale et mettant en valeur la voix off de la narration ; version anglais mono originale tout aussi dynamique ; VF datée très artificielle et moins bien équilibrée
Jason et les Argonautes
Image : copie HD, nouveau master, belle définition générale, détails et textures précisément restitués avec néanmoins un grain plus fort et une définition plus atténuée dans les séquences en stop-motion, étalonnage chatoyant, colorimétrie chaude aux teintes vives et aux tons nuancés, défauts nettoyés
Son : mixage 5.1 anglais, dynamique, dialogues clairs, timbres un soupçon métalliques, spatialisation qui profite surtout à la partition de Bernard Herrmann mais aussi sporadiquement à certaines ambiances naturelles, notamment marines (clapotis des vagues) ; la VO originale mono est tout aussi énergique et équilibrée ; la VF datée avec du souffle est trop artificielle
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus :L’Île mystérieuse (3/5) - Jason et les Argonautes (4/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb
L’Île mystérieuse : https://www.imdb.com/title/tt0055207/
Jason et les Argonautes : https://www.imdb.com/title/tt0057197/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|