La Fiancée des ténèbres : un petit bijou de fantastique à la française (en Blu-ray)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Sylvie est convaincue de sa malédiction et mène une vie sans espoir dans la sombre demeure de son père adoptif, à Carcassonne. Un jour, elle rencontre Roland, un jeune compositeur de musique, et décide de fuir avec lui. Mais son père, à la recherche du secret des Cathares, la persuade de renoncer au monde pour retrouver, dans les souterrains, le sanctuaire des Albigeois. Le culte cathare confère un cadre presque fantastique à ce drame sentimental.
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• Titre original : La Fiancée des ténèbres
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame, fantastique
• Année : 1945
• Réalisation : Serge de Poligny
• Casting : Pierre Richard-Willm, Jany Holt, Fernand Charpin, Édouard Delmont, Line Noro, Pierre Palau, Gaston Gabaroche, Robert Dhéry, Simone Valère
• Durée : 1 h 32 mn 05
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus HD 2019 : À propos de La Fiancée des ténèbres, analyse du film par Nicolas Stanzick, directeur de L'Intégrale Midi-Minuit Fantastique (33 mn 08) - Existe-t-il un cinéma fantastique français ? par François Gaillard, réalisateur (8 mn 02), Sylvain Perret, fondateur du webzine 1kult.com (8 mn 24), Stéphane Bouyer, « Le Chat qui fume » (5 mn 21) et Bruno Terrier, « Metaluna Store » (3 mn 10)
• Éditeur : Gaumont Films
Commentaire artistique
Excellente initiative de rééditer en haute-définition La Fiancée des ténèbres, un très beau film fantastique français en noir et blanc réalisé par Serge de Poligny durant l’Occupation et la Libération. Le scénario et les dialogues sont de Gaston Bonheur qui adapte sa nouvelle « La mort ne reçoit que sur rendez-vous » (parue dans « Paris-Soir, Toulouse » en 1943) avec l’aide de Jean Anouilh et Henri Calef. Le sujet est typique de la veine fantastique dans laquelle le cinéma français fut contraint de se réfugier pour exister sans s’attirer les foudres de la censure allemande des officiers chargés de surveiller les tournages. Ces conditions difficiles expliquent sans doute que le film ne soit pas un chef-d’œuvre du genre mais, en l’état, il constitue un excellent divertissement surnaturel à l’égal du film précédent de Serge de Poligny Le Baron fantôme (1943), avec Alain Cuny, Jean Cocteau et déjà Jany Holt, et digne des titres emblématiques de la période : Les Visiteurs du soir (1942), La Main du diable (1943) et L’Éternel retour (1943). On comprend que l’étonnante référence à l’hérésie cathare de La Fiancée des ténèbres ait été un sujet idéal pour se déconnecter de la morosité ambiante et des thèmes prohibés tandis que les fortifications photogéniques de Carcassonne offraient un cadre suggestif à cette intrigue romanesque chargée de mystères (il est question d’un manuscrit indiquant une chapelle secrète et de la quête du Graal), d’occultisme et de malédiction. Il ne faudra pas déplorer l’artificialité des scènes filmées aux Studio de Saint-Maurice dans des conditions compliquées (coupure de courant) et avec un budget restreint : il faudra même s’en réjouir puisqu’elles accentuent le caractère féerique du conte initiatique imaginé par le surréaliste Gaston Bonheur (qui s’inspira de figures locales : François-Paul Alibert, Joë Bousquet, Déodat Roché), et pour lequel Manuel Mirouze écrira une « Symphonie Albigeoise ». Outre l’intérêt de contempler la cité de Carcassonne en 1945, d’apprécier le jeu plutôt nuancé de Pierre Richard-Willm, la prestation attachante de Jany Holt et l’abattage de Fernand Charpin, La Fiancée des ténèbres fascine par son intrigue romanesque et par son atmosphère mélodramatique séduisante. Le blu-ray permettra d’apprécier les éclairages calculés et les cadrages évocateurs de Roger Hubert capable de passer du contraste appuyé des architectures nocturnes aux images aériennes et lumineuses de la seconde partie poétique (fête à Tournebelle) filmée à la Renoir (de face, objectif large ouvert et enduit de glycérine) dixit François Chalais (10 mars 1945) qui décontenança tant les spectateurs de 1945 et solda l’échec de cette fable ésotérique ! Avec le temps, La Fiancée des ténèbres a gagné l’intérêt nostalgique d’un cinéma fantastique hexagonal né dans des conditions bien particulières tout en affirmant plus nettement sa complexité culturelle. Un délire « romantico-philosophique » comme le qualifiait Gaston Bonheur qui mérite vraiment d’être (re)découvert.
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Commentaire technique
Image : copie HD, propre et stable, sans défaut majeur, définition variable, parfois excellente, parfois peu accusée, excellent contraste, noirs francs, échelle de gris homogène
Son : mixage monophonique français, clair mais affecté par un bruit de fond persistant très peu gênant, haut du spectre limité, dialogues clairs, musique à la dynamique parfois un peu trop poussée
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : 
(3,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0204319/
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