Carmen Jones : Bizet revisité avec brio par Otto Preminger (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Jacksonville durant la Seconde Guerre Mondiale. A la caserne militaire locale est couplé un atelier de confection de parachutes où travaille la volcanique Carmen Jones. A la suite d'une violente altercation entre la jeune femme et l'une de ses collègues, le caporal Joe, futur élève pilote, reçoit l'ordre de son sergent de prendre la route pour Masonville afin d'y remettre Carmen aux autorités civiles. Mais la Jeep s'embourbe dans une mare. Là, Joe succombe aux charmes de la séductrice, laquelle prend la fuite après une nuit de passion, non sans lui avoir confessé qu'elle l'aimait.
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• Titre original : Carmen Jones
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame musical
• Année : 1954
• Réalisation : Otto Preminger
• Casting : Dorothy Dandridge, Harry Belafonte, Olga James, Pearl Bailey, Joe Adams, Nick Stewart, Brock Peters, Roy Glenn, et voix chantées, Marilyn Horne, LeVern Hutcherson, Marvin Hayes
• Durée : 1 h 43 mn 44
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,55/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais
• Bonus : bande annonce Hollywood Legends (2 mn 55) - Dorothy Dandridge dans la peau de Carmen par Antoine Sire, écrivain (26 mn 07) - Dans la même collection.
• Éditeur : ESC Éditions et MOVinside
Commentaire artistique
« Carmen », célèbre opéra que Gorges Bizet avait composé d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, n’a pas cessé de fasciner : en 1943, il est adapté à Broadway en comédie musicale afro-américaine contemporaine par Oscar Hammerstein II sur une musique arrangée par Robert Russell Bennett. À son tour, et c’est donc un quatrième niveau d’adaptation de la nouvelle, Otto Preminger réalise Carmen Jones, en 1954. Le cinéaste, qui n’aime pas la version pseudo « comédie musicale », préfère s’inspirer directement de Bizet avec un scénario original d’Harry Kleiner et une musique arrangée, façon jazzie, par Herschel Burke Gilbert. Les puristes seront sans doute indignés de constater que l’intensité et la fameuse musicalité hispanisante de l’opéra de Bizet ont été revisitées, la cigarière Carmen devenant une ouvrière dans une usine de parachutes, la corrida un match de boxe et les textes des chants se révélant assez insipides. D’ailleurs le film, quoique présenté à Cannes en 1955, sera interdit de diffusion an France jusqu’en 1981 par une action en justice pour « détournement », intentée par les héritiers des librettistes originaux. Pour incarner Carmen Jones, doublée musicalement par la mezzo-soprano Marilyn Horne, Otto Preminger engage l’actrice et chanteuse Dorothy Dandrigde : son admirable incarnation de la jeune afro-américaine libre au sex-appeal dévastateur en fera la première star noire du 7e Art et elle sera nommée à l’Oscar pour ce film ; plus tard en 1959 dans Porgy and Bess, du même cinéaste, elle prouvera l’étendue de son talent. Joe, amoureux transi de Carmen (Don José chez Bizet) sera un des premiers grands rôles d’Harry Belafonte, acteur-chanteur doublé ici par LeVern Hutcherson. Joe Adams, qui joue le boxeur Husky Miller (équivalent du toréador Escamillo), est également doublé par Marvin Hayes : seules Olga James pour Cindy Lou (Michaëla) et Pearl Bailey pour Frankie (Frasquita) chanteront elles-mêmes leurs partitions. Situé dans le Sud-Profond mais tourné en studio en Californie, Carmen Jones bénéficie de la maîtrise de mise en scène d’Otto Preminger qui a su utiliser au mieux l’ampleur du Cinémascope, la virtuosité des chorégraphies d’Herbert Ross et les atouts dramaturgiques de l’intrigue pour réaliser les magnifiques scènes d’action (réfectoire, train, match de boxe). Ouvrant sur le premier générique conçu par Saul Bass (une rose qui se consume), Carmen Jones réussit pleinement à harmoniser l’histoire dramatique et la musique enfiévrée bien que l’orchestration du film soit moins exubérante que la musique de Bizet. Le tour de force réside dans le passage réussi de l’atmosphère hispanisante de Mérimée/Bizet vers celle, toute aussi typée, d’une société afro-américaine noire durant la Seconde Guerre Mondiale. C’est tout la patte d’un grand cinéaste qui s’exprime avec brio en offrant à Carmen Jones un traitement unique, à la fois lyrique et dramatique, qui rend ce film si singulier. Avec maestria, il excelle dans sa direction d’acteur, sublimant à l’extrême la passion du duo Carmen/Joe savamment exprimée dans des attitudes plus que suggestives défiant la censure, et profite de l’ampleur des mouvements de caméra concoctés par le directeur de la photographie Sam Leavitt. Carmen Jones, un des rares films hollywoodiens à la distribution uniquement afro-américaine, marque un jalon majeur dans la carrière d’Otto Preminger : c’est son dernier film avec un studio, quoique Darryl F. Zanuck de la Fox lui ait laissé carte-blanche, puisque dorénavant il réalisera ses films suivants, en indépendant, sur des thèmes de moins en moins « politiquement corrects ».
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Commentaire technique
Image : copie HD, nouveau Master, format 2,55/1 respecté (pas en 2,35/1 comme indiqué sur la jaquette), définition correcte avec un léger grain (tournage en 35 mm) avec un piqué moyen sur les détails du aux déformations inhérentes au Cinémascope 55, excellent contraste, étalonnage chatoyant et lumineux, colorimétrie chaude aux teintes vives et aux tons saturés, image propre débarrassée de ses défauts et compression sans faille
Son : mixage anglais 5.1 (issu du mixage cinéma sur 4 pistes magnétiques), manque nettement de puissance mais dialogues et chants très clairs avec spatialisation frontale des voix qui suivent le déplacement des acteurs avec quelques variations d’intensité, ouverture arrière, la quatrième piste magnétique au cinéma, très peu discernable (match de boxe), bonne dynamique et spectre étendu, pas de distorsion, léger souffle
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0046828/
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